Obélix et compagnie

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Obélix et compagnie est le vingt-troisième album de la série de bande dessinée Astérix le Gaulois de René Goscinny (scénario) et Albert Uderzo (dessin), prépublié en 1976 dans l'hebdomadaire Le Nouvel Observateur puis publié en album en 1976.

  • Tirage original : 1'350'000 exemplaires

Sommaire

[modifier] Synopsis

Un jeune Romain ambitieux, Caius Saugrenus, suggère à César d'essayer de corrompre les Gaulois qui lui résistent (encore et toujours) puisqu'il est impossible de les vaincre militairement. Ayant reçu carte blanche, Saugrenus imagine d'acheter les menhirs qu'Obélix transporte sempiternellement sur son dos depuis le début de la série. Rapidement couvert d'or par le Romain, qui veut toujours plus de menhirs, Obélix est obligé d'embaucher des assistants, de payer des chasseurs etc... et devient le moteur économique du village. Les autres gaulois, jaloux du succès d'Obélix, décident (par suggestion d'Astérix) de tailler des menhirs eux aussi et au bout d'un certain temps, la moitié du village fait des menhirs et l'autre moitié la nourrit.

Cependant, César s'alarmant des dépenses de Saugrenus, celui-ci entreprend de revendre les menhirs au public Romain grâce à une campagne de publicité extraordinaire. De fil en aiguille, une gigantesque crise économique et sociale secoue l'Empire Romain tout entier...

[modifier] Clin d'œil

Caius Saugrenus, qui sort de la "Nouvelle Ecole d'Affranchis", est une caricature des Enarques, souvent accusés de tous les maux en France. Uderzo lui a d'ailleurs donné les traits de Jacques Chirac (promotion Vauban) alors jeune premier ministre de la France.

[modifier] Analyse économique

Cette bande dessinée est parfois utilisée comme étude de cas (simplifiée) en classe d'économie de premier cycle, pour son analyse de l'intervention de l'État, et la dénonciation des économies mono-produit. L'album présente avec adresse les avantages et les désavantages de l'intervention de l'État dans l'économie. Par le biais de la commande de menhirs l'ensemble de l'activité du village est stimulé. On observe la description de nombreux phénomènes économiques.

Les commandes initiales de l'État, provoquent l'emploi d'Obélix, puis de ses chasseurs, de la femme d'Agecanonix...

Le menhir, objet inutile par excellence (de nos jours, personne n'essaierait de vendre quelque chose de complètement inutile) n'a pas de prix, (« ça coûte combien ? – Ben je ne sais pas… »). Mais Saugrenus va arbitrairement lui en donner un, qui va de plus monter rapidement. Voyant les profits réalisés par Obélix, de nombreux habitants du village vont abandonner leurs productions respectives et utiles (poissonnerie, forge, etc.) afin de se consacrer au menhir, secteur dont l'avenir n'est qu'une illusion entretenue par l'État et qui n'apporte rien à la société. Les économies de nombreux pays font de même (Égypte, Rome, Grèce, Phénicie…). De fait, de nombreux libéraux estiment que toute intervention de l'État, parce qu'elle modifie artificiellement la pertinence des prix, détourne les facteurs de production de leur allocation optimale.

A Rome, le besoin se fait sentir de vendre des menhirs. Ici rentre en jeu le marketing, présenté comme une méthode scientifique pouvant faire vendre n'importe quoi, notamment sur la base de lois sociales comme le snob effect ("ce qui rend jaloux les voisins"). Le tout sans négliger les produits dérivés.

L'échec final de cette stratégie marketing provoque la ruine de l'État (César en l'occurrence). Saugrenus tente donc de mettre fin aux aides accordées à l'industrie du menhir. Le résultat est la grande bagarre finale. Ainsi en économie la loi de Wagner explique que l'État ne peut revenir sur les aides qu'il a accordées, souvent considérées comme des acquis sociaux, sans provoquer la colère de la rue.

A Rome, César se résigne à dévaluer le Sesterce afin de limiter les dettes de l'État, contractée suite à la grande crise du menhir. L'inflation est souvent vue par les libéraux comme l'aboutissement essentiel des politiques de relance de l'État.

D'un point de vue plus général, l'album se montre critique vis-à-vis du keynésianisme, et du capitalisme dans son ensemble, illustrant le « désenchantement du monde » (Max Weber) qu'ils provoquent.

[modifier] Caricatures