Moïse de Khorène
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Moïse de Khorène est un écrivain, intellectuel et savant arménien du Ve siècle [?]. Il a écrit une Histoire de l'Arménie.
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[modifier] Biographie
Moïse de Khorène est un personnage énigmatique. La période à laquelle il vécut est encore inconnue, certains historiens situant sa vie au IXe siècle, d'autres au VIe siècle, ou encore au Ve siècle, cette dernière hypothèse étant la plus rationnelle[2]. De son vrai nom Movses Khorenatsi[3], il écrivit une Histoire de l'Arménie sur commande du prince Sahak II Bagratouni, vers le Ve ou le VIe siècle.
Moïse de Khorène est né dans un village dénommé Khorni, dans la province du Taron. Son lieu de naissance lui a d'ailleurs donné son nom. Il reçoit un enseignement de la part de son oncle Mesrop Machtots, puis il s'en va perfectionner ses études de langues en Grèce, en Égypte et en Syrie. Il visite différents lieux, fréquente de célèbres savants. Il acquiert, selon une tradition, une grande renommée comme rhéteur. Moïse de Khorène rentre en Arménie, qui est dans un état déplorable. Les personnes qu'a connues Moïse sont mortes, et le pays connaît une sorte d'anarchie intellectuelle. Il vit par la suite pendant dix ans dans la misère.
À la fin de cette période, l'Arménie connaît un renouveau et de nombreuses personnes viennent voir Moïse ; c'est vraisemblablement à cette époque qu'il écrit son Histoire de l'Arménie.
La date de sa mort n'est pas connue, mas il aurait atteint une vieillesse extrême. Une légende raconte qu'il aurait vécu plus d'un siècle.
[modifier] Histoire de l'Arménie
Moïse de Khorène a tenté de retracer toute l'histoire de l'Arménie durant l'antiquité, des origines jusqu'à son époque. Pour cela il a confronté des traditions historiographiques très diverses : des sources antiques gréco-romaines, des sources bibliques, juives (Flavius Josèphe) et chrétiennes, et bien sûr des sources arméniennes et locales[4]. Ce sont ces dernières qui font son intérêt : Moïse donne accès à des traditions et des récits que nul autre livre n'a conservés. Malheureusement il n'a pas toujours le recul et les compétences suffisantes pour une démarche d'une telle ampleur et d'une telle ambition. Son récit est donc déformé par de graves erreurs chronologiques, et ne peut donc pas servir tel quel pour écrire l'histoire de l'Arménie antique. La diversité de ses sources explique aussi l'hétérogénéité de son information parfois très factuelle, mais très souvent aussi issue de légendes et de traditions peut-être parfois orales.
[modifier] Résumé
Le récit se compose principalement de trois grands chapitres, nommés « livres ».
Dans le premier livre, intitulé Généalogie de l'Arménie majeure, Moïse relate les origines — légendaires — du peuple arménien, qui descendrait de Haïk (éponyme des Arméniens). Celui-ci serait alors un enfant de Torgom, arrière-petit-fils de Japhet, lui-même fils de Noé. On rencontre souvent cette légende en Arménie qui par ailleurs est la plus importante du folklore traditionnel.
Le second livre concerne l'époque qui va de la conquête de l'Orient par Alexandre le Grand (vers le IVe siècle av. J.-C.) à l'époque de Tiridate (dont le règne se termine la même année que le traité de Nisibe, en 298). Selon Moïse de Khorène, c'est une période qui connaît des épisodes fastes (comme le règne du fameux Tigrane II) et des moments plus sombres (comme vers les années 1 à 52 après J.-C.). L'identité arménienne apparaît et devient puissante, notamment par la christianisation.
Enfin, le troisième et dernier livre narre l'histoire des Arméniens durant les IVe et Ve siècles, allant même jusqu'aux années 440. L'auteur affirme qu'il s'agit une période de « décadence » profonde (c'est pourtant pendant ce temps que l'identité arménienne se confirme avec la création de l'alphabet arménien que Moïse ne manque pas de raconter).
[modifier] Extraits
Voici quelques extraits du livre Histoire de l'Arménie :
« […] Bêl, calme et tranquille, avec son armée immense, se tenait à gauche du cours d'eau, sur un promontoire, comme à un poste d'observation. […] Et Haïk, voyant le géant massivement armé, placa Armaniak avec deux de ses frères sur la droite et Kadmos[5] sur la gauche . […]
Les géants des deux côtés, fondant les uns sur les autres, soulevaient dans leurs combats un terrible fracas sur la terre, et les fils des colosses s'inspiraient mutuellement d'épouvantables frayeurs par la manière de leurs attaques. […] »
— Moïse de Khorène, Histoire de l'Arménie, Livre I, 11.
« […] Comme Artachês refusait de rendre le jeune homme, la sœur de celui-ci s'avance au bord du fleuve […] et crie vers le camp d'Artachês, par la bouche des interprètes :
« Je t'en prie, Artachês, ô valeureux héros,
Vainqueur de la vaillance race des Alan,
Viens, consens aux prières que t'adressent
Leur filles aux yeux charmants,
Et rends-nous le jeune homme ! » […] »
— Moïse de Khorène, Histoire de l'Arménie, Livre II, 50.
[modifier] Galerie
[modifier] Notes et références
- ↑ C'est ce qui a pu faire croire à certains historiens que Moïse de Khorène aurait vécu du Xe au XVe siècles siècle et non au Haut-Moyen Âge.
- ↑ Cette question est à l'origine d'un débat entre les spécialistes.
- ↑ Moïse de Khorène est la traduction française, tsi étant en arménien l'équivalent de « de ». Exemple : Anania de Shirak - Anania Shirakatsi.
- ↑ Il a pu éventuellement se fonder sur des écrits hagiographiques et hagiologiques.
- ↑ Selon Moïse de Khorène, Kadmos habitait dans le « Pays d'Ararad », et était le fils d'Armaniak.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Bibliographie
- Moïse de Khorène, Histoire de l'Arménie, traduit de l'arménien classique par Annie et Jean-Pierre Mahé, Gallimard, Aube des peuples (ISBN 2070729044).