Pie XI

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Pie XI
Pape de l’Église catholique romaine
Image du pape Pie XI
Pax Christi in regno Christi
Armoiries pontificales de Pie XI
Nom de naissance Ambrogio Damiano Achille Ratti
Naissance Desio, 31 mai 1857
Élection
au pontificat
6 février 1922
Intronisation: 12 février 1922
Fin du
pontificat :
10 février 1939
Prédécesseur : Benoît XV
Successeur : Pie XII
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Ambrogio Damiano Achille Ratti naquit le 31 mai 1857 à Desio, dans la province de Milan (Italie). Il fut élu pape sous le nom de Pie XI (en latin, anglais et allemand: Pius XI, en italien Pio XI) le 6 février 1922, et le resta jusqu'à sa mort au Vatican le 10 février 1939.

Il doit son importance à la fermeté avec laquelle il a condamné officiellement les fondements idéologiques du communisme bolchevique puis du racisme national-socialisme dans deux encycliques en 1923 et 1937.

Sommaire

[modifier] Jeunesse et carrière dans la Curie

Ratti naquit dans une famille d'industriels lombards. Il entra en 1867 au séminaire de Seveso, puis de Monza. En 1874, il entra chez les tertiaires franciscains. L'année suivante, il rejoignit le Grand séminaire de Milan. En 1879, il intégra le Collège lombard à Rome. Il fut ordonné prêtre le 20 décembre 1879 à la basilique Saint-Jean de Latran. Il obtint un triple doctorat de philosophie, droit canonique et théologie à la Grégorienne.

[modifier] Érudit

Il rejoignit les oblats de saint Charles Borromée peu après sa nomination comme « docteur » (c'est-à-dire conservateur) de la Bibliothèque ambrosienne, en novembre 1888. Il occupa ce poste jusqu'en 1912. Ses recherches furent tournées vers la vie et l'œuvre de Charles Borromée, ainsi que sur le diocèse de Milan.

En 1907, il devint préfet de l'Ambrosienne, en remplacement d'Antonio Maria Ceriani. Il entreprit un travail de rénovation et de classement de l'antique bibliothèque qui le fit remarquer de la communauté des savants. En 1914, Benoît XV le nomma préfet de la Bibliothèque vaticane, auprès du jésuite Franz Ehrle. Ratti conserva néanmoins la conservation de l'Ambrosienne.

[modifier] Sportif

Doué d'une grande capacité de travail, Ratti était également un grand sportif, connu pour son goût de l'alpinisme. Il a ainsi gravi de nombreux sommets des Alpes : le Cervin, le Mont Rose (septième ascension, par le versant de Macugnaga), le mont Blanc, et réalisé la première traversée du col Zumstein (4452 m), le 1er août 1889. Plusieurs voies portent son nom, notamment l'actuelle voie des Aiguilles Grises sur le Mont Blanc, autrefois dénommée route du Pape. En revanche, les voies Ratti sur l'Aiguille noire de Peuterey ou à la Torre Venezia sont dues à un homonyme, Vittorio Ratti.

[modifier] L’aventure en Pologne

Il devint ensuite, le 25 avril 1918, visiteur apostolique à Varsovie. Lorsque l’État polonais fut reconstitué, il reçut formellement le titre de nonce apostolique, et fut promu archevêque de Lépante. Il mena à bien des négociations diplomatiques et fit preuve d'un grand courage personnel lors du siège de Varsovie par les Soviétiques, en août 1920.

Sa mission s’acheva néanmoins en demi-teinte : il fut nommé haut-commissaire ecclésiastique en Haute-Silésie, région encore soumise à plébiscite. Là, il se conforma aux instructions émanant du cardinal Bertram, archevêque de Breslau, ordonnant aux prêtres polonais de ne pas prendre parti dans le débat, ce qui favorisait le clergé allemand. En conséquence, Ratti fut sévèrement attaqué par la presse polonaise.

