Rafael Merry del Val

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Cardinal

Rafael Merry del Val
de l’Église catholique
[[Image: Image de Rafael Merry del Val]]
Cardinal-prêtre
de S. Prassede
Blason de Rafael Merry del Val
Naissance 10 octobre 1865
à Londres (Grande-Bretagne)
Ordination
sacerdotale
30 octobre 1888
Consécration
épiscopale
6 mai 1900 par le
card. Mariano Rampolla del Tindaro
Évêque Président de l'Académie pontificale ecclésiastique
Secrétaire de la Secrétairerie d'État
Secrétaire de la Congrégation du Saint-Office
Créé
cardinal
9 novembre 1903 par le
pape Pie X
Décès 26 février 1930
 
Cardinal
Titre cardinalice
Collège cardinalice · Consistoire
Tous les cardinaux
(en) Fiche

Projet Catholicisme · Instructions

Rafael Merry del Val y Zulueta Wilcox (10 octobre 1865 - 26 février 1930) était cardinal de l'Eglise catholique.

[modifier] Repères biographiques

Fils du marquis Rafael Merry del Val, diplomate espagnol, et de Josefina de Zulueta, Rafael Merry del Val est né à Londres le 10 octobre 1865. Il fit ses études à Londres et en Belgique et ressentit très tôt le désir d’être prêtre. En 1885, sur ordre du pape Léon XIII il entra à l'Académie des nobles ecclésiastiques, établissement qui forme à Rome les futurs cadres de la diplomatie vaticane et non au Collège écossais où il était inscrit. Il fit de brillantes études ecclésiastiques et obtint deux doctorats (philosophie et théologie) à l'Université pontificale grégorienne, ainsi qu'une licence de droit canonique.

Léon XIII qui l'avait vite distingué le nomma camérier secret surnuméraire dès l'âge de 22 ans bien qu'il fût encore séminariste et donc pas ordonné prêtre, ce qui lui donna droit au titre de "Monsignor" et d'agrémenter sa soutane de violet. Le pape confia au nouveau Mgr Merry del Val, polyglotte européen accompli, diverses missions de représentation, notamment dans celle de la délégation papale envoyée à Londres à l'occasion du jubilé de la reine Victoria où il accompagna le cardinal Vannutelli qui ne parlait pas anglais.

Le 30 décembre 1888, il est ordonné prêtre par le cardinal Lucido Parocchi, vicaire gérant de Rome et commence une carrière dans la diplomatie pontificale. Il est secrétaire de nonciature en Allemagne et en Autriche-Hongrie (1888-1889) mais revient à Rome rejoindre l'administration pontificale]] en 1891 dans la famille pontificale, entourage des plus proches collaborateurs du pape.

Faisant parti en qualité de secrétaire de la Commission chargée d'étudier la validité des ordinations anglicanes (1896), sa position personnelle fut, tout comme la hiérarchie catholiques anglaise, hostile à leur reconnaissance ; la commission conclut par la négative, à une seule voix de majorité, au motif (encore très discuté) de la rupture de la succession apostolique par modification du rite consécratoire des évêques.

En raison de ses excellentes connaissances linguistiques, il est nommé visiteur apostolique au Canada (1897-1898) où il rencontre les évêques francophones à Montréal et les évêques anglophones à Toronto. Prélat domestique de Sa Sainteté, il est nommé en 1898 consulteur de la Congrégation de l'Index et dès l'année suivante devient président de l'Académie pontificale ecclésiastique, poste qu'il occupera jusqu'en 1903.

A l'âge de 34 ans, il est élu archevêque titulaire de Nicée et le 6 mai 1900 sacré par le cardinal Rampolla, secrétaire d'Etat de Léon XIII. Le pape le choisit de nouveau pour le représenter au couronnement du roi Édouard VII en 1901. A la mort de Léon XIII, il est nommé secrétaire du Conclave (pour remplacer au pied levé Mgr Volpini, secrétaire en titre mort subitement quelques jours auparavant), fonction va réorienter sa carrière ecclésiatique.. En effet, le nouveau pape Pie X qui ne parlait que l'italien, n'était jamais sorti d'Italie, n'avait aucune expérience internationale et ne connaissait rien à la Curie et aux rouages du Saint-Siège insiste pour le garder auprès de lui dès le soir de son élection et le nomme pro-secrétaire d'Etat.

Quelques mois après, novembre 1903, il est créé cardinal prêtre au titre de Sainte Praxède et nommé secrétaire d'État en titre, cumulant cette fonction avec celles de préfet de la Congrégation de Lorette et des Palais Apostoliques. A l’âge de 38 ans, il est le plus jeune secrétaire d'État et cardinal de l'Eglise contemporaine. Il occupa ces fonctions jusqu'à la mort du pape Pie X, qu'il servit pendant tout son pontificat avec une ferveur et un zèle exceptionnels.

