Morel de Vindé

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Portrait de Charles-Gilbert MdV
Portrait de Charles-Gilbert MdV

Le vicomte Charles Gilbert Morel de Vindé, né le 20 janvier 1759 à Paris, mort le 19 décembre 1842 à Paris, était à la fois, homme de loi, Pair de France, agronome et littérateur.

Sommaire

[modifier] Ses origines

Charles Gilbert Morel de Vindé est né à Paris le 20 janvier 1759 sous Louis XV. Il devient très tôt orphelin : sa mère, Anne-Catherine Paignon-Dijonval, décède 6 jours après sa naissance, et son père, Charles François Morel, en août 1763. Il n'a alors que 4 ans et demi lorsqu'il est, semble-t-il, confié à la tutelle ou du moins à la garde, de son grand-père maternel, Gilbert Paignon-Dijonval, qui sera à l'origine de sa fortune, de son sens des affaires et de son goût pour les Arts et les Sciences. Suivant les documents et les lieux, il est connu sous le nom de vicomte de Morel-Vindé ou vicomte Morel de Vindé.

Son blason
Son blason

[modifier] Son portrait

Voici son signalement tel que nous le trouvons sur une "permission de port d'armes" lui ayant été accordée par la Préfecture de Versailles le 10 mars 1810 sous le n° 917 et valable pour l'année 1811 : "âgé de 50 ans ; taille d'un mètre 68 ; sourcils bruns ; yeux gris ; front rond ; nez aquilin ; bouche moyenne ; menton rond ; visage ovale".

[modifier] Sa carrière

Dès 19 ans, en 1778, il est nommé Conseiller des Enquêtes au Parlement de Paris, dans la droite ligne de ses aïeux. L'année suivante, il est appelé sans sa participation à présider l'un des six tribunaux de Paris (quartier des Tuileries), fonction qu'il accepte dans l'espoir d'y trouver l'occasion de servir le roi.

Il adopte avec modération les idées nouvelles de la Révolution française. Ainsi le 28 février 1791, il sauve des suites de cette soirée les huit serviteurs du roi arrêtés au château. Après la fuite manquée du roi, il est proposé, le 2 juillet 1791, comme précepteur du Dauphin, mais il n'est pas agréé. Il juge alors que sa position à Paris devient dangereuse, et que sa situation de fortune considérable (il avait recueilli les riches successions de ses grands-parents) l'expose à tous les dangers. Il démissionne de ses fonctions de juge, et prend la ferme résolution de se tenir éloigné de toutes fonctions publiques, disparaissant de cette vie politique beaucoup trop risquée, à laquelle d'ailleurs il ne reviendra jamais vraiment.

Pour avoir un constant et plausible prétexte de refus, il affecte à partir de cette époque de se livrer exclusivement aux travaux agricoles, que d'ailleurs il entend fort bien. Mais il ne se trouve pas moins exposé aux périls qu'il avait appréhendés. Lors des Massacres de septembre (1792), il est désigné comme l'une des victimes, et on vient à son domicile pour l'arrêter. Heureusement il est absent, et il réussit ultérieurement à se soustraire aux rigueurs de la Terreur.

Il se consacre alors à la culture des lettres et des sciences et aux travaux d'agronomie. Se livrant à des observations et des expériences agricoles, il publie sur la culture et sur les troupeaux de nombreux mémoires, qui lui valent le titre de membre ou de correspondant des sociétés d'agriculture de Paris, de Versailles, de Lille, de Caen, de Toulouse, etc. Ses publications sur le mérinos lui valent d'être nommé en 1808 correspondant de l'Institut pour la section d'économie rurale.

Il n'a pas d'autre titre que ces travaux, pour qu'à la Restauration, il soit fait Chevalier de l'Ordre Royal de la Légion d'honneur le 6 décembre 1814, et, à la "2e Restauration", il soit promu Pair de France et Baron héréditaire par deux ordonnances du 17 août 1815, puis enfin Baron Pair en 1817. Il siégera jusqu'à sa mort à la Chambre Haute, mais en n'y paraissant que rarement, remplissant un rôle aussi effacé que sous les deux règnes précédents, évitant les divers procès politiques qui y seront déférés. Toutefois il votera pour la mort dans le procès du maréchal Ney.

En 1819, Morel Vindé est appelé à faire partie du Conseil de l'Agriculture, auprès du Ministère de l'Intérieur. Il est en 1820 nommé Vicomte, Pair héréditaire, et autorisé à "transmettre ses rangs, titres et dignités" à son petit-fils, Charles Louis Terray, né en 1803. Enfin, il est élu Membre de l'Académie des sciences le 13 décembre 1824 (section d'économie rurale), sous Charles X et devient donc ipso facto membre de l'Institut Royal de France.

