Mythe au Moyen Âge et à la Renaissance

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[modifier] Survivance des mythes antiques

Ni les dieux ni les héros ne meurent avec l'empire romain. Ils survivent dans les croyances des paysans, des pagani, « païens » aux yeux de l'Église, malgré l'interdiction de leurs cultes. Un processus d'assimilation s'engage, les temples non détruits sont transformés en églises. Certains dieux deviennent des saints (Hermès portant Dionysos devient Saint Christophe), d'autres des démons (Pan en tête ; Dionysos donne à la fois Saint Denys et le Diable).

La mythologie est désacralisée dans la culture, déguisée par les clercs à travers les exégèses historiques, allégoriques, physiques et morales qu'ils font déjà des Anciens. Mais la tradition figurative est assurée :

  • sarcophages transformés en autels ;
  • fragments sculptés réutilisés dans les église ;
  • formes et motifs copiés, puis remaniés, déguisés et évoluants, bien vivants donc ;
  • les Dioscures (Castor et Pollux), Cupidon et Psyché figurent sur les tombeaux chrétiens ;
  • l'enlèvement de Déjanire sur un portail de Chartres.

Les apologistes chrétiens adoptent l'interprétation evhémériste qui voit dans les dieux et les héros des individus d'exception divinisés par leurs contemporains. Les chroniqueurs les situent dans les annales de l'humanité par rapport aux figures de l'Histoire Sainte.

Dédale, Héraclès, Orphée, héros civilisateurs, sont présents à côté des prophètes, au Campanile de Giotto, à Florence. L'identification des dieux aux astres, devenue astrologique sous l'influence des cultes orientaux, trouve des renforts au XIIe siècle dans la science arabe. Des manuels enseignent comment conjurer l'influence des puissances célestes, et les gemmes gravées à l'image des dieux ont l'efficacité de talismans.

Dans la lignée de l'interprétation allégorique, les « fables » font l'objet d'un déchiffrement qui en révèle le sens spirituel : Danaé est assimilée à la Vierge, Déméter cherchant sa fille représente l'Église ramenant vers elle les âmes pécheresse, etc. L'Ovide moralisé parait au début du XIVe siècle.

L'originalité de la Renaissance est, à l'inverse, de rendre aux dieux, le plus souvent défigurés, leurs formes classiques, à partir des collections d'antiquités, copiées par certains artistes, tel l'Antico, à la charnière des XVe et XVIe siècles. Parallèlement l'interprétation allégorique se ressource aux spéculations des néo-platoniciens du XVe siècle (Pic de la Mirandole, Marsile Ficin) qui inspirent les artistes : dans l'œuvre de Raphaël, Marsyas dépecé par Apollon, les tourments de Psyché illustreraient la valeur purificatrice des épreuves.
Elle s'enrichit également de significations historiques et politiques : au palais du Té à Mantoue, Zeus foudroyant les Géants mettrait en scène l'action de Charles Quint rétablissant le pouvoir impérial en Italie. Pour les humanistes la fable n'est plus mensongère ni impie. Elle est la croyance des Anciens. Ils la respectent, l'admirent et rêvent de conciliation. Les poètes de la Pléiade s'attachent à ressusciter les genres littéraires antiques. Le programme énoncé par Du Bellay, qui incite au « pillage » des Anciens, s'articule sur la notion d'imitation créative. Ronsard le réalise pleinement dans ses Odes pindariques : la mythologie, avec ses héros, ses figures, ses formules, constitue la langue même de sa poésie, érudite assurément, stupéfiante jusqu'en ses obscurités, à coup sûr inspirée par les Muses qu'il fait revivre avec tant de fraîcheur.

[modifier] Création de nouveau mythes

Les chroniqueurs médiévaux et leurs premiers successeurs modernes ne tardent pas à faire appel au mythe pour l'origine de leurs États.

Parodiant l’Énéide, chaque peuple s'ingénie à se trouver un ancêtre remontant aux Troyens pour prétendre à une antiquité au moins égale à celle des Romains, les Français « découvrent » Francion, les Bretons Brut.

[modifier] Voir aussi