Mexicas

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La Pierre du Soleil, nommée incorrectement « calendrier aztèque », est un des symboles les plus célèbres du peuple mexica.
La Pierre du Soleil, nommée incorrectement « calendrier aztèque », est un des symboles les plus célèbres du peuple mexica.

Le terme Mexicas ou plutôt Mexica est celui par lequel les Aztèques se désignaient eux-mêmes (de préférence au terme « azteca » désignant ce peuple avant l'apparition de leur empire) au XVIe siècle, et par lequel les désignaient d'ailleurs les autres peuples mésoaméricains ainsi que les Espagnols. Le terme «Aztèques» a été popularisé à partir du XVIIe siècle par des érudits comme Francisco Javier Clavijero, et surtout par la publication en 1844 du célèbre livre de William H. Prescott «The History of the Conquest of Mexico». Le terme «Azteca» existait bel et bien au XVIe siècle, mais uniquement pour désigner les Mexica au cours de leur migration à partir d'un lieu mythique appelé Aztlan.

Disons d'emblée que dans le mot «Mexicas» le «s» est redondant, étant donné qu'en nahuatl «Mexica» est déjà la forme plurielle du mot «Mexicatl», qui désigne l'habitant de Mexico Tenochtitlan, capitale de la nation aztèque. On emploie d'ailleurs également l'expression «Mexica Tenochca». L'étymologie du mot «Mexica» est loin d'être claire. Le mésoaméricaniste français Christian Duverger s'est efforcé d'y voir plus clair. Les chroniqueurs du XVIe siècle ne s'accordent pas entre eux sur l'origine du mot. Selon certains, il dériverait du nom d'un personnage historique de l'époque de la migration, tandis que d'autres parlent d'un peuple appelé les «Mexitli», dont dériverait le nom de la ville. Voici une de ces versions, telle qu'elle est rapportée par Bernardino de Sahagún :

«Cette dénomination de Mexicatl se disait anciennement Mecitl, formé de me ou de metl, qui signifie maguey et citli, lièvre. Cela devrait donc s'écrire Mecicatl. C'est en changeant le c en x qu'on a fait Mexicatl par corruption. Au dire des anciens, la cause de cette appellation provient de ce que les Mexicains [note : c'est-à-dire les Mexica/Aztèques] en arrivant dans ce pays avaient pour chef ou seigneur le nommé Mecitl, qu'on avait surnommé citli (ou Lièvre) au moment de sa naissance. Comme ailleurs on lui donna pour berceau une grande feuille de maguey, on l'appela désormais Mecitl comme pour dire : homme élevé dans cette feuille de maguey.»

Duverger fait remarquer qu'il n'existe pas de glyphe préhispanique pour désigner Mexico (on emploie celui qui désigne Tenochtitlan) et soupconne les Mexica d'avoir voulu occulter l'origine de leur propre nom. Il part de l'étymologie «metzli» (la lune) + «xictli» (le centre) + «co» (particule qui désigne un endroit), ce qui devrait donner «Mexicco» si l'on suit les règles de formation des mots composés en Nahuatl. Si l'on tient compte de l'imprécision de l'orthographe à l'époque coloniale, le mot «Mexico» est compatible avec cette étymologie. Duverger s'est par ailleurs intéréssé au nom otomi de Mexico. Les Otomi sont un groupe fort ancien, qui occupait jadis une grande partie du Mexique central. Dans leur langue Mexico s'appelle «amadetzânâ», ce qui signifie «au milieu de la lune». Une connotation lunaire/aquatique est plus compatible avec le système de pensée otomi qu'avec le système de pensée aztèque aux connotations solaires.

Du double nom «Mexico Tenochtitlan», Duverger tire la conclusion que, contrairement à ce que les Aztèques auraient voulu faire croire, ils n'auraient pas fondé la ville (ce que semble confirmer les fouilles archéologiques). «Tenochtitlan» est le véritable nom aztèque de la ville. Les Aztèques l'auraient accollé à l'ancien toponyme otomi «nahuatlisé», soit que celui-ci ait déjà été fixé par l'usage, soit qu'il s'agisse d'une forme de syncrétisme dont les aztèques sont coutumiers. Plus tard ils se seraient efforcés d'inventer une étymologie compatible avec l'idéologie officielle aztèque, mise en place par Tlacaelel.

[modifier] Bibliographie

  • DUVERGER (Christian), L'origine des Aztèques, Seuil, Collection Points, Paris, 2003
  • F. BERNARDINO DE SAHAGÚN, Histoire générale des choses de la Nouvelle-Espagne, traduit de l'espagnol par D. Jourdanet et R. Siméon, Éditions La Découverte, Paris, 1991