Il décède le 19 décembre 1842 à son domicile parisien du 11, Boulevard de la Madeleine à l'âge de 83 ans. Il est enterré sur ses terres à l'écart du cimetière de La Celle-Saint-Cloud, aux cotés de son épouse, décédée dans cette même commune, le 19 juillet 1835. Son éloge est prononcé à la Chambre des pairs par le marquis d'Audiffret. Ses immenses collections (plusieurs milliers d'ouvrages et de cartes) seront versées à la bibliothèque du Sénat et s'y trouvent toujours.

[modifier] Ses réalisations

Il écrit aussi un livre sur la maladie du charbon des moutons, où, bien avant Pasteur, il semble avoir l’intuition de l’existence des microbes et de leur rôle dans cette maladie. Jean Rostand reconnaîtra sa clairvoyance en biologie et son avance sur son temps.

Outre ses écrits sur l'agriculture et sur les troupeaux de moutons mérinos, Morel de Vindé a publié quelques ouvrages de littérature. Celui qui a obtenu le plus de succès est un petit traité de morale mis à la portée des enfants et exprimé en quatrains. Ce livre est intitulé « La Morale de l'enfance ».

Château de la Celle
Château de la Celle

Il a été propriétaire du Château de la Celle dans la commune de La Celle-Saint-Cloud de 1804 à 1842, ou il éleva l'un des plus beaux troupeaux de moutons mérinos de son époque. Le roi Louis XVIII y fut reçu. Il fut aussi un très généreux donateur auprès de sa commune et donna soit les terrains, soit les sommes qui permirent de bâtir des bâtiments d'intérêt public (mairie, maison du médecin, école, presbytère et infirmerie). Enfin, il fit une donation en 1829 qui permit, à la commune, de faire soigner les indigents pendant des dizaines d'années après sa mort.

La commune reconnaissante, a donné son nom à une rue du bourg et à un groupe scolaire primaire.

[modifier] Ses propriétés

  • Hôtel de Montesson (75) construit par Alexandre Théodore Brongniart vers 1770
  • Hôtel de Grammont (75) angle rue Grange-Batelière
  • Le Château de Magnanville (78) acheté en 1790 et détruit largement en 1803
  • Le Château de Courtavant (10)
  • Le château de la Celle Saint-Cloud (78) acheté le 25 février 1804 et revendu par ses héritiers en 1844
  • Hôtel particulier 11, boulevard de la Madeleine à Paris (75)

[modifier] Sa famille

Il hérite de son grand-père maternel Gilbert Paignon Dijonval, une très importante collection d'objets et de curiosités dont on peut voir encore quelques vivants témoignages au Château de La Motte-Tilly. Le 1er mai 1780, il épouse sa nièce "à la mode de Bretagne" : Marie Renée Elisabeth Choppin d'Arnouville. Ils auront deux filles dont une qui mourra en bas âge. Leur fille Claire épousera en 1800, Claude Hippolyte Terray.

[modifier] Œuvres

[modifier] Ses romans

  • Primerose, 1797
  • Clémence de Lautrec, 1798
  • Zélomir, 1800

[modifier] Essais

  • La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, mise à la portée de tout le monde, 1790
  • Etrennes d'un père à ses enfants ou Collection de quatrains moraux, réédité sous le titre Morale de l'enfance, 1790
  • Essai sur les mœurs de la fin du XVIIIe siècle, 1794
  • Des révolutions du globe, conjectures formées d'après les découvertes de Lavoisier, 1797

[modifier] Traités agronomiques

  • Modèle d'un bail à ferme, 1799
  • Mémoire sur l'exacte parité des laines mérinos de France et d'Espagne, 1807
  • Mémoire et Instructions sur les troupeaux de progression, 1808
  • Suite des observations sur la monte et l'attelage, 1808
  • Notice sommaire sur les assolements adoptés à la Celle Saint-Cloud, 1816
  • Quelques observations rapides sur la théorie des assolements, 1822
  • Essai sur les constructions rurales économiques, 1824
  • Considérations sur le morcellement de la propriété territoriale en France, 1826
  • Théorie sur la population, 1829
  • Rateliers adoptés sur la Celle Saint-Cloud, près Versailles, etc.

[modifier] Sources & liens

  • Pierre Larousse : Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 15 volumes, (1863-1890)
  • Louis Gabriel Michaud : Biographie universelle ancienne et moderne (35 vol. 1773-1858)
  • Adolphe Robert et Gaston Cougny : Dictionnaire des parlementaires français (1889)
  • Souvenirs du baron de Frénilly, pair de France (1768-1828). Publié avec introduction et notes par Arthur Chuquet (1908) Texte en ligne