[modifier] Archevêque de Milan

En mai 1921, Benoît XV le nomma archevêque de Milan puis, le 13 juin, cardinal. Si son épiscopat resta court (moins d'un an), il déploya une grande activité, en particulier dans le domaine de l'enseignement.

[modifier] Pape

[modifier] Le conclave

Le 6 février 1922, à la mort de Benoît XV, le conclave élut au quatorzième tour le cardinal Ratti. Celui-ci n'était qu'un outsider : le camp conservateur alignait le cardinal Merry del Val, ancien secrétaire d'État de Pie X, tandis que le camp libéral était représenté par Pietro Gasparri. Il accepta la tiare sous le nom de Pie XI et innova en bénissant la foule de la loggia extérieure de la basilique Saint-Pierre.

[modifier] Le rôle de l'Église

Armoiries de Pie XI
Armoiries de Pie XI

Sa première encyclique, Ubi arcano Dei consilio, en date du 23 décembre 1922, constitua un programme de sa future action.

« C’est un fait évident pour tous : ni les individus, ni la société, ni les peuples n’ont encore, après la catastrophe d’une telle guerre [(1914-1918)], retrouvé une véritable paix ; la tranquillité active et féconde que le monde appelle n’est pas encore rétablie. [...] Aux inimitiés extérieures entre peuples viennent s'ajouter [...] les discordes intestines qui mettent en péril [...] la société elle-même.
Il faut signaler en premier lieu cette lutte de classe qui, tel un ulcère mortel, s'est développée au sein des nations, paralysant l'industrie, les métiers, le commerce, tous les facteurs enfin de la prospérité, privée et publique. Cette plaie est rendue plus dangereuse encore du fait de l'avidité des uns à acquérir les biens temporels, de la ténacité des autres à les conserver, de l'ambition commune à tous de posséder et de commander. De là de fréquentes grèves, volontaires ou forcées ; de là encore des soulèvements populaires et des répressions par la force publique, fort pénibles et dommageables pour tous les citoyens.
Dans le domaine de la politique, les partis se sont presque fait une loi non point de chercher sincèrement le bien commun par une émulation mutuelle et dans la variété de leurs opinions, mais de servir leurs propres intérêts au détriment des autres. Que voyons-nous alors ? Les conjurations se multiplient : embûches, brigandages contre les citoyens et les fonctionnaires publics eux-mêmes, terrorisme et menaces, révoltes ouvertes et autres excès de même genre [...].
La tâche qui s'impose avant toute autre, c'est la pacification des esprits. Il y a bien peu à attendre d'une paix artificielle et extérieure qui règle et commande les rapports réciproques des hommes comme ferait un code de politesse ; ce qu'il faut, c'est une paix qui pénètre les cœurs, les apaise et les ouvre peu à peu à des sentiments réciproques de charité fraternelle. Une telle paix ne saurait être que la paix du Christ [...] car il fut le premier à dire aux hommes : Vous êtes tous des frères (Matth. XXIII, 8).
[...] Le retour de la paix chrétienne est impossible hors de ce règne : la paix du Christ par le règne du Christ.  »

Ce programme est complété, d'un point de vue théologique, par les encycliques Quas primas (11 décembre 1925) instituant la fête du Christ Roi et Miserentissimus Redemptor (8 mai 1928), sur le culte au Sacré-Cœur. Il procéda à de nombreuses canonisations, dont celle de Bernadette Soubirous, Jean Bosco, Thérèse de Lisieux, ou encore Jean-Marie Vianney. Il nomma également quatre nouveaux docteurs de l'Église : Pierre Canisius, Jean de la Croix, Robert Bellarmin et Albert le Grand. Il insista sur le rôle de la prière, recommandant les exercices d'Ignace de Loyola dans Mens nostra (20 décembre 1929) ou encore le rosaire dans Ingravescentibus malis (29 septembre 1937).

