Oskar Lafontaine

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Oskar Lafontaine
Oskar Lafontaine

Oskar Lafontaine est un homme politique allemand, né le 16 septembre 1943 à Sarrelouis, membre du parti La Gauche, ancien président du SPD.

Il est maire de Sarrebruck de 1974 à 1985, ministre-président du Land de Sarre de 1985 à 1998, président du Bundesrat du 1er novembre 1992 au 31 octobre 1993,

Il est candidat en 1990 à la chancellerie contre Helmut Kohl. Pendant cette campagne, il a la carotide tailladée par une déséquilibrée, il perdra plus de trois litres de sang. S'opposant à la convertibilité un pour un entre les monnaies de l'Ouest et de l'Est, il enregistre le pire résultat du SPD aux élections fédérales depuis 1957. Ce score est à relativiser sachant l'euphorie d'alors pour la réunification allemande.

En 1995, il devient président du SPD en battant Rudolf Scharping au congrès de Mannheim. Gerhard Schröder lui ayant été préféré comme candidat à la chancellerie, il devient ministre des Finances du cabinet Schröder I le 27 octobre 1998. Opposé à une politique qu'il juge trop libérale, il démissionne le 11 mars 1999, de son poste de ministre des Finances, de ses mandats électifs et de la présidence du SPD. Il émettra ensuite de violentes critiques à l'encontre du gouvernement de Gerhard Schröder, notamment en publiant quelques mois plus tard le livre Das Herz schlägt links (Le cœur bat à gauche).

Le 24 mai 2005, il annonce sa démission du SPD. Il forme alors une alliance entre l'ancien parti communiste de l'Allemagne de l'Est, le PDS, et son nouveau parti, la WASG, sous le nom Die Linke, soit La Gauche. Cette alliance arrive à dépasser la barre des 5% nécessaire pour rentrer au Bundestag avec 8.7%. C'est également la première fois qu'une formation à gauche de la gauche transcende le clivage est-ouest quinze ans après la Réunification. Depuis le 21 septembre 2005 il est avec Gregor Gysi président de son groupe politique au Bundestag. En décembre 2005, il devient membre du Parti de gauche.

En 2005, il affirme son opposition au projet de Constitution européenne, ainsi que sa filiation avec une partie de la gauche française.

Sommaire

[modifier] Famille, études, travail

Oskar Lafontaine est le fils de Hans Lafontaine, boulanger et de Katharina Lafontaine. Il n'a jamais connu son père tombé pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a un frère jumeau.

Écolier, il est à l'internat : das Bischöfliche Konvikt des Regino-Gymnasiums à Prum située dans l'Eifel.
Il décroche son Abitur, l'équivalent du bac en 1962. Il étudie ensuite à Bonn et Sarrebruck, il est diplomé de physique en 1969.

Jusqu'en 1974, il travaille pour la société de transports publics et d'approvisionnement Sarrebruck et à partir de 1971 en tant que membre de son comité d'administration.

De 1982 à 1988 il est marié à la sculptrice Margret Lafontaine. Il est actuellement marié en troisième noce avec Christa Müller et a deux fils.

[modifier] Vie politique jusqu'en 1990

[modifier] Responsable politique du SPD dans la Sarre

1966 : adhère au SPD.

1968 : élu dans les instances dirigeantes du SPD sarrois.

1970 à 1975 : député à l'intérieur de son État fédéré.

1974 à 1976 : maire de Sarrebruck.

1976 à 1985 : "super maire" (Oberbürgermeister) de Sarrebruck.

1977 à 1996 : président du SPD sarrois.

1980 : conduit la liste du SPD sarrois et obtient une majorité relative. Il remplace ainsi la coalition sortante CDU-FDP.

depuis 2005 : députe de Sarrebruck.

1985 : après un premier essai infructueux, est élu à la majorité absolue premier président SPD de la Sarre. Ce succès sera confirmé en 1990 et 1994. Il a occupé ce poste jusqu'en octobre 1998.

