Siège de Candie

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Siège de Candie
Représentation de Candie assiégée vers 1667
Informations générales
Date 1648-1669
Lieu Actuelle Héraklion, (Crète)
Issue Victoire de l'Empire ottoman, occupation de la Crète
Belligérants
Empire ottoman République de Venise
Commandants
Fazil Ahmet Köprülü Francesco Morosini
Conquête ottomane de la Crète
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Le siège de Candie est un épisode de la conquête de la Crète par les Ottomans. Il oppose les Vénitiens, alors maîtres de l'île, à l'Empire ottoman de 1648 à 1669. Long de vingt et un ans, le siège de Candie est considéré comme le plus long de l'histoire.

Sommaire

[modifier] Prélude

Aux XVe siècle et XVIe siècle, l'Empire ottoman poursuit son expansion dans la Mer Égée. Rhodes tombe en 1522, en 1537, Venise perd ses possessions de Morée, Nauplie et Malvoisie. Chios tombe en 1556[1], en 1570, les Turcs débarquent à Chypre que le Pape Pie V tente de sauver, en vain. Suite à l'attaque d'une galère turque par des chevaliers de l'Ordre de Malte, le Sultan tient les Vénitiens pour responsables, en particulier parce que la ville de Candie abrite les Chevaliers maltais. Entre 1645 et 1648, l'ensemble de la Crète tombe sous domination ottomane, à l'exception de quelques places dont Gramvoussa, Spinalonga, Souda et Candie, l'actuelle Héraklion.

[modifier] Le siège

Le siège de Candie débute en mai 1648. Emmenés par Deli Hussein[2], les Turcs installent leur camp 7km à l'ouest de Candie[3]. Les premiers assauts ont lieu le 2 juillet 1648 et sont repoussés par les Vénitiens. Candie était jusqu'à présent alimentée en eau depuis les sources d'Aghia Irini par un aqueduc: les Turcs détruisent cet aqueduc et assiègent totalement la ville, coupant la route aux Vénitiens vers l'intérieur des terres. Seule la voie maritime leur reste ouverte[3].
Au cours des six premiers mois de siège, les Turcs perdent 20 000 hommes[4]. Cependant, jusqu'en 1666, le siège de Candie semble au point mort. En guerre dans les Balkans, l'Empire ottoman n'est pas en mesure d'apporter davantage d'aide aux assiégeants de Candie[5]. Dans le même temps, l'affaire commence à prendre une dimension européenne. Venise insiste auprès des grandes puissances européennes pour qu'elles interviennent dans le conflit. L'Espagne fournit du blé et donne 154 000 realia et 8 navires de guerre. En 1660, Mazarin envoie le Prince Almerigo d'Este et 4 000 hommes afin de reprendre La Canée; une expédition qui tourne court et qui voit la destruction des villages crétois ayant soutenu les forces françaises. Une épidémie de peste aggrave un peu plus la situation et entraîne la mort de d'Este à Paros.

En août 1664, la paix de Vasvar soulage la Porte du front des Balkans et peut désormais venir en aide aux troupes de Crète[6]. Le vainqueur des Allemands et des Autrichiens à Neuhaüsel, le Grand vizir Fazil Ahmet Köprülü prend la tête des opérations le 3 novembre 1666[7].
Une nouvelle force vénitienne doit aussi être envoyée en Crète, sous le commandement du général français du Marquis de Ville. Sa présence n'apporte pas de réels changements, Venise envoie par la suite Francesco Morosini[8] provéditeur et futur doge. Au cours des 3 dernières années de siège, les toutes dernières technologies de l'époque sont mises à l'essai dans les deux camps.
Au printemps 1667, 64 galères transportant 40 000 Turcs du Péloponnèse débarquent en Crète[9],[10]. La ville est alors bombardée quotidiennement.
Au cours du siège, la désertion est largement encouragée par les Turcs. Köprülü aurait dépensé 700 000 pièces d'or à cette tâche. En novembre 1667, le colonel Andreas Barotsis déserte et passe du côté turc, leur indiquant les points faibles des fortifications de Candie. C'est probablement l'évènement décisif du siège[11].

Des troupes continuent d'affluer en provenance de toute l'Europe: 600 Français le 2 novembre 1668, décimés lors d'un unique assaut contre les Ottomans le 16 décembre, 2 000 soldats du Saint Empire romain germanique, 4 000 hommes du Duc de Hanovre, 200 du grand maître de l'ordre Teutonique, 900 Italiens sont envoyés par Venise, 2 500 le 16 mai 1669, 6 000 Français le 16 juin commandés par François de Vendôme[12] qui trouvera la mort lors du siège , puis 1 300 Strasbourgeois et Bavarois. Malgré ce flux régulier de renforts, la mésentente entre les commandants occidentaux empêche une réelle amélioration de la situation.

[modifier] Prise de la ville

Le départ des troupes françaises (16 au 20 août 1669) précipite la tenue de négociations entre Morosini et les Turcs en vue de la reddition de la ville[13]. Les négociations débutent à la fin du mois d'août et durent une vingtaine de jours, jusqu'au 16 septembre 1669. Les hostilités cessent alors immédiatement, et les Vénitiens ont douze jours pour évacuer la ville[14]. Le traité autorise la population chrétienne à quitter la ville avec tout ce qu'elle peut emmener[14]. Ainsi, le 27 septembre, la ville est presque vidée de sa population. Une partie de la population s'est réfugiée sur l'îlot de Dia, à quelques encablures de Candie, avant de s'embarquer vers d'autres îles de la mer Ionienne ou de l'Égée[15].
Le coût humain du siège est important. Les sources turques feraient état de 137 116 Turcs tués dont 25 000 janissaires et 15 pachas. Mais désormais, la présence vénitienne en Crète se limite à trois ports: Gramvoussa, Souda et Spinalonga[16].

[modifier] Références

[modifier] Bibliographie

  • (en)Molly Greene, Shared World: Christians and Muslims in the Early Modern Mediterranean, Princeton University Press, 2002
  • Jean Tulard, Histoire de la Crète, PUF, 1979 (ISBN 2-13-036274-5)
  • (en)Theocharis E. Detorakis History of Crete, Iraklion, 1994
  • Pierre Daru, Histoire de la République de Venise, F. Didot Frères, 1821

[modifier] Notes

  1. Tulard J., op. cit., p.106
  2. M. Greene, op.cit, p.18
  3. ab Detorakis, op.cit, p.237
  4. P. Daru, op. cit, tome V, p.46
  5. Detorakis, op.cit, p.238
  6. P. Daru, op. cit, tome V, p.84
  7. Detorakis, op.cit, p.239
  8. P. Daru, op. cit, tome V, p.87
  9. Detorakis, op. cit, p.240.
  10. Pour J. Tulard, p.108, Köprülü dispose alors de 80 000 hommes
  11. Detorakis, op.cit, p.241
  12. Pierre Daru: Histoire de la République de Venise 1853 page 214
  13. P. Daru, op. cit, tome V, p.118-121
  14. ab P. Daru, op. cit, tome V, p.122
  15. Detorakis, op.cit, p.243
  16. P. Daru, op. cit, tome V, p.123

[modifier] Articles connexes