Il ne montra guère d'intérêt à la question biblique, et donna une réponse clairement unioniste à la question œcuménique : l'encyclique Mortalium animos (6 janvier 1928) souhaitait le retour au sein de l'Église des chrétiens non catholiques romains. D'un point de vue moral, enfin, Casti connubii (31 décembre 1930) bornait strictement le cadre des rapports conjugaux.

Il insista sur le rôle des laïcs : « tous les fidèles sont appelés à collaborer [à l'apostolat], car tous peuvent travailler dans la vigne du Seigneur », déclara-t-il ainsi aux évêques colombiens le 14 février 1934. Concrètement, il accorda son appui à l'Action catholique et aux institutions de jeunesse comme la Jeunesse ouvrière chrétienne, fondée par l'abbé Joseph Cardijn qu'il reçut en audience en mars 1925. Inversement, il se montra très attentif à l'idéologie des mouvements et organes de presse catholiques ou assimilés. Dans ce cadre, il organisa, dès la fin de 1925, une campagne contre le mouvement monarchiste l'Action française, jugé coupable d'irréligion – et qui avait été pourtant amplement soutenue auparavant par le clergé français. Son allocution consistoriale du 20 décembre 1926, closant une série de condamnations plus ou moins indirectes, interdit explicitement la participation au mouvement de même que la lecture de ses publications. Neuf jours plus tard, les écrits de Charles Maurras, fondateur du mouvement, étaient mis à l'Index de même que le journal L'Action française.

Pie XI voulut également développer l'œuvre missionnaire de l'Église : en 1922, il rapatria à Rome l'Œuvre de la Propagation de la Foi et organisa dans la même ville, en 1925, une Exposition missionnaire. Soucieux de l'indigénisation du clergé, il sacra en 1926 six évêques chinois.

[modifier] La question romaine

Pie XI signa avec l'État italien les accords du Latran, créant l'État de la Cité du Vatican, mettant ainsi fin à la « question romaine » qui opposait la papauté à l'Italie depuis Pie IX.

[modifier] Confronté au nazisme

Depuis 1920, année où monseigneur Pacelli nonce de Munich fut accrédité à Berlin dans ce but, un concordat était en cours de négociations avec l'Allemagne. Le 20 juillet 1933, le Pape mandate ce dernier, alors secrétaire d'État, pour signer en son nom le concordat avec l'Allemagne. La signature allemande est assurée par Von Papen, vice-chancelier catholique du gouvernement formé par Hitler.

  • Une position claire et officielle :

Le 14 mars 1937, il publia l'encyclique Mit brennender Sorge par laquelle il condamnait le nazisme. En mai 1938, il s'absenta ostensiblement du Vatican lors de la visite d'Hitler. Le 6 septembre 1938, prenant position contre la législation antisémite italienne, il déclara à un groupe de pèlerins belges cette phrase célèbre : « Nous, chrétiens, sommes spirituellement des sémites. » Il ordonna également aux universités catholiques d'organiser un enseignement contre l'antisémitisme et le racisme.

En mai 2007, les archives du Vatican ont révélé que le 11 février 1939, à l'occasion du dixième anniversaire du Concordat entre l'Italie et le Vatican, Pie XI devait prononcer en présence de Benito Mussolini un discours très dur contre le fascisme et le nazisme. Le Saint-Père est décédé dans dans la nuit du 10 février, avant de prononcer ce discours. Certains supposèrent un assassinat.

  • La controverse :

Mais une historienne, Emma Fattorini, affirme avoir acquis la preuve en fouillant dans les archives du Vatican que son successeur, le Pape Pie XII, aurait fait délibérément disparaître le texte du discours qui n'a pas été prononcé et dans lequel il dénoncerait "une presse qui agit contre nous" et irait jusqu'à nier obstinément toute persécution en Allemagne. Cette question revêt une importance politique évidente puisqu'elle permettrait de bloquer l'ouverture de la première étape de sa béatification, donnée le 8 mai 2007 par la Congrégation des causes des saints (lire La Croix du 21 mai 2007).

