Nécrophilie

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La nécrophilie est une paraphilie caractérisée par l'attirance pour les personnes inconscientes, notamment les comateux et les cadavres. L'utilisation familière du terme désigne la pratique consistant à avoir des relations sexuelles avec des personnes décédées.

La nécrophilie est l'un des motifs principaux de l'utilisation de produits incapacitants (tel que le GHB), dites drogues de viol, lors de « viols commis par une connaissance » (« acquaintance ("date") rape » en anglais).

La nécrophilie est également la motivation de quelques tueurs en série comme Ed Gein ou Jeffrey Dahmer qui ont mangé leurs victimes après les avoir tuées (voir anthropophagie). Certains meurtriers ont déclaré avoir ressenti une excitation sexuelle pendant qu'ils tuaient, comme Karla Faye Tucker, qui a prétendu avoir eu un orgasme en tuant Jerry Lynn Dean à la hache.

Sommaire

[modifier] Statut juridique

En tant qu'anomalies psychologiques, les penchants nécrophiles ne sont pas spécifiquement illégaux. Les pratiques BDSM et les jeux de rôles impliquant l'inconscience simulée d'un des participants sont parfaitement légaux.

En revanche, les relations sexuelles avec une personne décédée sont proscrites dans la plupart des pays (et socialement admises pratiquement nulle part). L'abus sexuel d'une personne droguée et inconsciente est généralement considéré comme un viol et sévèrement puni.

En France, l'article L225-17 du Code pénal punit d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende toute atteinte à l'intégrité du cadavre, par quelque moyen que ce soit.

Le Royaume-Uni a rendu la pénétration sexuelle d'un cadavre illégale par la loi dite Sexual Offenses Act 2003 et passible de deux ans de prison.

Aux États-Unis, la plupart des états proscrivent cette pratique, bien qu'ils formulent la plupart du temps l'interdiction par le terme plus flou d'« abus sur un cadavre ». Jusqu'en 2004, la Californie possédait des lois contre la mutilation de cadavres et la profanation de tombes, mais rien de spécifique concernant l'acte sexuel avec un cadavre. Le 10 septembre 2004, le gouverneur Arnold Schwarzenegger signa un projet de loi rendant criminel de tels actes, avec une peine maximale de huit ans de prison.

[modifier] Point de vue moral

Un acte sexuel avec un cadavre est généralement considéré comme socialement inacceptable. Le fait que la victime n'aurait pas consenti à l'acte de son vivant l'apparente au viol d'une personne décédée. Pratiquement toutes les sociétés humaines condamnent l'abus des morts comme une forme d'irrespect symbolique. Dans de très rares cas, cependant, les actes de nécrophilie peuvent être consentis : par exemple, dans le cas d'Armin Meiwes, la victime, Bernd Jürgen Armando Brandes, avait donné son consentement à la mutilation et à la mort qui lui furent infligées.

[modifier] La nécrophilie dans l'art

[modifier] Littérature

Les relations entre l'amour et la mort sont fréquemment utilisées comme expressions artistiques, notamment chez les romantiques. La tragédie Roméo et Juliette de Shakespeare se termine avec les deux jeunes amants unis dans la mort. Edgar Allan Poe a décrit la mort d'une jolie jeune femme comme l'une des plus belles images qui soit (il n'approuvait pas la mort de cette jeune femme, mais pour lui, la mélancolie et la souffrance étaient des sources de beauté). Baudelaire compare son amante Jeanne Duval à un cadavre en putréfaction dans son poème Une charogne. Dans le Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley, la créature est confectionnée à partir de morceaux de cadavres.

La Belle au bois dormant de Charles Perrault peut être également considéré comme un exemple de nécrophilie dans la littérature classique, surtout si l'on se réfère à la définition initiale (attirance pour les personnes inconscientes).

