Radio Cité (Paris)

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Radio Cité était une station de radio parisienne généraliste et privée. Anciennement nommée Radio LL, elle est rachetée et réorganisée en 1935 par Marcel Bleustein, directeur de Publicis. Les allemands s'en emparent en 1940.

Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] Le rachat de Radio LL : 1935

Marcel Bleustein dirige la société publicitaire Publicis. En 1933 et 1934 sa compagnie connaît plusieurs revers : l'instauration en 1933 d'une redevance pour financer les stations publiques, avec pour contrepartie l'interdiction de la réclame sur leurs ondes, et les négociations infructueuses antre décembre 1934 et janvier 1935 avec Pierre Laval, directeur de la station privée Radio Lyon, qui entraîne pour Publicis la perte de la régie publicitaire de cette radio lyonnaise. Bleustein, qui avait refusé une première proposition de vente de Radio LL, reconsidère la question. La station a quelques handicaps : matériel médiocre, puissance d'émission faible, programmes médiocres et risque d'interdiction ou de nationalisation. Mais elle offre quelques avantages : elle couvre la capitale française, il est possible de modifier sa programmation, et la cessation de la diffusion ne peut se faire que par rachat de la radio par l'État.

Le 21 mai 1935 Bleustein s'empare de la Société à responsabilité limitée (S.A.R.L.) Compagnie Nationale de Radiodiffusion, qui exploite radio LL. Il obtient du Commissariat au peuple pour les liaisons de l'URSS le droit d'utiliser la longueur d'onde de 280,9 mètres, plus favorable que la précédente. Le 9 juillet 1935, Georges Mandel, ministre des P.T.T., consent à cet accord. Bleustein cherche ensuite un partenariat avec un quotidien pour créer un journal parlé. Après avoir essuyé un refus de Paris Soir, il obtient la collaboration de l'Intransigeant. Le 19 août 1935 l'assemblée des associés de la Compagnie Nationale de Radiodiffusion décide de la transformation de la S.A.R.L. en Société Anonyme et nomme Bleustein et Claude Bernheim administrateurs. Le 28 septembre Georges Mandel signe le décret qui autorise le transfert de Radio LL en banlieue parisienne. Le lendemain la station change son nom en Radio Cité et passe de 209 à 280,9 mètres de longueur d'onde. Plus tard la radio obtient la confirmation d'un chef de service aux transmissions radiophoniques soviétique d'utiliser la longueur d'onde 280,9 mètres.

[modifier] Les difficultés

La station connait ensuite des difficultés. Tout d'abord le maire d'Argenteuil refuse la demande de la station destinée à implanter le nouvel émetteur de Radio Cité, décision confirmée par arrêté minicipal du 10 avril 1936. Le maire reproche notamment au nouvel émetteur d'empêcher la réception des autres stations. Les discussions durent jusqu'en janvier 1937. Le maire et Radio Cité tombent finalement d'accord sur l'installation de l'émetteur, moyennant le versement de 30 000 francs aux oeuvres de la ville et la modification des postes de radio pour permettre la réception de toutes les radios. Mais sa puissance est limitée à 2 kW car en septembre 1936 le ministre des P.T.T. a refusé de l'accroitre. En mai 1937 l'émetteur entre en fonction avec une puissance de 2,8 kW. En mai 1936 l'agence de presse Havas réclame 3000 francs par mois d'abonnement pour continuer l'utilisation de ses informations. Les deux parties parviennent à un accord sur une somme de 1 500 francs, élevée à 2000 en janvier 1937. Dernier coup dur, L'Intransigeant, qui a changé de propriétaire et de rédaction trouve la Voix de Paris (le journal parlé de la station) trop à gauche. Le 31 janvier 1937 les principaux membres de la Voix de paris sont licenciés par le quotidien. Finalement les deux partenaires trouvent un accord.

[modifier] La guerre

La station est affectée par la guerre : censure, mobilisation des employés et obligation de retransmettre des émissions en tchèque, italien, roumain et anglais. En janvier 1940 le gouvernement ordonne l'augmentation de la puissance de l'émetteur de Radio Cité à 20 kW. Le 20 mai 1940, alors que le pays subit l'invasion allemande, la station reçoit l'ordre de cesser la diffusion d'émissions artistiques et de ne diffuser que des bulletins d'information, des actualités et des émissions en langues étrangères[1].

[modifier] Émissions

La station utilise un ton décontracté qui jure avec le hiératisme des radios françaises. Elle lance le Crochet radiophonique, dans lequel des amateurs chantent devant un jury présidé par une vedette qui chante l'une de ses chansons à la fin de l'émission. Elle se déroule alternativement à la salle Pleyel et au cinéma Normandie. Radio Cité crée aussi le Music-hall des jeunes, Les plus de quinze ans, le couple le plus heureux de France, et Les chansonniers en liberté, où des chansonniers se moquent des hommes politiques et des vedettes du spectacle. Des émissions de format très court (une minute) sont également diffusés, comme La minute du bon sens de Saint-Granier qui y parle de la vie quotidienne. À partir du 13 janvier 1936 elle diffuse aussi une émission célèbre, La famille Duraton, d'abord nommée Autour de la table, qui ne prend fin qu'en 1966. Une famille fictive, composée du père fonctionnaire, de son épouse, de leur fils et de leur fille, puis plus tard de son fiancé, y commente l'actualité. Apparait aussi Sur le banc, une émission à sketches mettant en scène deux sans-abris. Une pièce de théâtre est diffusée chaque semaine, ainsi qu'un concert. La station a également lancé quelques jeunes chanteurs, notamment Édith Piaf.

C'est dans le domaine de l'information que Radio Cité innove le plus, et va jusqu'à concurrencer la presse écrite. C'est ainsi que le 22 juin 1937 elle annonce la composition du nouveau ministère Chautemps huit minutes après sa divulgation, et qu'en mars 1938 elle diffuse l'enregistrement du discours du chancelier autrichien Schuschnigg qui annonce sa démission. La presse écrite contre-attaque et limite ses possibilités dans le domaine de l'information. Pour contourner la difficulté Radio Cité crée La minute du groupement des journaux d'opinion, dans laquelle les éditorialistes de la presse d'opinion lisent eux-mêmes leurs articles[2].

[modifier] Notes

  1. René Duval, Histoire de la radio en France, Éditions Alain Moreau, Paris, 1979, p. 254-281.
  2. René Duval, Histoire de la radio en France, Éditions Alain Moreau, Paris, 1979, p. 254-281.

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