Torture
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On appelle torture l'activité consistant à produire une souffrance insupportable et parfois longue, psychologique ou physique, en évitant ou du moins en retardant la mort. Elle peut produire des séquelles physiques (ex: mutilations), ou psychologiques (ex: traumatismes).
Le tortionnaire tient sa victime à sa merci, elle ne peut pas s'échapper. Les objectifs et les motivations du tortionnaire peuvent être divers :
- révélation d'informations secrètes, obtention d'aveux ;
- châtiment de fautes réelles ou imaginaires ;
- terroriser des populations ou des organisations politiques, en ciblant des membres d'un groupe de personnes particulier, afin que les autres restent passifs de peur d'être victimes à leur tour ;
- plaisir sadique ;
- préparation psychologique, visant à convaincre la victime qu'elle est faible en vue d'obtenir sa complète soumission ;
- suivisme ordinaire du tortionnaire qui ne fait (selon lui) que suivre les ordres ou les procédures ;
La torture est interdite par la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (Convention de Genève) (adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies le 10 décembre 1984 et entrée en vigueur le 26 juin 1987) et la troisième Convention de Genève. Toutefois, la torture est encore pratiquée de par le monde, souvent sous couvert soit d'une définition imprécise dans la loi, soit de législations locales floues.
Sommaire |
[modifier] Tortures privées
Les malfrats, y compris les organisations terroristes et le crime organisé, utilisent parfois la torture. Les "chauffeurs", brûlant les pieds de leurs victimes pour en obtenir le magot, étaient célèbres. Voir par exemple les chauffeurs d'Orgères.
[modifier] L'usage de la torture par les autorités gouvernementales
[modifier] Moyen Âge
Au Moyen Âge et jusqu'au XVIIIe siècle en Europe, on la considérait comme un moyen légitime d'obtenir des aveux ou des informations de la part des suspects, informations utilisées au cours du procès.
L'Inquisition est célèbre pour avoir fait largement usage de la torture ; cette autorité publia même un manuel de l'inquisiteur officialisant ces pratiques.
L'usage de la torture dans un cadre juridique a longtemps été pratiquée. En France, elle était de deux sortes : la question préparatoire et la question préalable[1]. La première fut supprimée par une ordonnance royale du 24 août 1780[réf. nécessaire], la seconde en 1788[réf. nécessaire].
[modifier] Régimes totalitaires
La torture reste une méthode de répression commune dans les dictatures et régimes totalitaires.
[modifier] Torture au XXe siècle
La torture a été pratiquée lors de la guerre d'Algérie.
[modifier] Torture au XXIe siècle
Suite à sa guerre contre le terrorisme et afin de se protéger des pressions contemporaines contre la torture et de son interdiction sur son territoire et par ses agents, les États-Unis via la CIA, usent du procédé appelé extraordinary rendition. Il s'agit d'enlever une personne dont on veut extirper des renseignements et de la débarquer dans un pays où il pourra être torturé « discrètement » par les agents du pays où il se trouve. Un des derniers exemples en date est celui d'un imam enlevé à deux reprises en Italie et reconduit en Égypte, où il a été torturé[réf. nécessaire]; si ce n'est un appel téléphonique de détresse, il n'y a plus aucune nouvelle de lui. Un mandat d'arrêt a été déposé contre 22 personnes, soupçonnées d'appartenir à la CIA et d'avoir participé à ces enlèvements.[réf. souhaitée]
Devant une commission parlementaire américaine, la CIA a reconnu, mardi 5 février 2008, avoir eu recours à la simulation de noyade, une pratique dénoncée comme un acte de torture par les organisations des droits de l'Homme[2].
L'armée russe et le centre de détention ORB-2, utilisent la torture en Tchétchénie afin d'obtenir les aveux des prisonniers. Ces derniers sont battus, brûlés avec des mégots de cigarette et torturés à l'électricité[3].
En Chine, Wang Zhenchuan[4] admet publiquement que « la plupart des erreurs judiciaires en Chine sont la conséquence d'aveux extorqués sous la torture »[5].
