Alphonse Juin

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Alphonse Juin
Naissance : 16 décembre 1888
Bône, Algérie
Décès : 17 janvier 1967 79 ans)
Paris, France
Origine : France France
Arme : Infanterie
Grade : Général d'armée
Service : 1912 - 1962
Conflits : Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Commandement : 15e division d'infanterie motorisée en 1940
Chef du corps expéditionnaire français
en Italie de 1943 à 1944 Chef d'etat-major de la defense nationale de 1944 a 1947
Faits d'armes : Bataille du Mont Cassin
Distinctions : Maréchal de France
Grand'Croix de la Légion d'honneur
Médaille militaire
Croix de guerre 1914-1918
Autres fonctions : Élu à l'Académie française
(fauteuil 4)

Alphonse Juin, né le 16 décembre 1888 à Bône (actuelle Annaba, Algérie), mort le 27 janvier 1967 à Paris, était un militaire français, général et maréchal de France.

Sommaire

[modifier] Carrière initiale

  • Issu d'une famille modeste (fils de gendarme), française d'Algérie, il sort major de la promotion de Fez de Saint-Cyr en 1912 dans la même promotion que le général de Gaulle.
  • Pendant la Première Guerre mondiale, Alphonse Juin se bat au Maroc jusqu'en 1914, puis sur le front français à la tête des tabors marocains. Grièvement blessé en Champagne en 1915, il perd définitivement l'usage de son bras droit. Il reste huit mois a l'hopital, avant de retrouver le front comme capitaine. En 1921, il obtient de si bons resultats à l'ecole de guerre qu'il est maintenu comme professeur stagiaire. Il sert ensuite de nouveau en Afrique du Nord sous les ordres du marechal Lyautey.

[modifier] Juin au service de Vichy

Libéré le 15 juin 1941, sur la demande du gouvernement de Vichy, en application des accords de Paris (accords de collaboration militaire) passés par Darlan avec l'Allemagne, il est nommé commandant en chef des forces d'Afrique du Nord.

Il se rend alors en Allemagne, le 20 décembre 1941, avec le ministre de Brinon, pour y rencontrer le maréchal Göring, qui lui demande d'accueillir en Tunisie les troupes germano-italiennes de Rommel, en cas de repli de ces dernières. Brinon, qui accompagnait Juin, a soutenu que ce général aurait alors répondu favorablement à Göring. Juin, au contraire, affirme dans ses mémoires qu'il aurait opposé à Göring son refus le plus formel. Ce qui est certain c'est que, dans la pratique, lors de l'entrée des Germano-italiens en Tunisie, le 9 novembre 1942, les subordonnés de Juin allaient leur livrer ce protectorat sans un seul coup de feu, dans le même temps qu'ils tiraient sur les alliés à Oran et au Maroc, ce qui confirmerait les déclaration de Brinon lors de son procès.

Le 8 novembre 1942, lors du débarquement allié en Afrique du Nord, Alphonse Juin fut d'abord arrêté par un groupe de jeunes patriotes commandés par l'aspirant de réserve Pauphilet, tandis que 400 résistants mal armés neutralisaient le XIXe corps d’armée à Alger, ce qui permit aux Alliés de débarquer sans opposition, d'encercler la ville et d'obtenir sa capitulation le jour-même.

Juin, destinataire d'une lettre de F. Roosevelt lui demandant d'accueillir les troupes alliées en amies, rejeta cette demande présentée par le consul Murphy, en s'abritant derrière l'autorité de l'Amiral Darlan, présent à Alger. Libéré au matin par la garde mobile, il organisa la reconquête de la ville contre les résistants. À 17 heures 30, alors que la résistance tenait encore son principal point stratégique, le Commissariat central, et que les alliés pénétraient enfin dans la ville, Juin capitula, mais pour Alger seulement.

Le même 8 novembre 1942, à Oran et au Maroc, les subordonnés de Juin, qui n'avaient pu être neutralisés comme à Alger, y accueillirent à coups de canons les alliés, tandis qu'ils allaient livrer sans résistance la Tunisie aux Allemands. Pendant ce temps à Alger, Juin, commandant en chef et Darlan commencèrent par refuser d'ordonner le cessez le feu au Maroc et la reprise du combat aux troupes de Tunisie.

Il fallut 3 jours de pression et de menaces du général américain Clark, pour que Darlan ordonne enfin le cessez-le-feu les 10 et 11 novembre 1942 (coût humain de ces 3 jours d'obstination de Juin et Darlan : 1 346 tués Français et 479 alliés et 1 997 blessés français et 720 alliés).

Juin donna enfin, le 14 novembre, l'ordre à l'armée de Tunisie repliée sur la frontière algérienne, de faire face aux Allemands, mais son chef le général Barré attendra jusqu'au 18 novembre pour reprendre le combat. L'armée de Tunisie renforcée par des éléments alliés allait alors se battre très courageusement, mais le coût humain des 6 mois de guerre nécessités ensuite pour reconquérir la Régence qui n'avait pas été défendue allait être très élevé.