Une référence plus récente en matière littéraire sur le sujet est le roman Le Nécrophile, de Gabrielle Wittkop, paru en 1972, où l'auteur décrit de façon minutieuse et réaliste l'univers du nécrophile, ses sentiments, et relate de nombreux détails sur ses méthodes, ses habitudes, ses sensations.

[modifier] Musique

De nombreux artistes musicaux se sont penchés sur la connexion romantique entre la mort et l'amour. Dans les années 1970, le chanteur de heavy metal Alice Cooper a enregistré quelques chansons à propos de la nécrophilie (I Love the Dead, Cold Ethyl), de même que le chanteur français Jean Guidoni en 1980 (Chanson pour le Cadavre Exquis : « je ne viole personne, je ne pollue qu'une ombre »). En 1985 , Le Groupe Californien Slayer publie Necrophiliac surl'album Hell Awaits. En 1993, le vidéo-clip de la chanson Last Dance with Mary-Jane de Tom Petty montrait le chanteur simulant diverses poses romantiques avec une femme morte (jouée par Kim Basinger).

Dans la chanson Where the wild roses grow, Nick Cave et Kylie Minogue chantent en duo l'histoire du meurtre d'une jeune femme motivé par le fait que « toute beauté doit mourir ». Au début des années 2000, le groupe finlandais HIM a connu le succès en Europe avec le titre Join Me in Death. En règle générale, ce thème est régulièrement abordé par les groupes de musique gothique, de death metal, de grindcore et autres sous-genres. Par exemple le chanteur du groupe Murderdolls, Wednesday 13, a, dans son premier album solo, écrit et interprété une chanson appelée I want you... dead. Ce titre est à prendre dans le sens nécrophile.Le morceau "night shift de siouxsie and the banshees raconte l'histoire d'un nécrophile dont la passion est de violer des femmes mortes dans des cimetières, comme le sergent Bertrand.

[modifier] Cinéma

Le cinéma a également traité de la nécrophilie. Le très controversé film allemand Nekromantik offre une représentation graphique de nécrophilie sexuelle et le film canadien Kissed raconte l'histoire d'une femme qui travaille dans une morgue et qui se découvre une attirance érotique pour les corps dont elle s'occupe. En France, le film de Patrick Bouchitey Lune froide, sélectionné au festival de Cannes en 1991, raconte les errances et les amours nécrophiles de deux marginaux. Ce film fut à l'origine un court métrage tiré d'une nouvelle de Bukowski, qui reçut le César du meilleur court métrage de fiction en 1990. Dans J'aimerais pas crever un dimanche sorti en 1998, le personnage interprété par Jean-Marc Barr ramène à la vie par accident le cadavre d'une femme en lui faisant l'amour. Dans les films danois et américain d'Ole Bordejnal Le veilleur de nuit, le gardien d'une morgue est accusé de pédophilie (Ewan Mac Gregor, Nick Nolte...) Plus récemment, le japonais Takashi Miike aborda le sujet dans Visitor Q, sorti en 2001.

En ce début de XXIe siècle, on peut aussi citer le réalisateur espagnol Pedro Almodovar, qui traite de ce sujet dans Parle avec elle (Hable con ella) où un homme tombe amoureux d'une femme dans le coma. Un cas similaire se trouve dans Kill Bill, où un infirmier fait le commerce du corps de l'héroïne (Uma Thurman) alors que celle-ci se trouve dans le coma. L'héroïne de les noces funèbres de Tim Burton est morte au long du film.

Une autre évocation de la connexion émotionnelle entre l'amour et la mort existe lorsque l'amour survit après le décès d'une personne. Certaines « histoires de fantômes » utilisent ce thème de l'amour éternel et décrivent la manifestation de l'amour de personnes décédées pour un individu vivant, la plupart du temps sous forme de fantômes ou de poltergeists.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • Benjamin Ball, La folie érotique, Librairie J.-B. Baillière et fils, Paris, 1888, réédition : L'Harmattan, 2001 lire,