Seppuku

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Scène de seppuku (reconstitution) - XIXe siècle.
Scène de seppuku (reconstitution) - XIXe siècle.

Seppuku (切腹, ou argotiquement Hara-kiri 腹切り) est un suicide rituel et honorable d'origine japonaise. Traditionnellement, il se fait dans un temple en s'ouvrant l'abdomen avec un tantō (sabre japonais le plus court), ce qui libère l'âme (voir l'article seika tanden). La forme traditionnelle consiste en une ouverture de haut en bas et une dans la largeur. Il existe une version moins honorable (et moins douloureuse) dans laquelle un ami (kaishaku ou kaishakunin) coupe la tête pour une mort instantanée.

Le seppuku était traditionnellement utilisé en dernier recours lorsqu'un guerrier estimait un ordre de son maître immoral et refusait de l'exécuter. C'était aussi une façon de se repentir d'un péché impardonnable, commis volontairement ou par accident. Plus près de nous, le seppuku subsiste encore comme une manière exceptionnelle de racheter ses fautes, mais aussi pour se laver d'un échec personnel.

En japonais, hara kiri (腹切り) est un terme argotique — littéralement, « se couper le ventre ». Le terme correct pour un suicide honorable est seppuku (切腹).

N'ayant pas le droit de se faire seppuku à la manière des hommes, les femmes nobles et les femmes de samouraïs se tranchaient la carotide avec un tantô après s'être entravé les jambes afin de garder dans la mort une attitude décente. Cette forme de suicide s'appelle jigai.

Sommaire

[modifier] Brève histoire du seppuku

Minamoto no Tametomo aurait été le premier homme et samouraï à pratiquer le seppuku honorable[1], en prenant exemple sur les femmes chinoises : accusées d'avoir enfanté l'enfant d'un autre homme que leur époux, elles s'ouvraient le ventre de désespoir afin de prouver leur fidélité. Minamoto no Yorimasa est le premier dont on a une description détaillée du seppuku : après sa défaite à la première bataille d'Uji en 1180, Yorimasa s'est retiré dans la salle du Phénix du temple du Byōdō-in, a écrit un poème au dos de son étendard, avant de prendre son poignard et de s'ouvrir l'abdomen. Cette façon de procéder a codifié le seppuku.

La pratique du seppuku est indissociable du Bushido, le code d'honneur du guerrier, qui insiste sur sa finalité propre : la mort. Celle-ci ne doit en aucun cas trahir les valeurs morales qui sont celles du samouraï ; aussi la pratique du seppuku est-elle codifiée très précisément. L'acte du suicide honorable ne s'effectuait grosso modo qu'à quatre occasions :

  • à l'issue d'une défaite au combat. Être fait prisonnier ne constituait pas tant un échec qu'un déshonneur, non seulement pour soi mais pour ses compagnons et son maître ; pour éviter de souiller le nom de ce dernier, un samouraï vaincu et sans possibilité d'échapper à l'ennemi, préférait se donner la mort. Ce type de seppuku est rapide et violent, généralement effectué avec un tantō (sabre le plus court) ou un wakisashi;
  • le pouvoir politique du shogun est marqué par les rivalités ; lorsqu'un vassal était amené à critiquer ouvertement le shogun, il pratiquait le seppuku, tout à la fois pour préserver son honneur, et pour attirer l'attention du dirigeant. Ces remontrances sont désignées par le terme de kanshi ;
  • à l'inverse, à partir du shogun Tokugawa, la procédure inverse fut créée, comme une sanction à l'infidélité des vassaux. Une fois encore, le seppuku était l'unique manière d'éviter le déshonneur du clan : il s'agissait donc d'une offre de pitié, le tsumebara ;
  • le seppuku fut enfin l'occasion de suicides de groupe chez les samouraïs, qui par leur mort, rendaient hommage à leur maître en le suivant par-delà l'épreuve de la mort. Le seppuku est donc également le signe du dévouement, le junshi.
Le général Akashi Gidayu s'apprêtant à faire seppuku, Yoshitoshi Tsukioka, vers 1890.
Le général Akashi Gidayu s'apprêtant à faire seppuku, Yoshitoshi Tsukioka, vers 1890.

Hormis dans le cadre du champ de bataille, le seppuku accompagna le raffinement du bushidô et des classes dirigeantes en étoffant le rituel qui lui est encore associé. Le seppuku possède son propre code, qui doit être respecté scrupuleusement, tant par celui qui commet l'acte que par les personnes assistant à celui-ci. En effet, le seppuku n'est absolument pas une pratique solitaire, tout du moins dans le cadre du bushidô ; si le public est restreint et choisi, il est par contre nécessaire. Il a valeur de témoin et d'assistant de la mort du samouraï.

Le samouraï, ayant revêtu un kimono blanc, s'agenouillait face au public, sur un tatami. Il disposait d'un couteau, le tantō, d'encre, d'un pinceau, de feuilles de papier de riz et d'une tasse de saké. Après avoir écrit et lu un waka, enveloppant le tantô d'une des feuilles de papier de riz, il s'ouvrait l'abdomen sur sa gauche, kimono ouvert. Cette partie du ventre représente la conscience dans la tradition bouddhiste. Il remontait alors une première fois, en diagonale ; puis une seconde entaille venait couper la première. Ce Giri no jumonji, terriblement douloureux, était la plupart du temps interrompu par le kaishakunin, un ami du samouraï, qui le décapitait. Chaque shogun avait un kaishakunin officiel pour les tsumebara : c'était un honneur tout particulier pour un samouraï.

L'histoire militaire du Japon est marquée par de très nombreux seppuku ; mais dès lors que les bushi perdirent de leur influence, la pratique fut contrôlée (interdiction du junshi), puis interdite (par le gouvernement Tokugawa à la demande de Nobutsuna Matsudaira en 1663). Les cas épars de désobéissances furent accueillis comme des actes d'autant plus braves par la population japonaise.

À la suite de l'échec d'un Coup d'Etat mené par sa milice privée impérialiste, le Tatenokai, l'écrivain et dramaturge Yukio Mishima, dénonçant le déshonneur du Japon, passe à l'acte en pratiquant un seppuku par éventration (suivi d'une décapitation), dans la matinée du 25 novembre 1970. Son compagnon Masakatsu Morita s'éventre à sa suite. Yukio Mishima, devenu ultranationaliste en 1967, exaltait les valeurs traditionnelles du Japon et le défi du bunburyôdô, la «double voie» qui unifie Lettres et Arts martiaux, l'art et l'action, l'éthique et l'esthétique. Cet acte héroïco-tragique, minutieusement mis en scène, marqua profondément les esprits, stupéfiés : de par la notoriété de l'auteur, de par ses idées alors tabou mais aussi parce qu'aucun seppuku n'avait été pratiqué au Japon depuis l'immédiat après-guerre et que l'épisode fut retransmis à la télévision.

[modifier] Quelques personnalités s'étant donné le seppuku

Japonaises :


Étrangère :

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

[modifier] Fiction

[modifier] Notes et références

  1. Seppuku, kokoro.no.koe.