Mésoamérique

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Situation géographique de la Mésoamérique à l'échelle du continent américain.
Situation géographique de la Mésoamérique à l'échelle du continent américain.

Le terme de Mésoamérique (également couramment orthographié Méso-Amérique et plus rarement remplacé par l'expression Amérique moyenne) est employé en archéologie précolombienne pour désigner la partie du continent américain que connaissaient les Aztèques au moment de l'arrivée des Espagnols en 1519.

Sommaire

[modifier] Définition

Le terme Mésoamérique a été défini par l'anthropologue allemand Paul Kirchhoff dans les années 1940[1], sur la base d’une liste de traits culturels communs aux civilisations de cette zone géographique.

Au niveau géographique, la Mésoamérique s'étend du tiers méridional du Mexique à la péninsule de Nicoya, au Costa Rica (voire jusqu'au sud du pays), en incluant le Belize, le Guatemala, l'ouest du Honduras, le Salvador et le versant pacifique du Nicaragua. La Mésoamérique est à différencier de l'Amérique centrale qui, dans son acception géographique, va du Guatemala au Panama.

Cette aire se caractérise par une uniformité exclusivement culturelle qui se manifeste sur plusieurs plans. La frontière nord de la Mésoamérique sépare les sociétés de chasseurs-cueilleurs (au nord) des sociétés agricoles (au sud) ; elle s'est déplacée au cours du temps. Au sud, la frontière est culturelle et linguistique.

[modifier] Aires culturelles

Carte des aires culturelles de la mésoamérique
Carte des aires culturelles de la mésoamérique

Les aires culturelles représentent les régions habitées par des peuples qui comptent de nombreux éléments en commun. Toutefois, cela ne veut pas dire que tous les peuples font partie d'une seule et même ethnie, ni même qu'ils parlent nécessairement la même langue, mais cela n'empêche pas non plus une forme d'interaction entre eux (relations de pouvoir, d'alliance, commerciales, etc.)

[modifier] Centre du Mexique

Panorama de la vallée de Teotihuacán, au centre du Mexique.
Panorama de la vallée de Teotihuacán, au centre du Mexique.

L'une des aires les plus importantes de l'histoire préhispanique du Mexique fut celle du centre du Mexique.

Formée de terres tempérées, entre la partie méridionale du plateau mexicain et le nord du bassin du Río Balsas, c'est une niche écologique caractérisée par son climat tempéré, l'absence de cours d'eau important et une saison des pluies qui dure d'avril à septembre mais qui est peu abondante. Ces caractéristiques ont permis le développement avant-gardiste de techniques hydrauliques comme les canaux d'irrigation et les bassins de rétention, ainsi que de la culture du maïs, dans la vallée lacustre de Tehuacán, au sud est.

Autour du lac de Texcoco s'épanouirent des villes très importantes comme Cuicuilco, à la période préclassique, Teotihuacán à la période classique ou encore Tula et Tenochtitlán à l'époque postclassique.

[modifier] Aire maya

Río Usumacinta.
Río Usumacinta.

L'aire maya est une des plus vastes aires de la Méso-Amérique. Certains auteurs la divisent en deux secteurs: La péninsule du Yucatan, au nord, et les Hautes Terres au sud.

La partie nord inclut le Yucatán, le Petén et Bélize. C'est une zone de plaines, de climat chaud, souvent frappée par les ouragans et les orages tropicaux des Caraïbes. C'est une plateforme très chaude où les monts cassent la platitude du paysage. Le sol étant trop perméable, il manque souvent d'eau superficielle. Cependant les cénotes (sortes de puits ou caves souterraines irrigués) sont abondants.

Les Hautes Terres, au sud, comprennent les hauteurs du Guatemala et celles du Chiapas. C'est une région au climat tempéré froid où les pluies sont abondantes et les montagnes couvertes d'une végétation dense qui permet le développement de l'agriculture. Les Hautes Terres mayas ne sont pas moins exposées à l'influence des cyclones des Caraïbes qui font régulièrement des ravages dans la zone.

Les premiers développements culturels importants de l'aire Maya ont eu lieu dans sa partie sud. La première céramique, produite dans la localité de Cuello (Bélize), semble indiquer que le développement de la poterie dans l'aire Maya est dérivé des traditions sud-américaines. Des siècles plus tard, les premières concentrations de populations qui allaient se transformer en villes pendant la période classique se sont développées. Parmi elles on peut citer "Kaminaljuyu" et "Tikal". Cette dernière a certainement été la plus grande des villes mayas entre les 3e et 8e siècles. La décadence et l'abandon des grandes villes Maya ont sûrement été dus à une combinaison de facteurs: Guerres internes, désastres écologiques, changements climatiques, migrations en provenance du Nord de la Méso-Amérique. C'est ainsi que le cœur de la culture maya a migré au Yucatan. C'est dans cette région qu'ont fleuri les villes plus récentes de Chichén Itzá, Uxmal et Tulum, entre beaucoup d'autres, qui n'étaient en réalité que de petits peuples hostiles entre eux.

