M'hamed Chenik

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M'hamed Chenik
M'hamed Chenik

M'hamed Chenik, né en mai 1889 à Tunis et décédé le 20 novembre 1976 à Radès, est un homme politique et homme d'affaires tunisien.

Il occupe des postes à responsabilité : vice-président et président de la section tunisienne du Grand Conseil (1922-1942), président de la Chambre tunisienne de commerce (1921-1942) et administrateur-délégué de la Coopérative tunisienne de crédit (1922-1935). Il dirige également deux gouvernements : le premier sous Moncef Bey (1943) et le second sous Lamine Bey (1950-1952).

La vie de M'hamed Chenik consiste ainsi en la trajectoire d'un réformateur se trouvant face à la colonisation, qui représente une domination mais également la modernité, et à sa société aspirant à de plus grandes libertés mais accusant un lourd retard économique.

[modifier] Entrepreneur

M'hamed Chenik débute sa vie active à l'Union commerciale. C'est au sein de cette société qu'il gravit petit à petit les échelons : de simple comptable en 1912, il finit par en devenir co-directeur en 1917. Quelques années plus tard, il crée une banque avec le concours d'un groupe de commerçants : la Coopérative tunisienne de crédit.

En 1935, alors que l'économie tunisienne traverse de grandes difficultés du fait de la retombée de la crise économique mondiale des années 1930, Chenik tente la construction d'un réseau commercial tunisien parallèlement au réseau du protectorat.

Pour cela, il organise un périple en Égypte, Syrie, Palestine et Liban visant la réouverture du marché moyen-oriental qui était le premier partenaire commercial de la Tunisie avant le protectorat. Au cours de son passage en Égypte, il rencontre Talaat Harb, considéré comme le père fondateur de l'économie égyptienne, qui lui fait visiter ses principales usines dont Mehala Kubra (grand centre de filature et tissage). En 1939, Chenik fonde la deuxième usine tunisienne, la Société tunisienne de filature et tissage, qu'il dirige jusqu'à sa mort (la première étant la minoterie Zaouche et Ramella fondée en 1903).

Chenik est également agriculteur : il débute très tôt dans ce domaine (au début des années 1920). Il est également l'un des premiers agriculteurs tunisiens à introduire la machine agricole. Débutant avec une simple parcelle, il se retrouve vite à la tête de plus d'un millier d'hectares et d'un cheptel important. Il reste également actif dans cette branche jusqu'à sa mort.

[modifier] Réformateur

En plus de ses activités d'entrepreneur, M'hamed Chenik est durant de longues années à la tête de de la Chambre tunisienne de commerce et du Grand Conseil (assemblée consultative). Alors que le réglement de la Chambre tunisienne de commerce ne pose aucun problème entre les diverses tendances tunisiennes, celle du Grand Conseil est, bien au contraire, l'une des principales sources de conflits au sein de la classe politique de l'époque. En effet, il défend une politique de collaboration avec les autorités du protectorat durant de longues années. Il semble ainsi croire à une lutte à l'intérieur des institutions, refusant de ce fait une politique de la « chaise vide ».

[modifier] Homme politique

M'hamed Chenik emprunte donc dans les années 1920 une voie diamétralement opposée à celle du Destour : la collaboration avec l'administration du protectorat. C'est donc un homme politique controversé durant les années 1920 et 1930. Pourtant deux résidents généraux successifs, François Manceron en 1933 et Marcel Peyrouton en 1935, chercheront à l'éliminer.

Au début des années 1940, Moncef Bey, considéré par les Tunisiens comme le plus nationaliste des beys, choisit Chenik pour diriger son premier gouvernement d'« union nationale » qui ne dure que quelques mois (janvier-mai 1943) en raison de la destitution de Moncef Bey par le général Alphonse Juin. En effet, l'alliance du pouvoir politique (Moncef Bey) et du pouvoir économique (M'hamed Chenik) voulait prouver que la Tunisie était apte à s'autogérer au moment crucial où la « nation protectrice » semblait affaiblie. Ce qui explique pourquoi les autorités du protectorat décident également l'arrestation de plusieurs leaders nationalistes, dont Chenik, le 9 mai 1943.

À partir de là, Chenik prend la tête d'un mouvement qui va être le ciment de toute la classe politique tunisienne (à l'exception des communistes) : le moncefisme. C'est à ce titre que, lorsque le gouvernement de la IVe République est acculé à entreprendre des négociations avec les Tunisiens, Chenik prend la tête du gouvernement, englobant le Destour et le Néo-Destour, entre 1950 et 1952. Alors que le Néo-Destour est derrière lui dans le bras de fer engagé avec le résident général Jean de Hautecloque, une fois les négociations abouties en 1954, Chenik est remplacé à la tête du gouvernement par Tahar Ben Ammar. Après l'indépendance de la Tunisie, en 1956, il ouvre l'assemblée constituante, en tant que doyen d'âge, puis se retire de la vie politique.


Précédé de :
Hédi Lakhoua
Grand vizir de Tunis
1943
Suivi de :
Slaheddine Baccouche
Précédé de :
Mustapha Kaak
Grand vizir de Tunis
1950-1952
Suivi de :
Slaheddine Baccouche