Voir aussi : Cabinet Lafontaine I, Cabinet Lafontaine II, Cabinet Lafontaine III

[modifier] Contre la double-décision de l'OTAN

Cela se réfère à une décision adoptée par l'OTAN le 12 décembre 1979 visant à moderniser les forces nucléaires de théâtre à longue portée. Ainsi 108 missiles Pershing II et 464 missiles de croisière américains seront déployés en Europe. Oskar Lafontaine, opposé à un tel déploiement, exige tout comme Erhard Eppler que la République fédérale d'Allemagne quitte l'OTAN. Il devient ainsi l'une des voix dissidentes à l'intérieur de son propre parti et notamment contre le chancelier Helmut Schmidt. Cette opposition se cristallise clairement dans la population et au sein des membres du SPD après l'échec des négociations sur le désarmement à Genève en automne 1982. L'excitation ambiante due à cette affaire aiguisa les critiques de Lafontaine, il affirma notamment : « Helmut Schmidt parle surtout de sentiment de devoir, d'éventualité, de faisabilité, de fermeté. Ce sont des qualités secondaires. Pour être tout à fait efficace on pourrait aussi utiliser un camp de concentration ». À cause de cette déclaration, il présentera ses excuses à Helmut Schmidt. Son point de vue sur la politique de défense nationale est décrite dans son livre Angst vor den Freunden (Peur face aux amis) sorti en 1983. Selon lui, la stratégie de la dissuasion nucléaire des superpuissances détruit les alliances.

Le 1er septembre 1983, le jour antiguerre, Lafontaine participe avec quelques milliers d'opposants aux armements à un sitting qui durera trois jours devant le dépôt militaire américain à Mutlange, l'endroit précis où les missiles Pershing-II étaient prévus d'être installés. Lors de cette manifestation étaient également présent l'écrivain Heinrich Böll, l'ancien maire de Berlin Heinrich Albertz et quelques autres personnalités.

[modifier] Idées de programme en tant que membre du SPD

En 1987 Willy Brandt propose Lafontaine comme successeur à la présidence du parti, pour avoir notamment un renouvellement générationnel. Lafontaine refuse. Après le retrait de Willy Brandt, il est désigné porte parole du SPD conjointement avec Johannes Rau pour soutenir le nouveau président du SPD Hans-Jochen Vogel.

Lafontaine prend la tête d'une commission qui doit élaborer les grandes lignes d'un nouveau programme pour le SPD. Celui-ci est adopté lors du Congrès de décembre 1989 et incite le SPD à axer ses efforts sur les points suivants : le désarmement au niveau international, l'égalité de l'homme et de la femme au travail et dans la société, une modernisation de l'économie sur le plan de l'écologie, une réforme du système de protection sociale. Dans ce rapport Lafontaine s'engage sur une diminution du temps de travail sans maintien du salaire. Cela lui apportera les critiques des centrales syndicales ouest-allemande. Il est raillé pour être un "modernisateur".

[modifier] Positions sur le processus de réunification

Après la chute du mur de Berlin Lafontaine voulait éviter un effondrement de l'économie est-allemande ainsi que des complications politiques et ceux grâce à l'aide des quatre puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale. Pour favoriser le maintien de la population est-allemande sur son sol, mais aussi pour relever le niveau économique, il proposa un soutien financier. Le 27 novembre 1989 il a en outre conseillé de limiter l'immigration interne de la population est-allemande vers la République fédérale. Il a ainsi chargé le président du Land de la Sarre d'examiner si l'on pouvait en Allemagne de l'Ouest rendre légalement dépendant l'attribution d'un logement et d'un travail. Il s'est alors attiré de nombreuses critiques au sein même de son parti. Notamment le président du SPD Hans-Jochen Vogel le lui reprochera ainsi : « Le mur est tombé et tu essayes de le reconstruire. » (Der Spiegel 51/1989, page 81).

Le chancelier Helmut Kohl présenta son plan en 10 points sur la réunification allemande le 28 novembre 1989 et ainsi développa un intense débat aussi bien à l'intérieur du pays comme à l'étranger. Il défendait alors l'idée d'une confédération de deux États allemands se dirigeant main dans la main vers l'unité, laissant les questions de la reconnaissance de la frontière qui sépare l'Est de l'Ouest ainsi que celle de l'appartenance de l'Allemagne "unie" à des alliances ouvertes. C'est pourquoi Lafontaine mit en garde le SPD le 18 décembre 1989 sur ce qu'il appela un "enivrement national". Il a commenté la participation d'une Allemagne unie à l'OTAN, comme cela avait été publiquement exigé par le conseiller du chancelier Horst Teltschik, comme « une démence historique ». Il critiqua le fait que le plan d'Helmut Kohl n'avait pas été mis au point en concertation avec les anciennes puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale. Sur ce point il se trouva en parfait accord avec Mikhaïl Gorbatchev qui voulait que la RDA reste indépendante et qui ne voulait pas de l'extension de l'OTAN à l'Allemagne de l'Est.