[modifier] Caractéristiques de la civilisation mésoaméricaine

[modifier] Diversité

La Mésoamérique présente une grande diversité linguistique et géographique.

  • linguistique : on distingue quatre catégories:
    • le groupe oto-mangue, qui occupe principalement le Mexique central. En son sein, on distingue les Otomi, un peuple sans histoire, ainsi que les Zapotèques et les Mixtèques. Ce groupe est sans doute le plus ancien de la Mésoamérique.
    • le groupe macromaya, qui comprend le mixe-zoque, le totonaque, le huaxtèque et le maya proprement qui se subdivise lui-même en plusieurs groupes.
    • le groupe uto-aztèque, qui comprend le nahuatl, dont les locuteurs sont répandus dans pratiquement toute la Mésoamérique (les Aztèques, comme le nom l'indique, en faisaient partie). Les Chichimèques, au nord de la Mésoamérique, faisaient également partie du groupe uto-aztèque.
    • des isolats linguistiques, parmi lesquels les Tarasques forment le groupe le plus important.
  • géographique : les différents milieux qui vont de la zone tropicale à la sierra en passant par les hauts-plateaux du centre ne correspondent pas à une aire culturelle.

[modifier] Unité

Toutes les civilisations précolombiennes de cette zone présentent des caractéristiques culturelles communes, qu'il s'agisse des Olmèques, des Aztèques, des Zapotèques, des Toltèques, des Mayas ou de la civilisation de Teotihuacán. Ces caractéristiques les distinguent d'autres civilisations précolombiennes, comme les civilisations andines, par exemple :

  • une architecture rituelle : des ensembles de constructions pyramidales et de cours forment un «interface» qui relie le monde humain au monde surnaturel;
  • des religions polythéistes, avec des archétypes, comme le «Vieux Dieu du feu» ou le serpent à plumes, Quetzalcoatl, qu'on retrouve sous une forme ou l'autre dans toute la Mésoamérique.
  • le sacrifice humain, dont les archéologues n'ont reconnu l'omniprésence que petit à petit. Par exemple, les «Danzantes» de Monte Alban, qu'on prenait jadis pour des danseurs, sont maintenant considérés comme des victimes sacrificielles.
  • un jeu de balle rituel, dont les règles sont mal connues et ont varié avec le temps, mais qui est également omniprésent sous l'une ou l'autre forme.
  • un calcul du temps combinant deux calendriers, l'un de 260 jours, l'autre de 365 jours (Les Mayas ont la particularité d'en posséder un troisième : le compte long);
  • l'une ou l'autre forme d'écriture pictographique (l'écriture maya étant la plus sophistiquée);
  • un système de numération vigésimal;
  • une agriculture basée sur le maïs et surtout son traitement : le bouillir dans de l'eau mélangée à de la chaux augmente sa valeur nutritionnelle. On en fait ensuite une pâte appelée «nixtamal» en aztèque;
  • l'absence d'animaux domestiques (si l'on excepte le chien et le dindon).

[modifier] Chronologie

[modifier] Chronologie classique

Le cadre chronologique des civilisations mésoaméricaines est le même. On distingue traditionnellement :

Ces trois dernières périodes se divisent elles-mêmes en trois périodes, à savoir : "ancien", "moyen", "récent". Il existe des divisions supplémentaires, telles que "protoclassique" ou "classique terminal". Les auteurs anglo-saxons emploient le terme «formatif» pour désigner le «préclassique». Le début du «classique» pose particulièrement problème. Nikolai Grube admet que «cette convention (il fixe le début du «classique» à 250) a pour but de donner un cadre chronologique». Linda Schele, quant à elle, date le début du «classique» à l'aide de la première stèle datée 199.

[modifier] Chronologie alternative

Certains auteurs, comme Christian Duverger, reprochent à cette classification d'impliquer un jugement de valeur : pré impliquant que la civilisation en question n'est qu'en gestation, et post qu'elle est entrée en décadence. À cette division tripartite, Christian Duverger préfère une division en cinq époques, basée sur la notion d'horizon (olmèque, toltèque et aztèque) :

La chronologie de C. Duverger s'appuie sur la date de 1200 av. J.-C., même si des fouilles sur le site d’El Manati, près de San Lorenzo, ont mis à jour certains objets datés d'environ 1500 av. J.-C. et qui pouraient être d'origine olmèque[2]. Cette exception n'a cependant été confirmée par aucune autre recherche archéologique.

