Bernardino de Sahagún

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Page 51 du Livre IX du Codex de Florence
Page 51 du Livre IX du Codex de Florence

Bernardino de Sahagún, de son vrai nom Bernardino Ribeira, est né en Espagne dans la province de Léon vers 1500 ; il est décédé au Mexique le 23 octobre 1590.

[modifier] Biographie

Bernardino de Sahagún étudie au couvent de Salamanque où il prononce les vœux. En 1529, il est envoyé au Mexique. Il y suit les premiers missionnaires affectés à ce pays, où il travaille jusqu'à sa mort plus de soixante ans plus tard. Il est affecté au collège franciscain de Santa Cruz à Tlatelolco, près de Mexico. Il participe à l'œuvre de prédication, de conversion, et d'instruction des enfants de la noblesse indigène en latin et en nahuatl, entreprise par les Franciscains, avec l'appui du vice-roi Antonio de Mendoza. Par des années d'étude approfondie et de pratique quotidienne il acquiert lui-même la maîtrise de la langue aztèque.

Ce précurseur de l'ethnographie commence par rédiger en 1547 un recueil de discours moraux nahuatl («Huehuetlatolli»). De 1550 à 1555, il travaille à une histoire de la Conquête espagnole, en se basant sur les récits des survivants indigènes. En 1558, son travail attire l'attention du provincial de l'ordre des Franciscains, Franscisco de Toral, qui le charge de compiler en langue aztèque un abrégé d'éléments de culture mexicaine, qui pourraient se révéler utiles dans l'œuvre de de christianisation des Indiens. Ce travail, qu'il accomplit avec l'aide de ses élèves, dure sept ans. Sahagún rédige des questionnaires, qu'il soumet à des « Informateurs », c'est-à-dire des vieillards ayant connu la société indigène avant la conquête espagnole, auxquels ces derniers fournissent des réponses sous forme de pinturas (les manuscrits pictographiques) et de commentaires en nahuatl. De 1558 à 1560, il séjourne à Tepepulco. De 1561 à 1565, il revient à Tlatelolco, où il poursuit son enquête. En 1565, Sahagún est transféré au monastère de Saint-François à Mexico. Il continue à corriger son manuscrit, qu'il décide de diviser en douze livres.

Suite à des conflits à l'intérieur de l'ordre des Franciscains, Sahagún se heurte à l'hostilité de son supérieur. Privé d'aide et alors qu'il avance en âge, il est en outre affligé d'un tremblement de la main. Ses manuscrits lui sont finalement confisqués. Ce n'est qu'en 1573 qu'on les lui rend. Un nouveau commissaire général, Rodrigo de Sequera, attire l'attention de Juan de Ovando, président du Conseil des Indes, sur le travail de Sahagún et lui permet d'en faire une traduction espagnole complète et lui fournit toute l'aide nécessaire. Dès que le manuscrit de l'« Histoire générale des choses de la Nouvelle-Espagne » est terminé, Sequera se le fait remettre.

C'est à la même époque (1577) que Philippe II prend la décision d'interdire l'étude du passé « païen » des indigènes. Les brouillons de Sahagún sont également confisqués. Il ne reverra jamais son œuvre. A la fin de sa vie, il rédigera encore quelques ouvrages, dont une étude sur l'art de la divination chez les Aztèques et un dictionnaire trilingue nahuatl-latin-espagnol.

Jamais éditée de son vivant, son œuvre majeure a connu une fortune étrange. On en a retrouvé plusieurs manuscrits en Europe :

  • des travaux préparatoires en nahuatl rédigés entre 1558 et 1565, connus sous le nom de « Codices Matritenses », conservés dans les bibliothèques du Palais Royal et de l'Académie Royale d'Histoire de Madrid : d'une part ceux datant de son séjour à Tepepulco, connus sous le nom de "Primeros Memoriales", et d'autre part ceux de Tlatelolco, qui comprennent les «Segundos Memoriales», «Memoriales en tres columnas» et « Memoriales con escolios ». Ces écrits ont été utilisés par Francisco del Paco y Troncoso en 1905
  • un manuscrit bilingue de Sequera découvert par Bandini à la Bibliothèque Laurentienne de Florence en 1793; il est connu sous le nom de « Codex de Florence ». On ignore exactement comment il a abouti à Florence. Chaque page se compose de deux colonnes, le texte en nahuatl à droite et let le texte espagnol ainsi que les images à gauche. Entre 1950 et 1982 deux chercheurs américains , Charles E. Diblle et Arthur J.O. Anderson, ont publié le texte nahuatl avec une traduction anglaise.
  • un texte espagnol du manuscrit de Sequera découvert en 1730 au couvent de Tolosa en Navarre, transporté à Madrid en 1783, publié par Lord Kingsborough à Londres en 1830 et par Carlos Maria Bustamente à Mexico la même année.

[modifier] Bibliographie

  • F. Bernardino de Sahagún, Histoire générale des choses de la Nouvelle-Espagne, traduit de l'espagnol par D. Jourdanet et R. Siméon, Éditions La Découverte, Paris, 1991
  • Bernardino de Sahagún, De l'origne des Dieux, édité par Fata Morgana, 1981.
  • Georges Baudot & Tzvetan Todorov, Récits aztèques de la conquête, Seuil, Paris, 1983 (cet ouvrage contient la traduction du texte nahuatl du Livre XII de l'Histoire générale, qui relate la conquête espagnole)
  • Serge Gruzinski, L'Amérique de la Conquête peinte par les Indiens du Mexique, Unesco/Flammarion, Paris, 1991 (contient un grand nombre d'images du Codex de Florence accompagnées d'un texte)
  • Tzvetan Todorov, La conquête de l'Amérique. La question de l'autre, Seuil, Points Essais, Paris, 1982 (un chapitre consacré à Sahagún)

[modifier] Liens externes