Tautogramme

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Un tautogramme (du grec ancien ταυτό, « le même », et γράμμα, « lettre ») est un texte dont tous les mots commencent par la même lettre.

Sommaire

[modifier] Historique

Louis de Jaucourt, qui définit le tautogramme dans l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers[1], parle de poèmes et de vers tautogrammes, appelés aussi « vers lettrisés », et donne en exemple deux poètes allemands néo-latins : Johannes Placentius, auteur d'un Pugna porcorum de 253 vers en 1546, et Christianus Pierius, auteur d'un Christus crucifixus de 2 000 vers en 1708. Louis de Jaucourt cite également le moine bénédictin Hucbald de Saint-Amand, qui présenta à Charles le Chauve un poème tautogramme en l'honneur des chauves[2]. Selon Jean Lescure, des vers quasi-tautogrammes furent composés par Ennius, un poète de la République romaine[3].

Au XXe siècle, le tautogramme a été popularisé en français par l'Oulipo pour devenir un exercice ou un jeu littéraire applicable aussi bien à la prose. L'auteur peut choisir d'enfreindre la règle pour un nombre très restreint de mots[4] ou de ne l'appliquer qu'aux substantifs. Pour Gabriel Brunet, le tautogramme pur est difficilement réalisable en français[5].

[modifier] Exemples

  • « Mazarin, ministre malade, méditait même moribond malicieusement mille maltôtes. »
— Louis de Court, Variétés ingénieuses, ou Recueil et mélange de pièces sérieuses et amusantes, 1725.
  • « Dans la zone zoologique, bon zigue, zizagait l'ouvrier zingueur, zieutant les zèbres mais zigouillant plutôt les zibelines. »
Jean Lescure, Z'ai nom Zénon.
  • « Voilà ! À première vue je ne suis qu'un vulgaire comédien de vaudeville, à qui les vicissitudes de la vie font jouer le vilain et la victime et vice-versa. Ce visage, n'est pas que le vil reflet de ma vanité mais un vibrant vestige de la vox populi aujourd'hui vacillante et vaincue. Vous devez y voir, les vieux restes d'une vexation vieillissante aussi vive que vivante et vouée à vaincre cette vermine vulgaire vivace virulente et vénale qui vivote en privant ces valeureuses victimes vaincues de la vérité et des vraies valeurs ! Le seul verdict que je vois est la vengeance. Une vendetta violente brandi tel un ex voto et non en vain visant à faire vaincre la vertu face à cette vilenie lovée dans les veines de nos villes. Ces vagues vocales faisant de moi un ventriloque vosciférant ces volutes verbales, revenons-en à l'essentiel. Je suis honoré de vous rencontrer alors pour vous, je serais V.»
— Discours prononcé par V dans le film V pour Vendetta

[modifier] Références

  1. Texte en ligne : [1]
  2. Hucbald de Saint-Amand, Carmen de laude calvorum domini Hugbaldi ad Carolum imperatorem anno Domini octingentesimo octuagesimo. 161 vers traduits en français (mis en prose) par Isidore Desilve en 1875 sous le titre Le Poème admirable d'Hucbald à la louange des chauves, chez G. Giard, Valenciennes.
  3. Jean Lescure, Tautogramme in La Littérature potentielle par l'Oulipo.
  4. On parlera alors plutôt de « quasi-tautogramme ».
  5. Gabriel Brunet, Poétique curieuse, À l'Étoile, 1936, cité par Hervé Le Tellier dans son Esthétique de l'Oulipo.
    Attention : Pas de Gabriel Brunet sur le catalogue BNF. Je pense qu'il s'agit en fait de l' ouvrage de Gabriel Peignot, édité par Brunet et disponible sur gallica [2] --

[modifier] Lien interne

wikt:

Voir « tautogramme » sur le Wiktionnaire.

[modifier] Liens externes