Radio maritime

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Veille radio dans un navire de pêche sans l'appel sélectif numérique (avant 1999)
Veille radio dans un navire de pêche sans l'appel sélectif numérique (avant 1999)

La radio maritime inclue l'ensemble des moyens radioélectriques civils utilisés en mer pour communiquer, de navire à navire ou avec des stations cotières, pour la sécurité, la gestion des flottes ou les communications personnelles.

Sommaire

[modifier] Histoire

la cabine radio du Queen Mary
la cabine radio du Queen Mary

[modifier] Les débuts

Les services de radio maritime ont débutés presque en même temps que l'invention de la radio, tant le problème de sécurité maritime était crucial au début du XXe siècle. L'histoire de la radio maritime accompagne donc l'histoire de la radio, pour les communications comme pour la radionavigation.

Deux naufrages célèbres ont montré l'efficacité de la radio :

  • en 1909, 920 passagers sont sauvés lors de la collision République-Florida grâce à l'appel en TSF ;
  • le Titanic utilise pour la première fois le code SOS en 1912, 700 passagers sont sauvés par le Carpathia[1].

La radiogoniométrie a été appliquée très vite comme aide à la navigation avec les premiers radiophares.

[modifier] Les grandes étapes

la VHF marine Sailor des années 1960
la VHF marine Sailor des années 1960


[modifier] L'évolution moderne en France

Avec le développement des communications par satellite, la France a fermé progressivement les centres de communication HF comme « Saint-Lys radio » ou « Le Conquet radio »[2], et cessé de fournir les services comme le radiofacsimilé météo.

Le dernier centre de communications maritimes opérationnel en France était la station de « Monaco radio » qui assurait encore le trafic en téléphonie sur les bandes des 4 MHz et 8 MHz pour la méditerranée occidentale, ainsi qu'un service de messagerie numérique. Ces services doivent s'interrompre en 2008.

[modifier] Réglementation

[modifier] Homologation des stations

[modifier] Certificats d'opérateur

En France, depuis 1997, la réglementation impose les certificats d'opérateur suivants :

pour les plaisanciers :

Pour les navires de commerce :

  • certificat restreint d'opérateur : pour tous les navires en zone A1 ;
  • certificat spécial d'opérateur : dans toutes les zones pour les navires français de commerce inférieur à 300 TX et les navires de pêches français de longueur inférieure à 45 mètres ;
  • certificat général d'opérateur : tous les navires et toutes zones.

Pour tous les professionnels :

  • certificat de radioélectronicien de 2 classe : entretiens, révisions et programmations des postes radios ;
  • certificat de radioélectronicien de 1 classe : entretiens, révisions et programmations des postes radios.

[modifier] Fréquences allouées

L' UIT définit les fréquences et modes d'émission de la radio maritime sous le terme « service mobile maritime ». Des fréquences sont allouées dans tout le spectre BF à UHF, selon un découpage en bandes et canaux :

  • dans la bande MF dite des 500 kHz, bande historique affectée à la télégraphie, au radio-télétype ou aux informations Navtex ;
  • dans la bande MHF, anciennement appelée bande chalutier,entre 1,6 Mhz et 4 Mhz, pour les zones proches
  • dans les bandes HF pour les liaisons océaniques, dans les bandes des 4 MHz, 6 MHz, 8 MHz, 12 MHz, 16 MHz, 22 MHz et 25/26 MHz, avec les limites ci-dessous :
Bandes HF marine Bande des

4 MHz

Bande des

6 MHz

Bande des

8 MHz

Bande des

12 MHz

Bande des

16 MHz

Bande des

18/19 MHz

Bande des

22 MHz

Bande des

25/26 MHz

début de bande 4 000 6 200 8 101 12 230 16 360 18 780 22 000 25 070
fin de bande 4 515 6 522 8 812 13 187 17 407 19 797 22 852 26 310
sécurité et appel
  • dans la bande VHF marine pour les zones côtières ;
  • pour les balises de détresse reçues par les satellites Cospas-Sarsat ;
  • pour les canaux en bande L des terminaux communicant avec Inmarsat.
Icône de détail Article détaillé : Bandes marines.

[modifier] La sécurité en mer

Le système mondial de détresse et de sécurité en mer (SMDSM) coordonne les moyens et organismes liés à la gestion des appels de détresse et les opérations de secours, chaque moyen de communications possède des canaux et procédures particulières pour les cas de détresse, comme par exemple les fréquences 2 182 kHz en MHF et canal 16 en VHF

[modifier] Les services

émetteurs récepteurs SMDSM de passerelle avec l'appel sélectif numérique
émetteurs récepteurs SMDSM de passerelle avec l'appel sélectif numérique

[modifier] La météo marine

La météorologie est une information essentielle pour la navigation et la sécurité, et est disponible par de nombreux moyens à partir des prévisions établies par les agences nationales :

  • bulletins cotiers en VHF, par les stations du CROSS en France, ou des coast guards aux états unis (USCG) 
  • bulletins pour les zones du large par les sations HF ;
  • bulletins nationaux par les stations de radiodiffusion, comme RFI pour l'Atlantique Nord, ou France Inter pour les côtes françaises ;
  • bulletins automatiques par le Navtex, ou le radiotélétype HF de la DW ;
  • diffusion des cartes météo en radiofacsimilé en HF ;
  • diffusion par satellites Inmarsat.
Icône de détail Article détaillé : Météorologie maritime.

