Malleus Maleficarum

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Malleus Maleficarum, Lyon 1669
Malleus Maleficarum, Lyon 1669

Le Malleus Maleficarum (« Marteau des sorcières »), de Heinrich Kramer (alias Henri Institoris) et Jacques Sprenger, publié en 1486, est le traité qu'utilisaient les inquisiteurs pour identifier, confondre et persécuter les sorcières, ou plus précisément les femmes qu'il leur plaisait d'appeler ainsi.

Il s’agit pour la majeure partie du texte d’une codification de croyances préexistantes, souvent tirées de textes plus anciens comme le Directorium Inquisitorum de Nicolas Eymerich (1376), et le Formicarius de Johannes Nider (1435). L'invention de Gutenberg permit de diffuser le manuel à grande échelle pour l'époque. L'ouvrage fut réédité de nombreuses fois, et largement utilisé en Europe occidentale malgré son interdiction par l'Église catholique peu après sa publication, en 1490 car il est en contradiction avec l'enseignement catholique en matière de démonologie (par exemple, le pouvoir des démons de causer des catastrophes naturelles par exemple, idée déclarée fausse au concile de Braga en 561).

La première partie du livre traite de la nature de la sorcellerie. Une bonne partie de cette section explique pourquoi les femmes, à cause de leur faiblesse et de l’infériorité de leur intelligence seraient par nature prédisposées à céder aux tentations de Satan. Le titre même du livre présente le mot maleficarum (avec la voyelle de la terminaison au féminin) et les auteurs déclarent (de façon erronée) que le mot femina (femme) dérive de fe + minus (foi mineure). Le manuel soutient que certains des actes confessés par les sorcières, comme par exemple le fait de se transformer en animaux ou en monstres, ne sont qu’illusions suscitées par le Diable, tandis que d’autres actions, comme par exemple la possibilité de voler au sabbat, de provoquer des tempêtes ou de détruire les récoltes sont réellement possibles. Les auteurs insistent en outre de façon morbide sur l’aspect licencieux des rapports sexuels que les sorcières auraient avec les démons.

La seconde et dernière partie explique comment procéder à la capture, instruire le procès, organiser la détention et l’élimination des sorcières. Cette partie traite aussi de la confiance qu’on peut accorder ou non aux déclarations des témoins, dont les accusations sont souvent proférées par envie ou désir de vengeance ; les auteurs affirment toutefois que les indiscrétions et la rumeur publique sont suffisants à conduire une personne devant les tribunaux et qu’une défense trop véhémente d’un avocat prouve que celui-ci est ensorcelé. Le manuel donne des indications sur la manière d’éviter aux autorités d’être sujettes à la sorcellerie et rassurent le lecteur sur le fait que les juges, en tant que représentants de Dieu, sont immunisés contre le pouvoir des sorcières. Une grande partie est dédiée à l’illustration des techniques d’extorsion des confessions et à la pratique de la torture durant les interrogatoires : il est en particulier recommandé d’utiliser le fer rougi au feu pour le rasage du corps en son entier des accusées, afin de trouver la fameuse « marque du Diable », qui prouverait leur culpabilité.

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