Perdiccas (général)

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Perdiccas (en grec ancien Περδίκκας / Perdíkkas) est l'un des principaux généraux d'Alexandre le Grand et l'un des diadoques. A la mort d'Alexandre en 323 av. J.-C., il devient chiliarque (régent) de l'empire. Il manifeste l'ambition de maintenir à son profit l'unité de l'empire mais périt face à Ptolémée en Égypte en 321.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Carrière sous le règne d'Alexandre

Perdiccas est né, à une date inconnue, dans une famille princière de l'Orestide, une région de Haute-Macédoine. Il est élevé, selon la tradition argéade, comme page à la cour de Philippe II, puis il participe aux premières campagnes d'Alexandre : il est blessé devant Thèbes en 335 av. J.-C. En Asie, il commande d'abord un taxeis de la phalange puis, vers 329, un corps de la cavalerie des Compagnons en tant qu’hipparque (il commande un escadron d'environ 500 cavaliers). Assez tardivement, vers 330, il devient l'un des sômatophylaques (garde du corps) du souverain.

Après la mort d'Héphaistion en 324, Perdiccas le remplace comme second dans la hiérarchie impériale, bien qu'Alexandre n'ait pas en lui la même confiance qu'en son défunt favori. Il exerce la fonction de chiliarque, c'est à dire équivalent du vizir achéménide et commandant de la cavalerie des Compagnons. Mais il n'en porte pas encore véritablement le titre, ni n'en exerce toutes les attributions. Les historiens considèrent en effet que Perdiccas a été chiliarque de la cavalerie mais non pas chiliarque aulique (vizir).

[modifier] Chiliarque de l'empire

À la mort d'Alexandre en juin 323 av. J.-C., Perdiccas conserve, en tant que chiliarque, l'exercice de l'autorité centrale au nom des deux rois Philippe III et Alexandre IV, tous deux incapables de gouverner (le premier passant pour déficient mental et le second n'étant pas encore né). Afin de conserver l'intégrité de l'empire d'Alexandre, Perdiccas prétend lui succéder dans l'exercice du pouvoir. Il s'oppose rapidement aux divers satrapes, méfiants envers son autoritarisme et désireux eux-mêmes d'accroître leur pouvoir. La légende suivant laquelle Alexandre aurait donné l'anneau royal à Perdiccas sur son lit de mort lui sert de légitimation royale selon certaines sources[1].

L'autorité de Perdiccas est remise en question dès 323 par Antigone le Borgne et Léonnatos qui refusent tous deux de mener en Cappadoce la guerre au profit d'Eumène de Cardia, le « scribe grec ». Convoqué par Perdiccas devant un tribunal de l'armée, Antigone fuit auprès d'Antipater et de Cratère, alors occupés à réduire la rébellion d'Athènes et de l'Étolie (323-322). Tandis que Léonnatos, une fois arrivé aux portes de la Cappadoce, vole au secours d'Antipater à Lamia, avec l'armée prévue pour la conquête de la Cappadoce[2].

En 322, Perdiccas prend le commandement de l'armée royale en Cappadoce, avec Philippe III à ses côtés. Il défait le dynaste perse Ariarathe qu'il fait crucifier, châtiment que les Perses réservent aux insurgés. Il installe Eumène de Cardia à la tête de la Cappadoce, celui-ci devenant alors son principal allié. Suite à cette victoire, il usurpe à Cratère le titre de prostatès (tuteur) des rois et manifeste son intention de maintenir à son profit l'unité de l'empire. Le conflit éclate avec les diadoques lorsque Antigone révèle à Antipater l'ambition de Perdiccas, lequel était censé épouser Nikaia, une fille d'Antipater. Perdiccas est en effet en contact avec Olympias pour arriver en Macédoine avec la dépouille d'Alexandre et épouser une sœur de celui-ci, Cléopâtre.

[modifier] La défaite de Perdiccas

Mais Perdiccas commet des maladresses stratégiques. Il fait tuer Cynane, une fille de Philippe II, ce qui suscite de forts ressentiments contre lui parmi les défenseurs de la dynastie argéade. Il doit ensuite, sous la pression de ses soldats, accepter le mariage de la fille de Cynane, Eurydice, avec Philippe III, ce qui provoque la colère d'Olympias et de Cléopâtre qui y voient une menace. De plus en 322, il se fait subtiliser la prestigieuse dépouille d'Alexandre par Ptolémée, le satrape d'Égypte, qui détourne le convoi funéraire vers Alexandrie.

Afin de lutter contre la coalition naissante contre lui, il laisse Eumène de Cardia en Asie Mineure avec son frère, Alcétas, pour lutter contre Antipater, Cratère et Antigone et se dirige contre l'Égypte. Mais sa morgue, ainsi que ses échecs devant Péluse et dans sa tentative de traversée du Nil, lui aliènent les soldats dont les Argyraspides. Il est assassiné en 321 av. J.-C. dans sa tente par deux de ses officiers, Peithon, le satrape de Médie et Séleucos, le maître de sa cavalerie.

La mort de Perdiccas sonne à terme le glas de l'unité impériale. Les « forces centrifuges » incarnés par les diadoques n'ont cesse de se déchirer pour le partage de l'empire d'Alexandre. Le conseil de Triparadisos qui suit sa défaite marque le renforcement du pouvoir d'Antipater à la tête de la régence de Macédoine et d'Antigone qui s'implante en Asie. Les grands satrapes (Ptolémée, Séleucos, Lysimaque en tête) n'ont plus à rendre de compte à une autorité centrale.

[modifier] Notes

  1. Cette tradition de la Vulgate d'Alexandre provient de Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XVII, 117, 3 ; Quinte-Curce, Histoire d'Alexandre, X, 6, 16 ; et aussi Cornélius Népos, Eumène, 2, 2. Elle n'est pas présente dans l'Anabase d'Arrien.
  2. Leonnatos manifeste une ambition royale, légitimé qu'il est par sa parenté avec la mère de Philippe II et la promesse d’un mariage avec Cléopâtre, sœur d’Alexandre. Il périt aux pieds des remparts de Lamia.

[modifier] Sources

[modifier] Bibliographie

  • Paul Goukowsky, Alexandre et la conquête de l'Orient dans Le monde grec et l'Orient, II, PUF, 1975 ;
  • Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique 323-30 av. J.-C., Seuil, collection « Points Histoire », Paris, 2003 (ISBN 202060387X).

[modifier] Voir aussi


Diadoques
Antigone le BorgneAntipaterAsandrosCassandre de Macédoine
Eumène de CardiaLéonnatLysimaquePeithonPerdiccasPtoléméeSéleucos