La chronologie de Christian Duverger est adoptée par des spécialistes français et quelques spécialistes mexicains même si la majorité des spécialistes anglo-saxons s'en tiennent à la chronologie traditionnelle[réf. nécessaire].

[modifier] Époque I

Ceci est pour l'instant une ébauche tirée de la présentation sur l'article Olmèque.

La culture olmèque demeure inconnue jusqu’à la deuxième moitié du XIX° siècle. Les spécialistes s’accordent pour fixer les débuts de l’olmécologie en 1862 avec la découverte fortuite de la première tête colossale à Hueyapan (Veracruz) par José María Melgar y Serrano. Aujourd’hui, selon l’école française promue par C. Niederberger et reprise notamment par C. Magni, la culture olmèque apparaît comme un ensemble multi-ethnique et pluri-linguistique qui s’étend à partir de 1200 avant J. C. jusqu'à 500 avant J. C. sur une vaste partie de la Méso-Amérique. Sa présence est attestée à des niveaux d’occupation anciens sur la Côte du Golfe, dans le Bassin de Mexico et le long de la côte Pacifique dans les États du Guerrero, Oaxaca et Chiapas. Au-delà des frontières mexicaines, on recense des vestiges olmèques jusqu’au sud du Costa Rica. Parmi les sites majeurs, on peut citer : San Lorenzo (Veracruz), La Venta (Tabasco), Chalcatzingo (Morelos), Teopantecuanitlán (Guerrero) et Abaj Takalik (ou Takalik Abaj) au Guatemala.

[modifier] Époque II

les Zapotèques

[modifier] Époque III

les Mayas

[modifier] Époque IV

les Toltèques

[modifier] Époque V

les Aztèques

[modifier] Contexte écologique

Paysage des terres de haute altitudes mésoaméricaines
Paysage des terres de haute altitudes mésoaméricaines

Le territoire mésoaméricain se situe entre le 10° et le 22° de latitude nord. Il comprend la zone centrale du Mexique, l'isthme de Tehuantepec, la péninsule du Yucatán; le Guatemala, le Bélize, le Salvador et la côte pacifique du Honduras, Nicaragua et du Costa Rica jusqu'au golfe de Nicoya. Il forme une association complexe de différents écosystèmes. Michael D. Coe distingue les hautes terres (qui regroupent les différentes zones dont l'altitude est comprise entre 1000 à 2000 m) qui sont aussi connues comme l'Altiplano mexicain et les basses terres avec des altitudes plus proches du niveau de la mer et qui ne dépassent pas les 1000 m. Le premier groupe présente une grande diversité climatique, qui va du climat froid de montagne au climat tropical aride. Toutefois les climats subtropicaux ou tropicaux prédominent, comme sur la côte du golfe du Mexique et la mer des Caraïbes.

Certaines des vallées des hautes terres de Mésoamérique possèdent un sol fertile à vocation agricole. C'est le cas des vallées du Oaxaca, celle de Puebla-Tlaxcala et de Mexico. Toutefois, leur situation encaissée ne favorise pas les précipitations. Cette situation est particulièrement critique dans les terres chaudes des vallées mixtèques qui sont sans doute les plus arides des hautes terres. Outre le manque de pluie, il existe peu de cours d'eau et ils ont un débit réduit. Les premières recherches archéologiques présupposaient que le climat devait être plus favorable par le passé. Pourtant, avec les années et la profusion de connaissance sur la région, on sait que le climat ne devait pas être si différent de celui d'aujourd'hui, bien que les écosystèmes présentent un degré de dégradation provoquée par l'activité humaine. Une bonne partie des hautes terres présentent des preuves d'une déforestation ancienne, et divers espèces ont disparu de leur habitat d'origine.

Le dindon, une des rares espèces domestiquées par les Mésoaméricains
Le dindon, une des rares espèces domestiquées par les Mésoaméricains

Par conséquent, bien que les conditions des hautes terres de Mésoamérique n'aient pas été extraordinairement favorables, elles n'ont pas non plus été trop défavorables pour empêcher le développement des hautes civilisations agricoles de l'antiquité préhispanique.

De fait, leur situation est similaire à celles d'autres régions du monde où se sont produits des processus civilisateurs précoces, comme dans le nord du Pérou, ou dans la vallée de l'Indus, en Asie. Dans ces sites, comme en Mésoamérique l'être humain a dû apprendre à tirer profit au maximum des ressources dont il disposait dans son milieu. Les mésoaméricains des hautes terres, en tant que peuples agricoles, ont appris à stocker l'eau et à l'acheminer depuis les sources jusqu'à leur champ. Parmi les techniques agricoles de Mésoamérique la plus caractéristique fut peut-être la culture en chinampas, développée dans les lacs du plateau Tarasque et plus particulièrement dans la vallée de Mexico, où il est conservé un certain nombre de zones de chinampería à Xochimilco.