Une béatification qui est aussitôt contestée par ceux qui reprochent en réalité à Pie XII sa « condamnation » du communisme et sa dénonciation des atrocités de la guerre civile espagnole[1]. Pour l’historien Giovanni Maria Vian, qui signe dans le quotidien catholique Avvenire une critique sévère du livre d’Emma Fattorini, « cette destruction allait de soi » et n’est pas significative. Quand un pape meurt, le secrétaire d’État perd de facto son poste et n’est donc plus rien. C’est alors au cardinal camerlingue d’exécuter les dernières volontés du défunt. Or Pacelli était à la fois secrétaire d’État et camerlingue (c’est aussi le cas du secrétaire d’État actuel, le cardinal Bertone). Le camerlingue est chargé de détruire les épreuves de tous les textes en préparation sur lesquels le pape n’a pu apposer sa signature. « Mais le discours lui-même a été conservé », explique Giovanni Maria Vian, et d'ailleurs, Jean XXIII l'a rendu public vingt ans plus tard, en 1959.

[modifier] Confronté au communisme

Le 19 mars 1937, soit cinq jours après Mit brennender Sorge, il publia l'encyclique Divini Redemptoris par laquelle il condamnait sans appel le communisme, qualifié d'« intrinsèquement pervers » :

« On ne peut pas dire que de telles atrocités soient de ces phénomènes passagers qui accompagnent d'ordinaire toute grande révolution, des excès isolés d'exaspération comme il s'en trouve dans toutes les guerres ; non, ce sont les fruits naturels d'un système qui est dépourvu de tout frein intérieur. »

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • Marc Agostino, Article « Pie XI » du Dictionnaire historique de la papauté, Philippe Levillain (s.dir), Fayard, 1994.
  • Marc Agostino, Le pape Pie XI et l'opinion (1922–1939), École française de Rome, 1991
  • Collectif, Achille Ratti, pape Pie XI, École française de Rome, 1996
  • Fabrice Bouthillon, La naissance de la Mardité, une théologie à l'âge totalitaire, Presses Universitaires de Strasbourg, 1995
  • Yves-Marie Hilaire (s.dir), Histoire de la papauté. 2000 ans de missions et de tribulations, Tallandier, 1993.
  • Mgr Yves Marchasson, Les Papes du XXe siècle, Desclée, 1990.
  • Yves Chiron, Pie XI, Perrin, 2004, 418 pp.

[modifier] Références

  1. On trouve une telle allusion le 21 octobre 2007 sous la plume d'Henri Tincq dans Le Monde: "Selon les centaines d'études consacrées à la fureur fratricide qui a saisi l'Espagne en 1936, au moins 6 000 prêtres et religieux (dont 13 évêques) ont été massacrés en zone républicaine. Soit 88 % du clergé dans le seul diocèse de Barbastro (Aragon), dont l'évêque, Mgr Asensio Barroso, a été émasculé vivant avant d'être assassiné le 9 août 1936. Neuf diocèses ont perdu plus de la moitié de leur clergé. La seule appartenance au clergé était justiciable d'une exécution sommaire. Ceux qui ont pu y échapper se trouvaient en zone nationaliste, ou ils avaient pu fuir, se cacher ou bénéficier de protections. A ce martyrologe, il faut ajouter les incendies d'églises et de couvents, les profanations d'autels et de sépultures... Dès septembre 1936, Pie XI avait dénoncé la "haine de Dieu satanique professée par les républicains. (...) Si le clergé catholique a payé un lourd tribut à la guerre, les horreurs et les victimes ont appartenu aux deux camps. Selon les travaux historiques les plus récents, les républicains auraient été responsables de 85 000 exécutions, dont 75 000 pendant l'été 1936. Les nationalistes auraient été à l'origine, eux, de 40 000 exécutions."

[modifier] Liens externes

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