La torture est pratiquée par la Chine, notamment au Tibet.
En Algérie, la torture est utilisée contre des personnes soupçonnées de détenir des informations concernant des activités terroristes[6].
[modifier] Efficacité et effets de la torture
Lorsque la torture est utilisée pour obtenir des aveux, elle sert à affaiblir la victime. Avec des aveux, à défaut d'avoir la vérité, les tortionnaires disposent d'une version officielle que la victime a elle-même reconnu. Ainsi, si elle revient sur ses déclarations, elle ne fera que se contredire et donc se discréditer. Parfois la victime donne des informations qui seront vérifiables (par exemple : position d'un objet caché, trésor ou bombe), ce qui a posteriori montre l'efficacité du procédé.
[modifier] Les méthodes et appareils de torture
[modifier] Torture au Moyen Âge
Au Moyen Âge, différentes méthodes de tortures furent utilisées par les bourreaux. Citons entre autres le chevalet, la poire d'angoisse, les brodequins, la torture par l'eau, le supplice de la roue, celui du pal, ou encore celui de la vierge de fer.
[modifier] Supplice de la chaîne
Le supplice de la chaîne était utilisé dans l'URSS de Staline pour obtenir des aveux. Il consistait à priver le détenu de sommeil et à lui faire subir des interrogatoires incessants[7]. L'accusé confessait les crimes les plus fantaisistes. La torture fut l'un des instruments de la répression soviétique au temps de la Grande Terreur, dans les années 1930.
C'était une torture psychologique et physique.
[modifier] Asphyxie par absorption d'eau
Après leur coup de force du 9 mars 1945 en Indochine française, les Japonais, en particulier les services de leur police secrète, la Kempetaï, ont souvent eu recours à cette forme de torture pour obtenir des renseignements[8].
[modifier] Torture à l'aide de produits chimiques
Les victimes peuvent être forcées d'ingérer des produits, chimiques ou non (verre pilé...) pour infliger la douleur et des dégâts internes.
Des produits irritants peuvent être introduits dans le rectum ou le vagin, ou appliqués sur les parties génitales.
[modifier] Torture chimique à l'aide de drogues ou de médicaments
La torture chimique peut consister à administrer à une personne une drogue pendant une longue période, provoquant ainsi une forte dépendance, puis un sevrage pénible pouvant durer plusieurs années. L'administration forcée de médicaments est également utilisée, souvent à des doses toxiques, pour punir des dissidents politiques et ou religieux[9].
Les agents chimiques psychotropes donnent la possibilité d’induire à volonté panique, dépression, psychose, délire et douleur extrême[10].
[modifier] Torture par privation de sommeil
Cette torture est très fréquemment employée dans le monde. Elle a été utilisée entre autres par la Stasi en RDA mais aussi en URSS à partir des années 1930 et à Cuba sous Fidel Castro[11].
[modifier] Torture à l'aide de l'électricité
À Cuba, sous le régime de Fidel Castro, les détenus politiques étaient interrogés par le Departemento Técnico de Investigaciones qui utilisa la torture physique (électrochocs) et psychologique (isolement, privation de sommeil et de nourriture, menace sur la famille, simulacres d'exécution)[11].
[modifier] La perception de l'existence et de la nécessité de la torture
[modifier] En France
Après l'arrêt Selmouni de la Cour européenne des droits de l'homme [12], en 1999 (dans lequel la cour, pour la première fois, qualifie de torture des actes commis par une autorité française), le secrétaire général d'un syndicat de policiers, le SGP, a déclaré que « les policiers ont l'impression qu'ils travaillent pour rien et maintenant ils ne savent même plus dans quels cadres juridiques » (français ou européens) « ils doivent agir. Sur ce point, nous attendons du ministre de l'Intérieur qu'il défende ses troupes plus qu'il ne l'a fait jusqu'à présent » ; pour la Fédération professionnelle indépendante de la police, « il n'y a pas à jouer les enfants de chœur » lors d'un interrogatoire. Le Syndicat national des officiers de police a trouvé « exagérée la qualification retenue par la Cour européenne qui fait état de tortures ». Pour Gérard Boyer, secrétaire général d'Alliance Police Nationale, l'arrêt constitue « une démission importante de la France non sans conséquences sur l'image du travail des policiers en général »[13]. On peut noter :
- que les faits reprochés aux policiers étaient de toute façon réprimés par le droit français, comme le montre leur condamnation par le juge pénal français ;
- que les juridictions françaises, en ce qui concerne les faits, sont parvenues sensiblement aux mêmes conclusions que la CEDH ;
- que devant la CEDH, les policiers n'étaient pas partie à la procédure, qui opposait un particulier au gouvernement français (la « condamnation » de la France par la CEDH est donc sans influence sur la procédure civile et pénale dirigée contre les policiers).
