Massacre des Lucs-sur-Boulogne

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Le Massacre des Lucs-sur-Boulogne est le plus célèbre perpétrée par les troupes républicaines des colonnes infernales pendant la guerre de Vendée. Sa notoriété est surtout due aux archives qui ont permis un débat historiographique sur ce massacre. Toutefois, pendant les colonnes infernales cet acte n'était guère exceptionnel, de janvier à mai 1794, d'autres villages connurent des sorts semblables.

Sommaire

[modifier] Déplacement de la colonne infernale

Le 28 février 1794, tuant et incendiant sur leur passage, les colonnes des généraux Cordellier et de Crouzat se dirigent vers le village des Lucs-sur-Boulogne. Mais sur le chemin, il sont attaqués par Charette et mis en déroute. Cependant, après sa victoire, Charette, obligé de pratiquer la guérilla, se retire. Martincourt, un lieutenant de Cordellier s'en aperçoit et après avoir rallié plusieurs fuyards, se dirige vers Les Lucs avec l'intention d'y exercer des représailles.

Icône de détail Article détaillé : colonnes infernales.

[modifier] Le massacre

Les Républicains, une fois entrés dans le village, rassemblent la population devant l'église. Les villageois n'étaient guère en mesure de se défendre, la population présente comptant principalement des vieillards, des femmes, des enfants dont 109 avaient moins de 7 ans. La quasi-absence d'hommes adultes convainquit les Républicains que ces derniers avaient participé aux combats sous les ordres de Charette. Matincourt avait choisi de ne pas faire de quartier ; de plus, il souhaitait que l'opération se fasse en économisant le plus de cartouches possibles. Les soldats firent donc rentrer la population dans l'église jusqu'à ce que, tout à coup, la cohue s'arrête. L'église s'avérant trop petite pour pouvoir contenir toute la population du village. Les Républicains mirent donc leur baïonnette au canon, chargèrent et massacrèrent toutes les personnes restées à l'extérieur. Les portes de la chapelle furent ensuite fermées, emprisonnant les civils à l'intérieur. L'église fut ensuite incendiée et des tirs de canons provoquèrent son éboulement. Toute la population, soit 564 personnes avaient été massacrée. Le soir, un soldat nommé Chapelain écrivit dans son journal: Aujourd'hui journée fatigante, mais fructueuse. Pas de résistance. Nous avons pu décalotter, à peu de frais, toute une nichée de calottins qui brandissaient leurs insignes du fanatisme. Nos colonnes ont progressé normalement.

[modifier] Controverse

Le déroulement du massacre fut toutefois contesté par certains historiens. Le dossier a été rouvert par l'historien Jean-Clément Martin, spécialiste de l'histoire des guerres de Vendée et surtout de la persistance de la mémoire du drame depuis deux cents ans[1]. Pour lui, non seulement il parait difficile d'affirmer qu'il n'y eut qu'un seul massacre, mais tout permet au contraire de penser qu'il y eut une multiplicité de combats entremêlés sur toute la paroisse des Lucs durant plusieurs mois de 1794. Les victimes mêlent à la fois femmes, vieillards, enfants et combattants tombés les armes à la main.

Il explique qu'aux Lucs, la « liste dressée en 1794 comptabilise manifestement l'ensemble des habitants tués depuis 1789, alors que toute une tradition veut la voir comme le résultat d'un massacre unique commis en deux jours de février 1794. Les conclusions sont évidemment fort divergentes selon la lecture adoptée »[2].

Il a été suivi dans cette voie par Paul Tallonneau[3].

Toutefois, des travaux très précis de Pierre Marambaud[4] ont bien corroboré la réalité du massacre du 28 février 1794. Ce dernier englobe en fait non seulement les Lucs, mais ses proches alentours (n'oublions pas qu'en ces temps les communes étaient divisées en paroisses[précision nécessaire]). Les différentes archives (paroissiales et des armées), ainsi que certaines lettres émanant de soldats présents lors des faits en portent les preuves essentielles et irréfutables.

[modifier] Mémorial

On peut visiter le Mémorial de Vendée qui témoigne de cet événement. À l'occasion de son inauguration, le 25 septembre 1993, Alexandre Soljenitsyne prononça un discours resté célèbre, où il fit un parallèle entre l'esprit qui animait les hommes politiques appliquant la Terreur et le totalitarisme soviétique.


[modifier] Bibliographie

  • Pierre Marambaud, Les Lucs, la Vendée, la Terreur et la Mémoire, Éditions de l'Etrave, 1993. Cette étude analyse la politique des massacres organisés et planifiés par Turreau aux Lucs-sur-Boulogne.
  • La Chouannerie et les guerres de Vendée de Nathalie Meyer-Sablé et Christian Le Corre, Édition Ouest-France

[modifier] Notes

  1. Jean-Clément Martin, Le Massacre des Lucs, Vendée 1794 (en collaboration avec Xavier Lardière), Geste Éditions, La Crèche, 1992
  2. Jean-Clément Martin, Violence et Révolution. Essai sur la naissance d'un mythe national, éditions du Seuil, 2006
  3. Paul Tallonneau, Les Lucs et le génocide vendéen : comment on manipule les textes, Hécate, 1993
  4. Pierre Marambaud, Les Lucs, la Vendée, la Terreur et la mémoire, éditions de l'Etrave, 1993

[modifier] Liens externes