[modifier] Juin en guerre contre l'Allemagne

Juin, sous l'autorité de Darlan, autoproclamé Haut Commissaire de France en Afrique, puis du général Giraud (voir Régime de Vichy en Afrique libérée (1942-1943)), se rallia enfin aux Anglo-Américains et reçut le commandement des forces françaises engagées en Tunisie. Celles-ci, qui ne demandaient qu'à se battre, contribuèrent, au prix de lourdes pertes à l'anéantissement des forces d'occupation de l'Axe et de l'Afrika Korps de Rommel.

En 1943, nommé par de Gaulle à la tête du corps expéditionnaire français en Italie, qui comprend quatre divisions (en tout 120 000 hommes), Alphonse Juin se couvre de gloire en prenant le Belvédère de Monte-Cassino, à l'assaut duquel se lancèrent les tabors marocains du général Guillaume et le 4e régiment de tirailleurs tunisiens.

La bataille du Mont-Cassin révéla le génie militaire du général Alphonse Juin qui en lançant un assaut d'infanterie légère pour déborder la position allemande sur ses flancs remporta un succès total, au contraire du général américain Clarke qui en tentant un assaut frontal d'infanterie lourde précédé d'un catastrophique bombardement du monastère envoya à la mort sans aucune utilité près de 1700 GI's.

En 1944 Juin fit adopter par les Alliés un plan de manœuvre audacieux. En effet, il brisa la ligne Gustav en enveloppant le mont-Cassin. La prise du Belvédère, aux prix de lourdes pertes reste un grand moment. Ensuite, Juin repousse les Allemands de la tête de pont sur le Garigliano et descend dans la plaine avec ses troupes. Il prend une part active dans l'offensive sur Rome, bien que lui-même eut préférée une ultime bataille a l'Est pour anéantir les Allemands. Il libère les faubourgs Est de la Cité Éternelle et entre dans la capitale aux cotés de Clark. Puis, Juin prend Sienne.

Ses troupes participent ensuite, mais sans lui, au débarquement de Provence, sous les ordres du général de Tassigny, qui, à sa différence, avait tenté de résister, lorsque le 11 novembre 1942 les troupes allemandes avaient envahi la zone libre.

En 1944-1947, il est chef d'état-major de la défense nationale. À ce titre, il est en communication avec de Gaulle et le SHAEF bien que Koenig soit le principal representant francais au SHAEF.

[modifier] Juin dans l'après-guerre

  • 19511956, commandant en chef du secteur Centre-Europe de l'Organisation atlantique (dont le commandant suprême est le général Eisenhower).
  • 1955, s'oppose à l'indépendance du Maroc, ainsi qu'à l'abandon en Algérie.

Comme pied-noir et comme soldat, il s'oppose à la politique d'autodétermination menée par de Gaulle, sans soutenir toutefois le putsch des généraux en 1961. Il fut écarté, de ce fait, de toute fonction à partir de 1962.

De 1955 à sa mort, président d'honneur de la SNAAG (Société nationale des anciens et des amis de la gendarmerie).

[modifier] Distinctions

[modifier] Académies

[modifier] Décorations

[modifier] Voir aussi

[modifier] Sources et bibliographie de base

[modifier] Mémoires des principaux protagonistes

  • Général Alphonse Juin, Les mémoires du maréchal Juin, Paris, « Le Figaro », mars 1949.
  • José Aboulker, Nous qui avons arrêté le général Juin, Paris, « La Nef », n° 25, avril 1959.
  • Général Giraud, Un seul but : la victoire, Alger 1942-1944, Paris, Julliard, 1949.

[modifier] Rapports officiels d’époque des acteurs du putsch du 8 novembre 1942, à Alger

  • Les Cahiers Français, La part de la Résistance Française dans les évènements d’Afrique du Nord (Rapports des chefs des groupes de volontaires qui se sont emparés d’Alger le 8 novembre 1942), Commissariat à l’Information du Comité National Français, Londres, août 1943.

[modifier] Ouvrages scientifiques

  • Professeur Yves Maxime Danan, La vie politique à Alger de 1940 à 1944, Paris, L.G.D.J., 1963.
  • Christine Levisse-Touzé, L'Afrique du Nord dans la guerre, 1939-1945, Paris, Albin Michel, 1998.
  • Jacques Cantier, L'Algérie sous le régime de Vichy, Thèse, Toulouse II, 1999.
  • Professeur José Aboulker et Christine Levisse-Touzé, 8 novembre 1942 : les armées américaine et anglaise prennent Alger en quinze heures, Paris, « Espoir », n° 133, 2002.

[modifier] Liens externes


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Fauteuil 4 de l’Académie française
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