Melchior Grimm

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Frédéric-Melchior Grimm

Surnom Le petit prophète de Boehmisch-Broda
Naissance 26 décembre 1723
à Ratisbonne
Décès 19 décembre 1807 (à 84 ans)
à Gotha
Nationalité Bavière Bavière
Profession Homme de lettres, diplomate, journaliste

Frédéric-Melchior Grimm, né à Ratisbonne le 26 décembre 1723 et mort à Gotha le 19 décembre 1807, est un homme de lettres bavarois d’expression française.

Il est le frère d’Ulrich Grimm qui devint plus tard surintendant de Ratisbonne et l’ancêtre de Karl von Grimm qui fut président de la société coloniale allemande.

Fils du surintendant du clergé luthérien de Ratisbonne, Jean Melchior Grimm, et de son épouse Sibylle Koch, il commença à écrire en vers dès le lycée et commençait une correspondance assez longue avec Johann Christoph Gottsched et son épouse. À l’âge de 19 ans il adapta pour le théâtre le roman Die asiatische Banise de Heinrich Anselm von Ziegler und Kliphausen. Enthousiasmé Gottsched publia la pièce dans son Deutsche Schaubühne l’année suivante, mais l’essai de la faire jouer fut un échec tant artistique qu’économique. Désormais Grimm se consacra surtout à l’explication, la critique et la traduction d’ouvrages français, s’occupant particulièrement des œuvres de Voltaire.

Il poussa ses études assez loin à l’université de Leipzig, où il fut l’élève du professeur Johann August Ernesti, qui lui communiqua son goût pour la littérature classique. Après des études de droit public, il est précepteur du fils du baron de Schomberg qu’il accompagne à Paris puis se met au service du prince de Saxe-Gotha dont il devint le lecteur, en 1748. Il devint ensuite secrétaire du comte August Heinrich von Friesen. Il ne tarde pas à se faire connaître des milieux littéraires, grâce à une satire où il prenait la défense de l’opéra italien, le Petit Prophète de Boehmisch-Broda. Peut-être avait-il moins de goût pour l’opéra italien que pour l’actrice. Rousseau l’introduit dans le monde et il fréquente assidûment le salon de Louise d'Épinay dont il fut l’amant (1753) après avoir été celui de la cantatrice Marie Fel - situations qui seront pour beaucoup dans son ascension sociale. Avec ses amis Diderot et l’abbé Raynal, il tiendra une chronique de la vie intellectuelle parisienne (de 1753 à 1773) qu’il adresse aux souverains étrangers, notamment Catherine II de Russie. Il écrit par ailleurs dans Le Mercure.

Critique littéraire et surtout musical honorable, Grimm n’a cependant pas laissé de traces dans l’histoire de la littérature. Sa grande sociabilité, sa capacité à se situer intelligemment entre le monde des lumières parisien et les cours éclairées d’Europe, ses dons de séducteur aussi, lui ont assuré une réussite que tout le monde ne juge pas méritée :

« En réalité, sauf en musique où cet Allemand avait ses propres lumières, Frédéric Melchior Grimm était avant tout une habile éponge, qui sut assez bien pasticher le tour railleur de ses amis parisiens pour pouvoir briller dans les « compagnies » et épater les cours étrangères[1]. »

Cette impression est très largement partagée par Rousseau :

« Voilà comment, après m'avoir si longtemps trompé, cet homme enfin quitta pour moi son masque, persuadué que, dans l'état où il avait amené les choses, il cessait d'en avoir besoin. Soulagé de la crainte injuste envers ce misérable, je l'abandonnai à son propre coeur, et cessai de penser à lui[2]. »

Après qu’il eut abandonné sa Correspondance littéraire, Grimm voyagea dans toute l’Europe (Russie, Allemagne, Danemark, Italie, Prusse...) où il sera choyé et avantagé de différentes manières. Il servira d’ambassadeur (chargé, pour 24 000 livres de rente, de défendre les intérêts de Francfort à Paris), d’entremetteur, et pour finir, l’archiduchesse Marie-Thérèse d’Autriche le fera baron en 1774. Il a été le sujet de la Lettre apologétique de l'abbé Raynal à Monsieur Grimm de Diderot.

En 1791, Grimm fait un bref retour à Paris pour récupérer ses biens avant que ceux-ci ne soient confisqués par la Révolution dont il n’embrasse pas les principes. Il s’installe à Hambourg, où il est ministre pour Catherine II, puis à Gotha et meurt presque aveugle dans un relatif oubli.

[modifier] Notes et sources

  1. Marc Fumaroli, Quand l’Europe Parlait français, ed. de Fallois, 2001.
  2. Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions II, ed. GF Flammarion, (p. 243) 1968.

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