Organisation des moudjahiddines du peuple iranien

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Drapeau des Moudjahiddines du peuple iranien.
Drapeau des Moudjahiddines du peuple iranien.

L'Organisation des Moudjahiddines du peuple iranien (OMPI), connue aussi sous l'appellation Mujaheddin-e-Khalq (MeK), est le principal mouvement d'opposition armé en lutte contre le gouvernement théocratique instauré en Iran à la suite de la Révolution islamique.

Elle est inscrite sur la liste des organisations terroristes de l'Union européenne et du département d'État des États-Unis, mais plus du Royaume-Uni depuis mai 2008[1]. L'OMPI est dirigée depuis 1989 par Maryam Radjavi qui se fait appeler « Soleil de la révolution » par les membres de l'organisation[2]qui lui vouent un véritable culte de la personnalité[3].

L'OMPI a été fondée en 1965 par un groupe de jeunes intellectuels iraniens se réclamant d'un islam tolérant et progressiste, teinté d'idéologie de gauche. L'organisation a été qualifiée d'organisation islamo-marxiste par la Savak (police politique du chah). L’organisation est fondée pour mener une guérilla urbaine visant à ébranler le gouvernement du chah. Ses fondateurs sont arrêtés et exécutés en 1971, sous le régime des Pahlavi.

Durant les années 1970, l'OMPI prend une part importante dans la lutte contre le régime du chah et participe activement au renversement de la monarchie en 1979. Après la révolution iranienne, l'OMPI refuse de laisser le pouvoir à Rouhollah Khomeini et mène une intense activité politique, bien que sa liberté d'action soit de plus en plus restreinte par le gouvernement. Il dénonce la réduction de l'espace démocratique et tente de s'opposer à la mainmise exclusive du clergé chiite sur l'État.

Le 20 juin 1981 (30 Khordad 1360), l'OMPI organise une manifestation rassemblant un demi-million de personnes à Téhéran. Cette manifestation est sévèrement réprimée par le gouvernement et le mouvement est déclaré hors-la-loi.

Le 28 juin 1981, un attentat à la bombe au siège du Parti républicain islamique, attribué au MEK par le gouvernement iranien, tue 73 personnes.[4]

Massoud Radjavi, chef de l'OMPI, fonde à Téhéran avec d'autres figures de l'opposition le Conseil national de la résistance d'Iran (CNRI), qui regroupe les forces d'opposition qui se sont opposées à la dictature du chah mais qui rejettent la théocratie de Khomeini.

En juillet 1981, Radjavi quitte Téhéran et s'installe en France. Hors du Moyen-Orient, le mouvement se fait discret.

Mais l'OMPI développe aussi sa lutte à partir de l'Irak en 1986 où il crée l'Armée de libération nationale d'Iran (ALNI). Disposant un temps d'une réelle capacité militaire, elle mène des opérations d'envergure pour ensuite privilégier l'action subversive. Pendant la guerre entre l'Iran et l'Irak, les forces de l’OMPI attaquent régulièrement les troupes iraniennes le long de la frontière et opèrent plusieurs incursions en Iran.

En 1988 après l'entrée en vigueur du cessez-le feu, l'ALNI tente d'envahir l'Iran, lors de l'opération baptisée : Illumination éternelle (en persan : Foruq-i Javidan) ce qui se solde par un cuisant échec : le groupe est pris dans une embuscade. Plus tard en 1998 l'OMPI admettra avoir eu 1 304 combattants tués et 1100 blessés lors de l'opération. Ceci déclenche un vague de répression interne à l'OMPI.[5]

À la fin de la guerre entre l'Iran et l'Iraq 1988, les tribunaux iraniens d'exception ordonnent l’exécution de milliers de prisonniers politiques, dont de nombreux membres des Moudjahiddines du Peuple. En 1988, Téhéran lance une nouvelle vague d'arrestation contre l'OMPI en Iran. La quasi-totalité des prisonniers politiques sympathisants sont sommairement exécutés (selon l'OMPI, depuis 1981, plus de 120 000 opposants politiques ont été exécutés en Iran).[réf. nécessaire]

Les services du gouvernement iranien procèdent à l'élimination physique de plusieurs membres du mouvement sur le sol européen.[réf. nécessaire]

Malgré cela, l'OMPI parvient à réaliser quelques opérations spectaculaires en Iran, notamment l'assassinat d'une haute personnalité militaire iranienne à Téhéran en 1999 et des tirs de roquettes sporadiques sur la capitale. En 1991, selon d'anciens membres de l'OMPI[6] et l'Union patriotique du Kurdistan, l'OMPI participe à la répression de l'Insurrection en Irak de 1991 , notamment à la reprise de Kirkouk[7] .

Suite à l'élection du président Mohammad Khatami en Iran en 1997, les pays de l'Union européenne ont opté pour une politique de rapprochement économique et politique modérée avec l'Iran.

En 2002, l'OMPI est placée sur la liste européenne des organisations terroristes de la France et de l'Union européenne à la demande de Téhéran, les États-Unis le font dès 1997.

Suite aux perquisitions effectuées au QG de l'OMPI en France, par la justice francaise le 17 juin 2003, plusieurs membres de l'OMPI s'immolent par le feu en guise de protestation.[8]

Après la chute du Saddam Hussein en 2003, l'armée américaine a signé un cessez-le-feu avec l'OMPI qui continue à disposer de bases sur le sol irakien. L'armée américaine a confisqué aux moudjahidinnes du peuple quelques 2139 chars, blindés et pièces d'artillerie.[9]

Dans un rapport de mai 2005 [10], Human Rights Watch souligne les mauvais traitements que l'Organisation aurait fait subir à ses membres dissidents. En septembre 2005 une mission d'enquête composée de parlementaires européens qui s'est rendue à la base Achraf de l'OMPI en Irak, a publié un rapport[11] rejetant les accusations de l'HRW. Dans un nouveau rapport publié en 2006[12], HRW rejette les critiques des moujahidins en faisant remarquer que ses accusations de torture dans le camp Achraf portent sur la période 1991-2003 ; période durant laquelle la commission d'enquête européenne ne s'est jamais rendue à Achraf.

Depuis quelques années, l'OMPI et le CNRI mènent une campagne auprès de l'Europe et les États-Unis pour sortir l'OMPI de la liste des organisations terroristes.

En décembre 2005, La Commission des Relations extérieures et de la Défense du Sénat belge a adopté une résolution visant le gouvernement belge à examiner, dans le cadre de l'UE s'il est justifié, sur la base de toutes les informations pertinentes actualisées, de continuer à mentionner l'OMPI sur la liste des organisations terroristes.[13]

Sommaire

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Ervand Abrahamian, Radical Islam, The iranian Mojahedin, IB Tauris, 1989
  • Mehdi Abrichamtchi, Iran. Moudjahidines du peuple: la résistance aux ayatollahs

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références