À cause de son opposition au plan d'Helmut Kohl, il passera pour un opposant à l'unité allemande : « il ne l'a pas voulu à l'intérieur et l'a refusé à l'extérieur » dira-t-on. De plus, il lui sera reproché de ne pas émettre de propositions en vue de la réunification mais uniquement des critiques primaires à l'encontre du plan d'Helmut Kohl. Cependant contrairement à cette idée répandue, il n'a pas rejeté l'unité allemande. Il a simplement considéré que l'idée de l'État-nation à l'heure de la construction européenne était démodée. Il a souligné en revanche l'ambition de la sociale-démocratie internationale, l'unité nationale vise comme résultat d'obtenir approximativement le même niveau de vie, et les mêmes chances de développement. Il a cru comme beaucoup de dirigeants du SPD, qu'une "nouvelle" réunification fixe de fausses priorités politiques et réveille chez les pays européens la crainte de voir se développer un renouveau nationaliste en Allemagne. Comme beaucoup de citoyens est-allemands il a voulu dire que la RDA devait se réformer politiquement et économiquement sans pression de la part de l'Ouest. Il voulait ainsi tout d'abord préserver son autonomie. Enfin il a appuyé comme Helmut Kohl une confédération des deux États partiels allemands dans le cadre d'un processus d'unification paneuropéen.

[modifier] Candidat SPD à la chancellerie

Après sa victoire électorale avec 54,4% des voix à l'élection au Landtag dans la Sarre le 28 janvier 1990, Lafontaine a été nommé à l'unanimité par les dirigeant du SPD comme candidat à la chancellerie. Après sa nomination, il s'est entouré de nombreux amis du parti et d'experts économiques européens, dont l'ancien chancelier Helmut Schmidt, le président de la Bundesbank Karl Otto Pöhl, le président de la Commission européenne Jacques Delors, le leader syndical Franz Steinkühler. Il a trouvé un consentement de ses collaborateurs dans son refus d'une Union économique et monétaire rapide. Il a d'ailleurs conditionné sa candidature à cette exigence.

Avant le 13 février 1990, la date du congrès du parti SPD à Leipzig, Lafontaine a présenté ses doutes politiques et économiques. Il avertit qu'une large partie de l'économie agricole et industrielle risquait de s'effondrer en RDA avant que l'union monétaire soit compétitive. Pour soutenir économiquement l'Allemagne de l'Est, il comptait sur des augmentations d'impôts à l'Ouest et des transferts de plusieurs milliards sur des décennies de l'Ouest vers l'Est. Il fit également remarquer que ces hausses d'impôts allaient affaiblir l'investissement en République fédérale ancienne et que des pertes d'emplois provoqueraient une menace pour la cohésion sociale dans toute l'Allemagne. Au lieu d'une introduction brusque du Deutsch Mark, il a recommandé l'introduction d'un taux de change fixe. Après que la Bundesbank eut en avril recommandé un cours d'échange de 2:1 et eu ainsi déclenché une forte protestation en RDA, Lafontaine fit évoluer sa position en appuyant un cours d'échange de 1:1.

Le 25 avril 1990 Lafontaine est gravement blessé lors d'un meeting à Cologne par une déséquilibrée Adelheid Streidel. Les membres SPD du Bundestag s'écarteront de sa ligne politique pendant sa période de convalescence.

Le 18 mai 1990 le gouvernement fédéral négocie avec celui de la RDA le « contrat sur l'union économique, sociale et monétaire ». Cela signifie que la RDA accepte le système économique, sociale et politique de l'Allemagne de l'Ouest. Le 22 juin 1990 par un vote à bulletin secret le SPD, sous la recommandation de Willy Brandt approuve l'union monétaire. À cause des revirements du SPD par rapport à sa propre ligne politique, Lafontaine annonce le retrait de sa candidature au poste de chancelier. Cependant personne d'autre n'était prêt pour le remplacer. Suite à un vote au Bundesrat, seuls Lafontaine, président de la Sarre et Gerhard Schröder, président de la Basse-Saxe, ont refusé l'union monétaire.