[modifier] Le NAVTEX

Le Navtex est un système d'information maritime par télégraphie à impression directe (radiotélétype). Il fait partie du système mondial de détresse et de sécurité en mer.

Récepteur Navtex
Récepteur Navtex

Le système est à moyenne portée (200 à 500 milles) et travaille sur une fréquence fixe de 518 kHz pour le Navtex international. des services Navtex nationaux existent également, par exemple en France sur 490 kHz

À bord des navires, le Navtex est un simple récepteur muni d'une imprimante pour les modèles professionnels, ou d'un écran pour les modéles économiques. Il doit être en service lorsque le bateau est en mer, et permet de recevoir les informations émises séquentiellement par différentes stations émettrices préprogrammées. Ces messages incluent les bulletins météo, les Avurnavs(avis urgents aux navigateurs) et diverses alarmes sur les signaux de radionavigation. Les messages s'impriment sans intervention. Une alarme est également prévue pour attirer l'attention du personnel de quart en cas de message à caractère urgent.

[modifier] La télégraphie

Malgré son faible débit, la télégraphie est encore utilisée.

Les fréquences d'appel assignées aux navires pour la radiotélégraphie (Morse manuel de classe A1A ou pour la radiotélégraphie Morse automatique de classe A1B )à des vitesses de transmission ne dépassant pas 40 bauds sont données ci-dessous. La largeur des voies dans chaque bande est de 0,5 kHz.

(Voir l'article 60 et la Résolution 312 (Rév. Mob-87)

Groupe en bande décamétrique Bande des

4 MHz

Bande des

6 MHz

Bande des

8 MHz

Bande des

12 MHz

Bande des

16 MHz

Bande des

22 MHz

Bande des

25 MHz

Voie commune dans le monde entier 4 184 kHz 6 276 kHz 8 368 kHz 12 552 kHz 16 736 kHz 22 280,5 kHz 25 172 kHz
Les Caraïbes et Océan Atlantique 4 182 kHz 6 277 kHz 8 366 kHz 12 550 kHz 16 734 kHz 22 279,5 kHz 25 171,5 kHz
Le Golfe-Mexique 4 183 kHz 6 278 kHz 8 367 kHz 12 551 kHz 16 735 kHz 22 281,5 kHz
Pacifique Nord 4 185 kHz 6 279 kHz 8 368,5 kHz 12 552,5 kHz 16 736,5 kHz 22 282,5 kHz 25 172,5 kHz
Pacifique Sud 4 186 kHz 6 280 kHz 8 370 kHz 12 554 kHz 16 737,5 kHz 22 283,5 kHz

[modifier] La BLU marine

Ce terme est une habitude de langage pour désigner la radiotéléphonie en bandes HF marine. Les émissions se font en mode bande latérale unique, sur des canaux fixes repérés par un code, afin que les opérateurs n'aient pas à programmer des fréquences. Des canaux sont réservés aux liaisons navire à navire, en alternat simplex ou en duplex, d'autres aux stations côtières.

La bande hectométrique MF des mobiles du service maritime couvre de 1,6 et 4 MHz en plusieurs sous bandes et avec des canaux de 3 kHz en J3E ou H3E (USB) avec une puissance de 150 à 400 W. La portée d’exploitation moyenne est de 500 milles.

Les bandes décamétriques HF des mobiles du service maritime sont réparties entre 4 et 26 MHz en plusieurs sous bandes et avec des canaux de 3 kHz en J3E (USB) avec une puissance de 250 à 1 000 W entre les mobiles du service maritime et avec une puissance de 250 à 1 500 W entre mobiles du service maritime et une station côtière. La portée d’exploitation est mondiale mais nécessite un choix d'heure et de fréquence en fonction de la propagation.

Les stations sur les navires commerciaux utilisent couramment des puissances jusqu'à 500 W, des antennes filaires de 20 à 50 m, alors qu'en plaisance le matériel est en général limité à une puissance de 50 W à 100 W [3]et des antennes simplifiées de type fouet de 5 m à 8 m, ou utilisant un hauban isolé. L'utilisation des diverses bandes avec une antenne simplifiée non accordée nécessite un adaptateur d'antenne en général automatique.

[modifier] La VHF marine

VHF moderne sur un Ferry
VHF moderne sur un Ferry

La bande métrique VHF des mobiles du service maritime couvre de 156 à 162 MHz avec des canaux de 25 kHz en G3E ou F3E (FM) avec une puissance de 1 à 25 W. La portée d’exploitation varie de 25 à 100 milles nautiques selon la puissance et la hauteur des antennes. Des radiotéléphones portables dans la bande VHF marine sont également utilisés, pour les communications locales portuaires ou en secours en cas de détresse.

