Shegué

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Les enfants et adolescents de la rue, à Kinshasa en République démocratique du Congo sont appelés les Shegué. D'autres orthographes, phonétiquement semblables, sont connues et utilisées, comme Chegué ou Shege (en lingala). On retrouve depuis quelques années des shegués dans plusieurs grandes villes congolaises, dont Lubumbashi.

Beaucoup de familles, désespérées par la pauvreté, poussent ou abandonnent leurs enfants dans la rue. Les shegués sont avant tout des enfants des rues. Cependant, leur réputation en fait assez souvent des voleurs ou des jeunes de très mauvaise fréquentation Pourtant plusieurs d'entre eux ne demandent qu'à exercer un petit métier et aspirent à une vie ordinaire : cireurs de chaussures, vendeurs ambulants...

Même parvenu à l'âge adulte, un shegué continue d'être appelé shegué.

Sommaire

[modifier] À Kinshasa

Ils sont présents dans toutes les communes de Kinshasa long de 100 km, aux abords des marchés, des grands centres commerciaux et des arrêts de bus etc. Contrairement au Burundi, où les enfants de la rue sont apparus avec la guerre, au Congo Kinshasa, les shege sont un phénomène de société, caractérisé par une crise endémique et structurelle qui date depuis 1980 et qui n’est pas jusqu’ici près de se terminer. On estime actuellement le nombre de ces enfants jusqu'à 200.000 dont 10 à 15.000 à Kinshasa.

[modifier] Enfants accusés de sorcellerie

Le phénomène des enfants des rues s'est accru depuis la fin des années 1990 avec le développement et la multiplication d'églises indépendantes dites « de réveil ». De nombreux pasteurs voient dans plusieurs enfants des démons ou le diable, et les parents, proches ou éloignés, à l'écoute des prédicateurs, chassent les jeunes de chez eux[1].

[modifier] Tentatives d'éradication par différents gouverneurs

Les différents gouverneurs de Kinshasa, entre 2001 et 2006, ont tenté d’éradiquer le phénomène notamment par la force. Ainsi Christophe Muzungu a lancé l’opération « Arrêtez les enfants abandonnés » (Kanga vagabonds), le gouverneur Kimbembe a recruté certains pour nettoyer les rues de la ville.

Lors de l'élection présidentielle de 2006, de nombreux shegués, alors qu'ils étaient traditionnellement acquis à Étienne Tshisekedi, ont soutenu le candidat malheureux Jean-Pierre Bemba. Ainsi, plusieurs shegués, armés, ont combattu l'armée lors des troubles du 11 novembre 2006, puis en mars 2007 lors du démantellement de la force armée privée de Jean-Pierre Bemba. En parallèle de l'armement des shégués, l'insécurité est montée dans les quartiers populaires de la capitale (Victoire, Yolo...) ou certains shégués ou voleurs n'hésitaient plus à sortir une arme à feu pendant la journée. Le successeur au poste de gouverneur de Kinshasa, le général Liwanga a tenté d'arrêter les shégués et de les envoyer au Katanga et au Kivu pour travailler dans les champs, bien que le travail forcé soit interdit par le code du travail congolais. Ces rafles peuvent avoir envoyé, par erreur, travailler dans les champs des personnes qui n'étaient pas sheguées.

[modifier] Travail des ONG

Un travail de fond dans les familles à l'origine de ces abandons est également entrepris par quelques ONG en RDC comme la Fondation werrason, l'Orper ou KimVision,l'OSEPER (Oeuvre de Suivi, d'Education et Protection des Enfants de la Rue)ou d'autres, pour tenter d'apporter des solutions durables à ce fléau.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Référence

  1. Article Esther, « enfant-sorcier » à Kinshasa, sur Afrik.com

[modifier] Liens externes