Toutefois, la conception moyenâgeuse que le cardinal Merry del Val avait de l'autorité pontificale et sa diplomatie de type médiéval le firent agir avec une intransigeance néfaste et dommageable aux intérêts de l'Église, particulièrement après l'éclat et le prestige universel du pontificat de Léon XIII. Conservateur voire intégriste intransigeant (comme les cardinaux Louis Billot et Gaetano de Laï et tout l'entourage du pape Pie X), Merry del Val traqua les modernistes avec un acharnement implacable, notamment par la création de la "Sodalitium Pianum" (plus connue sous le nom de Sapinière), véritable société secrète de délation et d'espionnage ecclésiastique confiée à son séide Mgr Umberto Benigni avec lequel il correspondait en langage codé (le cardinal était « Georges »). Ernesto Buonaiuti (1881-1946), prêtre italien moderniste excommunié ne vit en lui qu'un "cardinal espagnol énigmatique et sinistre, à la suffisance hautaine et vaniteuse". Le professeur Henri-Irénée Marrou dans la revue Esprit de décembre 1951 évoque "ses manœuvres de basse police conduites dans une atmosphère de mensonge avec un manque de charité déshonorant pour le nom chrétien".

Merry del Val, qui détestait la France et les Français, se distingua notamment pour tout ce qui toucha en France à la Séparation des Eglises et de l'Etat (1904-1906) : il récusa tout accommodement ou négociation et refusa aux évêques le droit de créer des associations cultuelles qui existaient pourtant en Allemagne, laissant ainsi spolier l'Eglise de France qui perdit l’intégralité de son patrimoine (mais y gagna en revanche une liberté d’action qu'elle n'avait jamais connue).

En 1914, à la mort de Pie X, il est immédiatement écarté par le nouveau pape Benoît XV qui ne le garde pas comme secrétaire d'Etat et prend pour le remplacer le cardinal Domenico Ferrata, homme ouvert et habile négociateur. Merry del Val est nommé conjointement archiprêtre de la Basilique vaticane succédant à son rival, le cardinal Rampolla mort au même moment, préfet de la Fabrique de Saint-Pierre et préfet de la Congrégation du Saint-Office le 14 octobre 1914), grand dicastère de surveillance doctrinale qu’il dirigea jusqu'à sa mort. C'était en quelque sorte la revanche des partisans de Léon XIII et de Rampolla car Merry del Val était ainsi relégué dans des postes honorifiques ou administratifs et doctrinaux, sans possibilité d'action ou d'influence concrète sur les grandes orientations et la politique du Saint-Siège. Il continua d’effectuer des missions de représentation comme celle de légat pontifical pour le 7ème centenaire de saint François, à Assise (1920), rôles qu’il remplissait avec éclat.

A la mort du pape Benoît XV en 1922, il recueillit les voix des conservateurs intransigeants au conclave qui élit Pie XI, pape qui le confirma sans ses fonctions mais ne lui en confia pas d’autres. De l’avis général, le cardinal Merry del Val, à la réputation d'ascétisme, était très charitable ; il s’occupa toute sa vie d’un foyer de jeunes Romains défavorisés qu'il avait fondé dans le quartier populaire du Trastévère, allant les visiter tous les jours, jouant au billard, à la balle avec eux ou les confessant.

Merry del Val mourut à Rome, le 26 février 1930, des suites d'une opération liée à une crise d'appendicite et, selon ses vœux, fut enterré dans les grottes vaticanes "le plus près possible de Pie X". Son procès de béatification a été ouvert le 26 février 1953 par le pape Pie XII, à l’instigation du cardinal Nicola Canali, ancien secrétaire particulier et ami intime de Merry del Val. Il a été déclaré « serviteur de Dieu », première des trois étapes menant à la sainteté, mais la procédure est actuellement en panne et a peu de chance de reprendre un jour.

[modifier] Bibliographie

La bibliographie concernant le cardinal Merry del Val, (livres tous hagiographiques en anglais, espagnol, italien, un seul en français) est importante. On pourra consulter deux sources françaises assez peu connues, le tome XIII intitulé "Mission à Rome" de la série "Les Hommes de Bonne Volonté" de l'écrivain français Jules Romains, ouvrage remarquablement documenté où la personnalité du cardinal Merry del Val joue un rôle central, ainsi que les "Paroles françaises et romaines", revue du journaliste Jean de Bonnefon publiée entre 1904 et 1907.

Par ailleurs, le cardinal, musicien et bon pianiste, composa aussi de nombreux motets dont il existe une cassette enregistrée et publiée à Rome dans les années 80.

Une biographie du cardinal Merry del Val, sans complaisance ni compromission, reste à écrire.

  • Buehrle, Marie-Cecilia. Rafael Cardinal Merry del Val. London : Sands and Co., 1957.
  • Censi, Pio. Il Cardinale Raffaele Merry del Va. Rome : Roberto Berrutti, 1933 (900 pages, nombreuses photos).
  • Dal Gal, Girolamo. Il cardinale Merry del Val, segretario di Stato del Beato Pio X. Roma : Edizioni Paoline, 1953.
  • Dalpiaz, Vigilio. Attraverso una porpora. Il cardinale Merry del Val. Torino : R. Berruti, 1935.
  • Javierre, José M. Merry del Val. Barcelona : Juan Flors, 1956.
  • Mitchel, Hary. Le cardinal Merry del Val. Paris-Livres, 1956.
  • Quinn, Sr Mary Bernetta. Give me souls; a life of Raphael Cardinal Merry del Val. Westminster: Newman Press, 1958.