D'ailleurs, ils ont dû apprendre à compter le temps puisque la période durant laquelle ils pouvaient semer restait comprise entre deux saisons qui menaçaient le résultat des récoltes de la culture principale, le maïs: la saison chaude et sèche du début du printemps et des gelées hivernales.

Il en était tout autre pour les basses terres. Particulièrement dans le sud-est de la côte du Golfe du Mexique où les pluies sont assez abondantes. Les forêts tropicales à végétation dense couvraient une bonne partie des plaines côtières et ceci représentait un obstacle pour le développement de l'agriculture. Dans ces sites, autant la végétation comme l'excès d'eau constituaient un problème, les antiques mésoaméricains conçurent des systèmes de drainage, desquels on peut aujourd'hui observer les restes dans la sous-région de Chontalpa dans l'état de Tabasco, où il subsiste ce que l'on appelle les camellones chontales.

Le jaguar était un animal très apprécié en Mésoamérique. Il vivait dans les terre basses du Oaxaca jusqu'en Amérique du Sud.
Le jaguar était un animal très apprécié en Mésoamérique. Il vivait dans les terre basses du Oaxaca jusqu'en Amérique du Sud.

Par ailleurs, la faune dont disposait les peuples mésoaméricains n'était pas facilement domesticable. Plusieurs millénaires avant le début de la civilisation d'Amérique moyenne, les espèces majeures de mammifères qui auraient pu être domestiquées avaient disparu par une chasse excessive. Tel fut le cas du cheval et de diverses espèces de bovins. Ceci explique pourquoi les peuples de la région manquaient d'animal de trait et pourquoi la civilisation mésoaméricaine fut exclusivement agricole. Les seules espèces domestiquées furent le xoloitzcuintle et le dindon, mais ils n'ont jamais constitué une partie importante du régime ou de l'économie de la plupart des mésoaméricains.

En dépit de ce qui précède, les sociétés de la région pratiquaient la chasse d'autre espèces, en complément de leur régime (cerf, lapins, oiseaux, et de nombreux insectes), ou comme articles somptuaires (peaux de félins, plumages).

Étant donné que la Mésoamérique se présente fragmentée en niches écologiques très réduites et diverses, aucune des sociétés qui la peuplait durant les temps préhispaniques n'était autosuffisante. Pour cette raison, à partir des derniers siècles de la période archaïque, antérieure à la préclassique, les peuples de la région se spécialisèrent dans l'exploitation de certaines ressources naturelles abondantes. Puis ils ont établi des réseaux d'échange commercial pour corriger les manques dûs à l'environnement. Les peuples de l'Ouest, par exemple, se sont spécialisés dans la production agricole et la céramique; les oaxaqueños produisaient du coton et la cochenille; de la côte arrivaient le sel, le poisson séché, les coquillages marins et le pigment comme la pourpre; des terres basses de la zone Maya et du golfe provenait le cacao, la vanille, les peaux de jaguar, des oiseaux précieux comme le quetzal ou la guacamaya; du centre sortait la majeur partie de l'obsidienne qui s'employait dans la fabrication des armes et des outils.

[modifier] Notes et références

  1. (en) Michael Ernest Smith et Frances Berdan, The Postclassic Mesoamerican World, University of Utah Press, 2003 (ISBN 0874807344)
    « Paul Kirchhoff [...] was the first scholar to provide a systematic definition of "Mesoamerica" as a meaningful spatial unit. » (p.21)
  2. Richard A. Diehl

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Caterina Magni, Les Olmèques. Des origines au mythe, Seuil, 2003, ISBN 2020549913, 432 p.
  • Christine Niederberger, La Méso-Amérique: genèse et premiers développements, In Histoire de l'Humanité 2, Unesco, Paris, 2001
  • Christian Duverger, La Méso-Amérique, Flammarion, 1999, ISBN : 2080122533, 478 p.
  • Taladoire Éric et Faugère-kalfon Brigitte, Archéologie et arts précolombiens: la Mésoamérique, RMN, La documentation française, 1995
  • Richard A. Diehl, The Olmecs: America's First Civilization, Thames & Hudson, 2005, ISBN : 0500021198, 208 p.
  • Grube Nikolai (sous la direction de), Les Mayas, art et civilisation, Könemann, Cologne, 2000
  • Schele Linda, A Forest of Kings, Quill william morrow, New-York, 1990

[modifier] Liens externes

[modifier] Articles connexes