[modifier] En République populaire de Chine
[modifier] Lutte contre la torture
De part le monde, de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) s'activent pour tenter d'exercer une pression sur les États pratiquant la torture, parmi lesquelles on peut citer Amnesty international ou encore l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT). En France, l'Association Primo Levi[14] apporte « soins et soutien aux personnes victimes de la torture et de la violence politique ». Depuis 1974 l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT), une association oecumenique reconnue d'utilité publique, milite pour l'abolition de la torture et de la peine de mort partout dans le monde.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Histoire de la marine française en Indochine de 1939 à 1945#Les camps de déportés
- Torture pendant la guerre d'Algérie
- Accusations de torture en Iran
- Accusations de torture à Guantánamo
- Prison d'Abu Ghraib
- Supplice du pal
- Supplice de la roue
- La Révolution Cambodgienne
[modifier] Liens externes
- (fr) Traité des instruments de martyre et divers modes de supplice employés par les païens contre les Chrétiens, par Antonio Gallonio (1605, édition 1904) (PDF)
[modifier] Notes et référence
- ↑ celle devant faire dénoncer les complices, juste avant l'exécution du condamné
- ↑ La CIA admet avoir utilisé la simulation de noyade sur trois détenus, Lemonde.fr avec AFP, 05 février 2008
- ↑ (fr)Dans le huis clos tchétchène, article du quotidien Le Monde daté du 10 mai 2006, signé par Marie Jégo
- ↑ procureur adjoint du parquet suprême de la République Populaire de Chine
- ↑ Bruno Philip, « Chine : le pouvoir reconnaît l'usage de la torture par la police », dans Le Monde du 22/11/2006, [lire en ligne]
- ↑ Algérie. Pratique persistante de la torture par la Sécurité militaire dans des lieux tenus secrets, Amnesty International, 10 juin 2007
- ↑ Anne Applebaum, Pierre-Emmanuel Dauzat (trad.), Goulag : Une histoire, Paris, éditions Bernard Grasset, 2003, 2005, ISBN 2-246-66121-8, p.183
- ↑ G.H.P. [publication anonyme], La "Kempétaï": Saïgon, Hanoï, Haïphong, Nhatrang, Huê, Vinh, Phnom-Penh, Vientiane, mars-septembre 1945 [livret de caricatures sur la condition des détenus dans les prisons japonaises en Indochine française après le coup de force du 9 mars 1945], Imprimerie Française d'Outre-Mer, Saïgon, 1945.
- ↑ The use of drugs in torture and human rights abuses, Kirschner RH. Am J Forensic Med Pathol. 1984 Dec;5(4):313-5.
- ↑ Mark Wheelis et Malcolm Dando, « Neurobiology: A case study of the imminent militarization of biology », International Review of the Red Cross, Vol. 87, No. 859, septembre 2005, pp. 553-571, p. 11. Consulté le 25 mars 2008
- ↑ a b C. Ronsac (dir.), Le livre noir du communisme, 2000, p.769-770
- ↑ (fr) Arrêt de l'Affaire Selmouni c. France
- ↑ Christophe DORE, « Après la condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l'homme ; L' "arrêt torture" choque la police », Le Figaro, 30 juillet 1999
- ↑ Site internet de l'Association Primo Levi