Rain (chanson)

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Rain
Single par The Beatles
Face A Paperback Writer
Face B Rain
Sortie Royaume-Uni 10 juin 1966
États-Unis 30 mai 1966
Enregistrement les 14 et 16 avril 1966
aux studios Abbey Road
Durée 2:59
Genre(s) Rock
Format 45 tours
Auteur(s) John Lennon et Paul McCartney
Producteur(s) George Martin
Label Parlophone
Singles de The Beatles
Day Tripper/We Can Work It Out (1965)
Eleanor Rigby/Yellow Submarine (1966)

Rain est une chanson des Beatles, principalement écrite par John Lennon avec le concours de Paul McCartney, et publiée en face B du single Paperback Writer. Le disque sort le 30 mai 1966 aux États-Unis, et le 10 juin suivant au Royaume-Uni. Enregistrée durant les sessions de l'album Revolver, Rain est la première chanson à contenir des bandes inversées. Son destin de « face B » d'un 45 tours en fait un titre relativement méconnu, et pourtant remarquable.

Rain paraît en 1988 sur Past Masters, Volume Two, une compilation qui reprend des 45-tours non présents dans les albums officiels du groupe.

Sommaire

[modifier] Composition

Le titre semble être du seul John Lennon, mais Paul McCartney précise qu'il a participé à l'écriture, et que la chanson dans son ensemble résulte d'une collaboration et non du fait de Lennon en solitaire[1]. Ce dernier explique que Rain est « une chanson sur les gens qui se lamentent sans arrêt à propos du temps »[2].

Le critique Steve Turner voit dans Rain les premières références à l'élévation d'esprit, à la capacité à transcender les événements, références qui les années suivantes abondent dans les albums et les déclarations du groupe. Selon Turner, Rain délivre un message visant à expliquer que l'important est l'état d'esprit dans lequel on se trouve (« It's just a state of mind », comme le dit la chanson). Ce message est d'une part caractérisé par une métaphore qui tourne en dérision les gens qui fuient la pluie, comme si leur vie était en jeu (« They might as well be dead »). Ainsi, il suffit de prendre de la distance face aux choses terre à terre de la vie, représentées dans la chanson par la pluie, puisque, scande John Lennon, « Tout est pareil lorsqu'il commence à pleuvoir ». Et d'autre part, le chant récurrent du vers « Je peux vous montrer » (« I can show you ») témoigne d'une évolution dans le rôle que s'attribue Lennon, puisqu'il se pose ici en porte-parole, en montreur de chemin à suivre, plutôt qu'en tant que conteur d'une quelconque histoire d'amour[2].

[modifier] Enregistrement

La chanson est enregistrée les 14 et 16 avril 1966 aux studios Abbey Road, durant les sessions de l'album Revolver[3].

Dans la soirée du 14 avril, après avoir travaillé sur Paperback Writer[4], les Beatles enregistrent cinq prises de la chanson. Le travail reprend le surlendemain dans l’après-midi, pour l’ajout d’overdubs à la prise 5. Ce travail donne naissance à 3 autres prises. Plus que jamais avides d’expérimentations, ils exécutent leurs parties d’accompagnement plus rapidement qu’ils ne l’auraient dû, puis ralentissent la bande[4], ce qui donne une lourdeur particulière à l’ensemble, rendant la basse très profonde et la batterie massive. « La batterie devient une batterie géante. Si vous ralentissez un bruit de pas, ça devient le pas d’un géant, ça ajoute quelques tonnes au poids de la personne. Alors on a obtenu un accompagnement bien gros, bien gras, bien percutant, et on a empilé dessus à vitesse normale, ce qui fait que l’ensemble n’a pas sonné comme un truc qui avait été ralenti, mais ça avait un énorme son. C’était génial, j’ai adoré ça »[1] raconte Paul McCartney. Le même traitement consistant à enregistrer plus vite puis à ralentir la bande est appliqué sur la voix de John Lennon.

Rain est historiquement la première chanson de la musique populaire du XXe siècle où des bandes magnétiques sont passées à l'envers[2], phénomène qui intervient à la fin de la chanson avec le chant de John Lennon. Le crédit de cette trouvaille est incertain. Le producteur du groupe, George Martin, explique qu'il fut à l'origine de cette idée, trouvée alors qu'il travaillait dans les studios après le départ du groupe. John Lennon a une autre version des faits. Une fois rentré chez lui, ce dernier avait accidentellement enclenché à l'envers sur son magnétophone personnel une copie des premiers enregistrements de la chanson, avant de revenir aux studios le lendemain matin tout heureux de proposer cette innovation. En 1980, dans son interview au magazine Playboy, Lennon explique que c'était la marijuana (et non la fatigue, comme il l'avait déclaré en 1966) qui l'avait empêché de savoir vraiment ce qu'il faisait, ce qui l'amène à dire de cette chanson qu'il s'agit « d'un don de Dieu, de Jah en fait, le dieu de la marijuana »[5].