Après que les puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale cèdent sur leur refus de voir l'Allemagne reunifiée, le Bundestag et le Bundesrat votent le 20 et 21 septembre 1990 le « contrat d'union ». Cela a permis avec un vote aux deux tiers, l'adhésion de la RDA à la RFA conformément à l'article 23 de la loi fondamentale allemande. Ainsi l'Allemagne est officiellement réunifiée le 3 octobre. Lafontaine développa alors un concept alternatif, plus austère par rapport à l'enthousiasme qu'avait suscité la réunification. Ce fut un échec puisque le SPD enregistra pour les premières élections législatives de l'Allemagne réunifiée, le plus mauvais score depuis 1957 avec 33.5%. Après cet échec Lafontaine se retira de la politique au niveau fédéral, renonca au poste président du SPD qui lui avait été offert. Il restera président de la Sarre.

[modifier] Affaires et modification du droit de la presse

En 1992 le très sérieux hebdomadaire « Der Spiegel » révèle que la retraite de Lafontaine en tant que « super-maire » de Sarrebruck était calculée sans tenir compte de ses revenus de président du Land de la Sarre et que par conséquent il recevait trop d'argent. L'expert financier Hans Herbert von Arnim et la Cour des comptes de la Sarre confirment les faits allégués par le journal. Lafontaine rembourse environ 230 000 marks et évite un procès. La justification avancée était un règlement imprécis, que l'ancienne majorité CDU (au niveau de l'État fédéré) avait mis en place. Cette affaire est connue sous le nom de « affaire des retraites ».

En 1993, le journaliste Kuno Haberbusch de « panorama » enquête sur les relations de Lafontaine avec le monde de la nuit dans les années 1970. Cela sera connu sous le nom des « affaires chaudes ». Le magazine « Der Spiegel » le soupçonne d'avoir rendu des services à des figures du milieu. Lafontaine se dit calomnié. Il rejete tous les reproches qui lui sont fait et empêche la diffusion d'un reportage en prenant un décret adéquat. Il ne nie pas qu'il est souvent allé en boîte de nuit mais refuse toutes les suspicions dérivées qu'il juge infondées. Il critique ce type de journalisme en le qualifiant de « journalisme de porcs ». En 1994, en réponse à ces pratiques, il modifie le droit de la presse de son Land, ce qui conduit à l'interdiction pour les journalistes de commenter les réponses faites par une personne suite à une attaque par une rédaction. Il fait alors face à une opposition considérable de la part de la presse et des médias. Cette intervention dans le droit de la presse a entaché sa réputation dans toute l'Allemagne bien plus que les soupçons dans les affaires chaudes. Néanmoins sa côte de popularité dans la Sarre n'en a pas souffert.

[modifier] Bibliographie

  • Lafontaine, Oskar (1983): Angst vor den Freunden. Die Atomwaffen-Stategie der Supermächte zerstört die Bündnisse. Rowohlt Verlag, Reinbek.
  • Lafontaine, Oskar (1985): Der andere Fortschritt. Verantwortung statt Verweigerung. Hoffmann und Campe Verlag, Hamburg.
  • Lafontaine, Oskar (1988): Die Gesellschaft der Zukunft. Reformpolitik in einer veränderten Welt. Hoffmann und Campe Verlag, Hamburg.
  • Lafontaine, Oskar (1989): Das Lied vom Teilen. Die Debatte über Arbeit und politischen Neubeginn. Hoffmann und Campe Verlag, Hamburg.
  • Lafontaine, Oskar (1990): Deutsche Wahrheiten. Die nationale und die soziale Frage. Hoffmann und Campe Verlag, Hamburg.
  • Lafontaine, Oskar u. Christa Müller (1998): Keine Angst vor der Globalisierung. Wohlstand und Arbeit für alle. Dietz Verlag, Bonn.
  • Lafontaine, Oskar u. Gerhard Schröder [Hrsg.] (1998): Innovationen für Deutschland. Steidl Gerhard Verlag, Göttingen.
  • Lafontaine, Oskar (1999): Das Herz schlägt links. Econ Verlag, München. ISBN 3430159474.
  • Lafontaine, Oskar (2003): Die Wut wächst. Politik braucht Prinzipien. Econ Verlag, München. ISBN 3548364926.
  • Lafontaine, Oskar (2005): Politik für alle. Streitschrift für eine gerechtere Gesellschaft. Econ Verlag, München. ISBN 3430159490.

[modifier] Liens externes


Précédé de :
Theodor Waigel
Ministre allemand des Finances
19981999
Suivi de :
Hans Eichel