Pigüé

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Pigüé
[[Image:|90px|Blason de Pigüé]]
Données générales
Pays Argentine Argentine
Province Buenos Aires (province)
Département Saavedra
Code postal B 8170
Indicatif tél. +54 (0) 2923
Date de fondation 4 décembre 1884
Fondateur Décret provincial,
Clément Cabanettes
Situation géographique et statistique
Coordonnées
37° 37′ 00″ Sud
         62° 27′ 00″ Ouest
/ -37.616667, -62.45
Superficie
3 491 km²
Altitude
288
Population
(2001)
13 822 habitants
Densité
4,0 hab./km²
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Politique
Maire Rubén Carlos Grenada,
UCR
Gentilé pigüense
www.pigue.8k.com


Pigüé est une ville d'Argentine située dans la pampa, à 584 km au sud-ouest de Buenos Aires, fondée par des Occitans d'Aveyron. Elle compte actuellement 13 822 habitants.

Sommaire

[modifier] Géographie

Pigüé, qui signifie lieu de rassemblement en langue mapuche, se situe à l'intersection de deux chaînes de montagne, le Cura Malal à l'ouest et le Bravard à l'est.

[modifier] Histoire

[modifier] Histoire en bref

Clément Cabanettes, né en 1851 dans le petit village d'Ambec Commune de Lassouts près de Saint-Côme-d'Olt, dans le département de l'Aveyron, rassemble en 1881 quarante familles déshéritées de la vallée de l'Olt (aujourd'hui appelée Lot), autour d'Espalion (Aurelle-Verlac, Saint-Geniez-d'Olt, Gabriac, Naucelle…) qu'il convainc de s'exiler vers l'Argentine. Le 23 octobre 1884 ils quittent Rodez par train et embarquent le 24 octobre sur le vapeur/voiles Belgrano qui part de Bordeaux direction l'Amérique du Sud. Ils atteignent le Nouveau Monde et Buenos Aires le 30 novembre, puis Pigüé les 3 et 4 décembre. La Colonie des Aveyronnais a su devenir, malgré un départ difficile et ruineux, l'une des plus prospères de la pampa.

[modifier] Le projet de Cabanettes

Le sous-lieutenant Cabanettes avait été engagé pour assurer l'entraînement et l'instruction de troupes argentines. L'année d'après, il développa la première compagnie téléphonique du pays : El Pan Teléfono (connue aussi sous le nom de la Pantelefonica) mais démissionna pour incompatibilité d'humeur avec ses dirigeants. Il déménagea vers Olavarría pour travailler dans une entreprise fabriquant des engins agricoles. Le gouvernement de la province de Buenos Aires lui vend 270 kilomètres carrés pour une bouchée de pain en remerciement des services rendus. Cabanettes tombe immédiatement amoureux du lieu qui lui rappelle son Aubrac natal, et pense aussitôt à y amener des Aveyronnais pour le coloniser. Avec l'aide de son ami Eduardo Casey, Cabanettes se débrouille pour qu'une gare soit ajoutée sur son terrain à la ligne ferroviaire de la Ferro Carril Sud, et qu'un grand silo et des logements soient construits pour ses colons.

[modifier] Les termes du contrat

Cabanettes retourne en Aveyron, où son ami François Issaly a déjà commencé la promotion de la colonie. Il offre deux kilomètres carrés de terre arable pour six ans à condition que la moitié de la récolte soit reversée à la communauté. À la fin de cette période, les colons reçoivent un titre de propriété, quelle que soit la quantité de céréales partagée d'ici là. Une contribution de cinq mille francs est exigée pour le bétail, les semences et les machines agricoles, contribution qui n'est pas toujours complètement payée, ce qui augmentera les dettes de Cabanettes envers Casey. Du fait du taux de chômage élevé en Aveyron suite aux licenciements massifs dans les mines de Decazeville, et à la crise du phylloxéra (1882-1890), l'idée de Cabanettes suscite un intérêt certain. Cependant la presse aveyronnaise est hostile au projet de Cabanettes, l'accusant d'exploiter la misère des gens dans un projet dépeint à l'époque comme dangereux à cause des animaux féroces de la région. Malgré tout, Cabanettes réussit à convaincre 163 Aveyronnais de le suivre.


[modifier] Les premiers pas des colons

Les colons, parmi lesquels se trouvent une institutrice, un forgeron, un charron, un curé et un commerçant, commencent à s'installer à Pigüé. La première récolte est assez décevante ; les techniques agricoles utilisées, les mêmes qu'en Aveyron, ne sont pas adaptées à la pampa dont le relief, le sol et le climat sont très différents. La deuxième année est encore pire avec une sécheresse de mars à fin septembre. Par bonheur, les fortes pluies d'automne permettent aux plants de maïs et de pommes de terre de pousser suffisamment pour assurer une récolte maigre mais salutaire. Pourtant, les colons ne partent pas et gardent la foi ; d'autres encore les rejoignent. La Terre promise Lien vers un homonyme? vaut bien tous les sacrifices, écrivent certains dans leurs lettres. Monsieur Cabanettes ne peut pas être accusé d'avoir promis plus de beurre que de pain.