Outre la partie instrumentale, l'inversion concerne le vers « If the rain comes they run and hide their heads », qui est donc devenu « sdaeh rieht edih dna nur yeht semoc niar eht fI », ainsi que les derniers mots de la chanson, rain (« niar ») et sunshine (« enishnus »).

[modifier] Structure musicale

Rain démarre par cinq coups de caisse claire (tatap, tatatap) de Ringo Starr, puis c’est l’intro à la guitare, en sol, accompagnée par la basse dans les aigus. Le morceau déroule ensuite en sol, do et ré sur les couplets (la basse navigue toujours en bas du manche, à l’octave de ces trois notes) avant le refrain « rain, I don’t mind, shine the weather’s fine » tout en sol, dont la signature rythmique est 6/4 (« rain »), 4/4 (« I don't mind »), 6/4 (« shine ») et à nouveau 4/4 (« The weather's fine ») pour enchaîner sur le couplet suivant : une tendance polyrythmique dont John Lennon va devenir de plus en plus friand.

Le refrain semble être joué plus lentement que les couplets, dans une véritable ambiance psychédélique – précurseur en ce sens – mais il est pourtant exécuté au même tempo. L’effet étant produit sur ses douzes mesures (2 fois 6) par le changement de signature rythmique.

Les chœurs arrivent en réponse aux paroles de John Lennon à partir du deuxième couplet, répétant deux fois « when the sun shines down », puis « when the rain comes down » sur le couplet suivant et enfin, « when it rains and shine » sur le dernier couplet. Le refrain est chanté par les deux voix de Paul et John en harmonie : les mots rain, puis shine modulés sur quatre mesures. La fin du morceau est donc ponctuée de ces fameuses lignes inversées de John Lennon sur fond de chœur qui répète « Rain ! ».

La chanson est notamment soutenue par une performance de la section rythmique (basse-batterie) qui fait date. Paul McCartney étale sa virtuosité sur quatre cordes, visitant la gamme de sol majeur à une rapidité ébouriffante. Ringo Starr atteint de nouveaux sommets aux baguettes. Avec le rythme hypnotique de Tomorrow Never Knows, et son jeu foisonnant sur She Said She Said, il est durant ces sessions d’avril 1966 au sommet de son art. Il en est bien conscient : « Ce dont je suis le plus fier, c’est certainement mon travail sur Rain. Je crois que je joue génialement sur ce titre. D’habitude, je tape la caisse claire et le charleston. Je crois que c’est la première fois que j’ai utilisé cette combine de démarrer par un coup sur le charleston au lieu d’attaquer l’un des toms directement. Je crois que c’est ce que j’ai enregistré de meilleur. Rain me stupéfie à chaque fois que je l’écoute. C’est au-dessus du reste. Je me connais, je sais ce dont je suis capable à la batterie et, au-dessus de ça, il y a Rain »[1]. La fin du morceau est d’ailleurs ponctuée par un break rythmiquement très compliqué exécuté par les deux compères dans un « timing » parfait.

[modifier] Le clip vidéo

Klaus Voorman, ami du groupe depuis l'époque de leurs débuts à Hambourg, a conçu les décors du vidéoclip promotionnel pour Rain[6], tourné dans les jardins de Chiswick House à Londres[1]. La vidéo alterne des plans en couleur des Beatles dans les jardins, et quelques scènes prises en noir et blanc, le groupe aux instruments. Des photos prises lors de ces séquences en noir et blanc sont d'ailleurs utilisées pour le verso de la pochette de l'album Revolver[7].

George Harrison introduit ce clip dans la série Anthology avec ces mots : « D'une certaine manière, nous avons inventé MTV »[1]. En fait, le principe du clip existait déjà avec les scopitones, mais ceux-ci n'étaient pas destinés à une diffusion télévisée. Le clip est projeté pour la première fois le 5 juin 1966 au Ed Sullivan Show en même temps que celui de Paperback Writer.

[modifier] Personnel

[modifier] Reprises

Cette chanson a été reprises, entre autres, par Todd Rundgren, Dan Ar Braz, The Allman Brothers Band, Shonen Knife, Grateful Dead, The Jam, U2, Of Montreal, Oasis, etc.

[modifier] Notes et références

  1. abcde (fr) Collectif, The Beatles Anthology, Seuil, 2000 (ISBN 2-02-041880-0), p. 212-214
  2. abc (fr) Steve Turner, L’Intégrale Beatles: les secrets de toutes leurs chansons (A Hard Day’s Write), Hors Collection, 1999 (ISBN 2-258-06585-2), p. 102
  3. Fiche technique de Rain, sur Yellow-sub.net
  4. ab Mark Lewishon, The Beatles Complete Recording Sessions, Hamlyn, 1988
  5. (en) Notes sur Revolver sur The Beatles Interview Database [lire en ligne]
  6. Klaus Voorman est aussi le créateur de la pochette de l'album Revolver, sorti peu après le single.
  7. (en) Notes sur la pochette de Revolver sur Norwegianwood.org [lire en ligne]


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