Les antennes utilisées sur les navires sont de type fouet vertical, placées au point le plus haut pour assurer la couverture la plus large. Les navires de sauvetage utilisent des antennes goniométriques pour permettre la localisation.

L'utilisation des canaux est strictement réglementée, en particulier celle du canal d'appel et de sécurité (canal 16) et des canaux réservés à l'AIS.

[modifier] L'AIS

Affichage du trafic en Manche Est fourni par l'AIS
Affichage du trafic en Manche Est fourni par l'AIS

Le système d'identification automatique (AIS), est un système automatique de transmission des données de navigation entre navire, utilisant des canaux de la bande VHF marine, permettant de réduire les risques de collision. Chaque navire équipé apparaît identifié avec sa route et sa position GPS sur un écran. Tous les navires « voient » ainsi les routes mutuelles suivies, à la façon d'un radar de navigation en plus précis, sans les échos et parasites du radar.

L'émetteur AIS n'est cependant obligatoire que sur les navires de jauge supérieure à 300 T. Un récepteur AIS ne « voit » donc pas comme un radar qui peut détecter tous les navires, mais son coût et sa consommation sont plus faibles.

[modifier] Les liaisons terrestres numériques

La radiotéléphonie traditionnelle en BLU HF ou en VHF, est progressivement remplacée ou complétée par des protocoles numériques.

Le système d'appel sélectif numérique (ASN) supprime la contrainte d'écoute permanente sur les fréquences de sécurité (veille radio), l'opérateur étant averti automatiquement en cas de message le concernant (de détresse ou d'appel), grâce à son code d'identification MMSI.

Des systèmes mondiaux de messagerie automatique en HF sont disponibles. Ils utilisent un modem en interface entre un émetteur-récepteur marine BLU et un micro-ordinateur, avec un logiciel similaires aux logiciels de courriels classiques. Les services les plus connus sont Sailmail[4], avec le logiciel airmail[5]. Les canaux HF utilisés sont modulés en PSK ou FSK selon un protocole packet. Les débits utilisés, de 1 à 5 Kbps, soit environ 0,1 à 0,5 KB/s, ne permettent que des messages courts (pour mémoire, une connexion internet lente est proche de 40kb/s).

[modifier] Les liaisons satellitaires

Les liaisons satellitaires ont révolutionné la radio maritime classique, en permettant des liens stables et performants en permanence.

Les satellites Inmarsat couvrent l'ensemble des zones océaniques à l'exception des zones polaires, avec des canaux de débits variables, qui sont exploités par divers opérateurs. Plusieurs types de terminaux sont disponibles, depuis la balise de sécurité jusqu'à l'accès internet complet.

Le système Iridium permet des liaisons en téléphonie ou numériques en toute zone, y compris sur les zones polaires.

Le système Globalstar couvre une grande partie des océans avec quelques zones non couvertes.

Des systèmes plus simples et économiques sont également commercialisés, utilisant par exemple la constellation Orbcomm en messagerie temps différé uniquement, ainsi que des systèmes régionaux, comme Thuraya qui couvre la Méditerranée , le Moyen Orient et le nord de l'Afrique.

Enfin depuis les années 1980, les balises de détresse équipent presque tous les navires en navigation hauturière. Leurs appels sont collectés par les satellites du système Cospas-Sarsat, avec un temps d'alerte de 1 à 2 heures[6].

[modifier] Les radioamateurs

Les réseaux d'assistance aux plaisanciers opérés par des radioamateurs bénévoles ne peuvent être considérés comme des services, mais comme un moyen supplémentaire disponible pour la sécurité ou simplement donner des nouvelles aux proches. Leur développement et très variable selon les pays , ainsi que la réglementation associée. La réglementation européenne interdit les communications avec des tiers non licenciés, sauf pour les appels de détresse. Il existe cependant des réseaux non officiels, aux Antilles par exemple, ou entre plaisanciers en traversées.

Alors que des dizaines de fréquences sont veillées par des radioamateurs américains[7], en Europe plusieurs réseaux existent entre 14 300 kHz et 14 350 kHz.

Les cibistes opèrent également des réseaux en bande CB ou sur des fréquences non surveillées.

[modifier] Les stations fixes maritimes

[modifier] Notes et références

  1. QUID 92 page 1151
  2. dspt.club.fr, Raconte moi la radio, « la TSF, les premières stations françaises »
  3. http://www.icom-france.com/liste-produits-blu-marine.php site du principal fournisseur en BLU marine
  4. sailmail.com, A SailMail Primer
  5. http://www.airmail2000.com/pprimer.htm introduction à airmail
  6. French Index Page
  7. Q-Signals and MMSN

[modifier] voir aussi