[modifier] La fin de l'utopie pour Cabanettes

À la fin de la troisième année, Cabanettes ne peut rembourser Casey, mais il obtient un sursis d'un an auprès de son ami. Mais douze mois après, Pigüé ne fait toujours pas recette et Casey décide d'abord, comme le contrat le stipule, de se réapproprier toutes les terres. Toutefois, il change d'avis et préfère donner 50.000 pesos de plus à Cabanettes, lui effaçant son ardoise par la même occasion. La colonie, qui connaît des difficultés à se développer bien que son cheptel de bovins dépasse désormais le nombre de ses ovins, est un échec. Le gouvernement de Buenos Aires la rachète finalement au prix du terrain nu sans même considérer les cultures et les bâtiments installés dessus. Cabanettes se retrouve sans le sou ni gloire. Casey et lui meurent même plus pauvres que certaines familles de colons, mais après leur avoir rendu l'espoir. Leur générosité et leur persévérance aveugle a tout de même assuré encore aujourd'hui la survivance d'un petit bout d'Aveyron en Argentine.

[modifier] Autres faits marquants de l'histoire

  • En 1858, la bataille de Pi-Hué voit la victoire finale des troupes du colonel Nicolás Granada sur les tribus indigènes, dirigées par le légendaire chef Juan Callvucura, qui vivaient sur le sol de ce qui deviendra Pigüé quelque trente ans plus tard.
  • En 1876, la bataille du Cura Malal entre le colonel Salvador Maldonado et le chef Juan José Catriel scelle le destin de la résistance indigène dans la région et le triomphe de Maldonado entraîne la construction de nombreux forts militaires.
  • En 1878, une décision du gouvernement national ordonne au lieutenant-colonel Plaza Montero de céder 3.000 kilomètres carrés de ses terres dans la zone de Pigüé pour l'établissement de fermes.
  • En 1882, Plaza Montero vend sa concession à un groupe britannique dont le représentant en Argentine n'est autre qu'Eduardo Casey. La compagnie est rebaptisée la Cura-Malal
  • En 1898, un groupe de fermiers de Pigüé, mécontents des faibles compensations financières accordées par les compagnies d'assurance de la capitale, décide de s'unir et de devenir leurs propres assureurs, en particulier contre la grêle. C'est ainsi que naît la première coopérative d'Argentine, et même d'Amérique latine.
  • C'est à Pigüé que la première conscription de la République d'Argentine a lieu.
  • Les vagues d'immigrants suivantes comprendront des Italiens, des Espagnols, puis des Allemands de la Volga.

[modifier] Personnalités liées à la commune

  • Clément Cabanettes, son fondateur.
  • Eduardo Casey
  • Numa Ayrinhac, artiste occitano-argentin célèbre pour ses portraits d'Eva et de Juan Domingo Perón, est originaire de Pigüé. L'un de ses portraits dépeint le couple ensemble, ce qui représente une première en Argentine.

[modifier] Jumelage

Drapeau : France Rodez (France)

Nombre d'habitants actuels de Pigüé continuent de parler ou de comprendre l'occitan, et les rues de la ville portent souvent le nom de localités du pays rouergat, telle la calle de Rodez. Chaque année, le 4 décembre, l'on y célèbre la fondation de la colonie par la diaspora aveyronnaise. Quelque 30 à 40% de la population d'aujourd'hui a des racines languedociennes, soit plus de 5.000 âmes. Une association basée à Saint-Côme-d'Olt, appelée Rouergue-Pigüé permet de conserver des liens. Les professeurs d'histoire de l'Aveyron enseignent l'émigration vers la pampa.

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • (fr) Magali Loupias et Virginie Zannin, État et Evolution de la culture française à Pigüé de 1974 à 1989, Mémoire de maîtrise, UFR d'espagnol, université de Toulouse-Le Mirail, Toulouse, 1989, 78 p.
  • (es) El Ejército de Operaciones del Sud y la Batalla del Pihué, Ernesto Eugenio Monferran Monferran, Buenos Aires, Senado de la Naci6n, 1962, 186 p
  • (fr) Emile Cabanettes, Clément Cabanettes, fondateur de la colonie aveyronnaise de Pigüé en Argentine, Editions Subervie, Rodez, 1973, 129 p.
  • (fr) Raymond Boucays, Si Pigüé m'était conté, Editions Subervie, Rodez, 1986, 87 p.
  • (es) Eva Olga Perez Issaly, Francisco Issaly, de Aveyron a Pigüé, Direccion de impresiones del Estado, La Plata, enero de 1993.
  • (fr) Œuvre collective, Les Aveyronnais dans la pampa, fondation, développement et vie de la colonie aveyronnaise de Pigüé de 1884 à 1992, Editions Privat, Toulouse, 1977.