Sitar

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Le sitar est un instrument de musique indien à cordes pincées. C'est un luth à manche long, symbole de la musique indienne, créé d'après la légende par Amir Kushrau, au XIVè siècle. Cette simple version à trois cordes dérivée du tambur perse, devait recevoir au fil des siècles des aménagements. Au XVIIIè siècle une quatrième corde fut ajoutée, puis au XIXè siècle, les tarafs, cordes sympathiques, et la forme imposante, pour jouer dans les durbar, les Cours des rois.

[modifier] Lutherie

Gravure à l'eau-forte représentant un homme jouant du sitar.
Gravure à l'eau-forte représentant un homme jouant du sitar.

Composé d'une caisse de résonance hémisphérique en gourde (tumba) et d'un large manche creux (taillé dans du tun ou du teck), muni de frettes courbes et amovibles, sur l'arrière duquel est fixé un petit résonateur en bois, le sitar est un luth complexe. Il dispose en effet de deux chevalets, dont le principal (sur pied et audessus de l'autre) est plat, permettant le buzz caractéristique (jawari) des instruments indiens. De multiples influences lui ont ajouté les cordes de bourdons rythmiques cikârî, comme sur le bîn, puis des cordes sympathiques. Enfin, c'est un instrument très décoré, par des appliques d'os ou d'ivoire sur le manche, et des bas reliefs sur les résonateurs. Des petites perles permettent aussi un accord fin.

Ratna Rahimat Khan fit évoluer la forme générale de l'instrument, adaptant des résonateurs en calebasse plus gros que d'accoutumée et des cordes plus graves qui lui permettaient des âlâps plus proches de ceux joués sur le bîn, instrument plus grave.

Ce type de sitar comporte 13 cordes sympathiques accordées selon les notes du râga, 3 cordes de jeu (MA SA PA) accordées pour permettre le jeu sur 3 octaves, une quatrième qui permet des effets sur une quatrième octave basse (kharaj). Enfin trois cordes de bourdon rythmique (cikârî) sont accordées sur la tonique aiguë. C'est l'instrument joué par Ravi Shankar.

Ustad Imdad khan a développé un sitar plus petit, conçu pour la virtuosité. Il n'atteint plus l'octave basse (kharaj) et il ne dispose que de 11 cordes sympathiques. Ses cordes de jeu sont accordées en MA SA GA øA et ses deux cordes de rythme sont en SA. C'est l'instrument joué par Vilayat Khan.

[modifier] Jeu

Démonstration de sitar à Islamabad, Pakistan
Démonstration de sitar à Islamabad, Pakistan

On en joue assis en tailleur par terre, l'instrument calé sous le coude droit, repose par terre (parfois sur le pied). Comme la guitare flamenco, il se tient à l'oblique (et non droit ou couché comme la tampura). Le sitariste use d'un onglet de métal (mezrab) sur l'index droit pour pincer les cordes. Il le fait en posant d'abord son pouce sur le bas du manche, juste en haut de la calebasse principale. Puis dans un mouvement de va et vient (à la manière de son ancètre le setar) il joue alternativement les cordes principales et rythmiques.

Il existe bien des techniques d'ornement (comme les krintans) spécifiques. Le petit doigt de la main gauche caresse aussi parfois les cordes sympathiques. La technique évolue encore aujourd'hui.

Il est le principal instrument du Khyal, musique hindoustani classique de l'Inde du Nord.


Durant les années 1960-70, l'intérêt marqué par l'occident pour la spiritualité de l'Inde s'étend au domaine musical. Le mouvement psychédélique en particulier intègre progressivement les sonorités asiatiques et le sitar fait son apparition sur les albums des plus grands groupes de musique populaire du moment (notamment, les Rolling Stones ou les Beatles). En témoigne la compilation en plusieurs volumes Electric Psychedelic Sitar Headswirler.

La musique indienne connait dès lors un certain engouement, en particulier aux États-UnisRavi Shankar apparaît dans des festivals rock (notamment celui de Monterey en 1967). Aujourd'hui, une nouvelle génération de sitaristes se produit en Inde, au Pakistan, et dans des pays comme le Canada et les Étas-Unis.

[modifier] Sitaristes reconnus