Shehita

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Description d'une shehita
Description d'une shehita

La shehita ou she'hita (héb. שחיטה shəḥiṭta) désigne l'abattage rituel des animaux, mammifères et oiseaux, selon la manière prescrite par la loi juive sur base de la Torah[1] L'acte est réalisé en passant un couteau très effilé par la gorge de l'animal et en explusant le sang. L'abattage selon le rite musulman se déroule selon une procédure assez similaire.

L'animal doit être abattu avec respect, et en pensant à la vie de l'animal, par un shohet (héb. שחט shōḥéṭ, "abatteur", plur. shohetim) certifié par un rabbin ou une cour de justice juive, sous la supervision d'un mashguiah. Seule la viande abattue par un sho'het est considérée comme propre à la consommation.

L'abattage peut se faire dans diverses positions; lorsque l'animal est étendu sur le dos, la she'hita est dite she'hita mouna'hat.

Les Juifs désireux de consommer la chair d'un animal abattu doivent en outre retirer les veines et la graisse[2] et les tendons [3] selon une procédure bien établie, le nikkour a'horaïm[4].


Sommaire

[modifier] Débats sur la shehita

[modifier] En Europe

Les normes européennes prévoient un étourdissement pre-mortem de l'animal[5], ce qui est interdit dans la loi juive.

Cependant, et en vertu de l'article 9 de la Convention européenne des droits de l'homme, qui défend la liberté de pensée, de conscience et de culte, qui inclut entre autres le respect des rites et pratiques pour autant qu'ils n'enfreignent pas la loi et sont nécessaires dans une société démocratique, la directive 93/119/CE, un régime de dérogation pour l'abattage rituel, a été mis en place dans certains pays de la communauté européenne. Elle n'est cependant pas universellement appliquée. L'abattage rituel est donc, selon les pays et l'époque, plus ou moins interdit ou toléré en vertu du respect de la liberté de culte:

  • la Norvège (depuis 1930), la Suède (depuis 1938), l’Islande, la Suisse (depuis 1893), n’autorisent aucune dérogation, mais permettent son importation de l'étranger, à un prix plus élevé. La Suisse restreint en outre cette autorisation à la seule communauté israélite.
  • l'Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et le Danemark ont jusqu'à présent toléré la pratique, mais cette exemption est remise en cause.
  • En France[6] et en Belgique, les associations de protection animale comme l’OABA (Œuvre d'Assistance aux Bêtes d'Abattoirs) tentent de sensibiliser l’opinion afin de faire cesser ces pratiques, mais sans succès jusqu’ici.
  • l'Espagne, l'Irlande et l'Italie appliquent la directive 93/119/CE sans débat public[7].

Si l'interdiction totale de la viande casher en Europe n'est pas d'actualité, il pourrait en revanche se produire à moyen terme une forte augmentation des prix freinant cette consommation. En effet, suite à la recrudescence des épidémies concernant le bétail européen ces dernières années, les associations de consommateurs exigent de plus en plus de traçabilité sur toutes les viandes. Elles insistent ainsi, notamment, sur le fait de voir apparaître en toutes lettres sur l'étiquette selon quel rite l'animal a été abattu[8]. Or, le nikkour a'horayim (prélèvement du nerf sciatique et du suif) n'étant actuellement pas pratiqué, la moitié arrière de l'animal, considérée comme impropre à la consommation par la communauté israélite, est revendue de façon anonyme dans la filière classique, ce qui selon un rapport remis par le COPERCI (COmité PERmanent de Coordination des Inspections : Inspection générale de l'Administration, Inspection générale de l'Agriculture, Conseil général vétérinaire) en septembre 2005, représente « une part non négligeable[9]. »

Ces parties étant les plus onéreuses car les plus tendres et recherchées[10] du bœuf, leur coût influence fortement celui de la viande : si les consommateurs étaient informés de leur provenance, et que certains boudaient la viande pour cette raison, son prix chuterait et le prix de la viande kascher augmenterait en proportion. C'est pourquoi les abattoirs israélites refusent avec force, selon la OABA, la mise en place d'un tel système de traçabilité[11].

[modifier] Notes et références de l'article

  1. Deut. 12:21, Deut. 14:21, Nomb. 11:22
  2. Mishneh Torah Kedousha, Nourritures interdites 8:1
  3. ibid. 6:1
  4. JewishEncyclopedia.com - PORGING
  5. European Convention for the Protection of Animals for Slaughter
  6. droit des religions.net
  7. http://www.inra.fr/esr/publications/cahiers/pdf/bergeaud.pdf
  8. Viandes Halal ou casher, les consommer sans le savoir
  9. Tromperie du consommateur et souffrance des animaux
  10. Montreal Kosher
  11. page 12 sur 19 Réflexion sur l'abattage rituel

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes