Mélissos

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Mélissos de Samos
(Μέλισσος ὁ Σάμιος)
Philosophe Occidental
Antiquité
Naissance : 470 av. J.-C. (Samos)
Décès : date inconnue
École/tradition : École éléatique
Principaux intérêts : Métaphysique
Influencé par : Parménide - Héraclite
A influencé : Platon

Mélissos de Samos (en grec ancien Μέλισσος ὁ Σάμιος / Mélissos ó Sámios) était un philosophe présocratique, un homme politique et un amiral ionien de Grèce antique, né vers l'an 470 av. J.-C. à Samos, une île des Sporades. Il fut le dernier représentant de l'école éléatique.

Sommaire

[modifier] Biographie

Selon Diogène Laërce[1], Mélissos serait le fils d'Ithaigène de Samos. Il serait né vers 470 av. J.-C.[2], mais la date de sa mort nous reste inconnue. Apollodore fixe son acmé à la quatre-vingt-quatrième Olympiade (444 av. J.-C.441 av. J.-C.). Toujours selon Diogène[3], Mélissos n'est l'auteur que d'un seul ouvrage, écrit en prose. De cet ouvrage, il ne nous reste que des fragments que nous connaissons par le truchement de Simplicius de Cilicie. Aristote fait aussi référence à Mélissos dans un traité intitulé Contre les doctrines de Mélissos[4], rapporté dans la bibliographie de ses œuvres que nous livre Diogène. Timon décrit Mélissos comme le

« Vainqueur de beaucoup d'illusions, vaincu par peu d'entre elles. »[5]

[modifier] Philosophie

Contemporain de Zénon d'Élée, Mélissos a pu être disciple de Parménide car il partage avec lui une pensée de l'être.
Au sein des 10 fragments qui nous restent de son opus, il développe une conception de l'être comme ce qui est pleinement. L'être de Mélissos a pour attributs nécessaires: immutabilité (ne change pas), immobilité, infinité, éternité, unité. Ces attributs sont nécessaires au sens étymologique: necessarius (latin), ce qui est inévitable, ce qui ne peut pas être autrement.

Mélissos fait découler les qualités de l'être de manière logique. Ainsi, parce que l'être est infini, qu'il n'a donc ni commencement ni fin, il ne peut pas se mouvoir, car il n'y a pas de vide. Par conséquent, l'être joue un rôle axiomatique dans la définition de ses attributs. C'est justement sur la notion d'infinité que Mélissos marque sa différence avec Parménide, ce dernier jugeant que l'être n'est pas infini mais « continu, fini, sphérique. »[6]

C'est cette séparation entre l'être de Parménide et l'être de Mélissos qui explique que seul le premier ait reçu l'approbation d'Aristote[7], tandis que Platon perçoit Mélissos plus favorablement[réf. nécessaire]. En effet, si pour Parménide aussi bien que pour Mélissos, l'être est un intelligible[6], pour Mélissos, ce n'est pas une réalité physique:

« Si en effet ce sont des êtres que la terre, l'air, le feu, si ceci est vivant, cela mort, ceci blanc, cela noir, si toutes les autres choses que les hommes disent être vraies sont en effet, si nous voyons et si nous entendons juste, il faut que chaque chose reste telle qu'elle nous a paru d'abord, sans changer ni s'altérer, qu'elle soit toujours ce qu'elle est. [...] tout ce que nous voyons partout semble s'altérer et se transformer. Il est donc clair que nous ne voyons pas juste, mais aussi que c'est à tort que toutes ces choses nous paraissent être. »[8]

Mélissos s'est aussi exprimé sur les dieux, à la manière des sceptiques, car dans son propos transparaît une épochè:

« Mais il disait aussi, à propos des dieux, qu'il ne fallait pas se prononcer; car il n'y en a pas de connaissance. »[1]

[modifier] Homme politique

[modifier] Citations

  • « Ce qui a été a toujours été et sera toujours. »
  • « Si l'Être est, il faut qu'il soit un ; étant un, il faut qu'il n'ait pas de corps ; car s'il avait de l'épaisseur, il aurait des parties et ne serait plus un. »

[modifier] Sources

[modifier] Notes

  1. ab Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, LGF, Paris, 1999, IX, 24, p. 1068 (ISBN 9782253132417)
  2. Selon Giovanni Reale dans Melisso, testimonianze e frammenti, il faudrait faire remonter la date de naissance de Mélissos au début du Ve siècle av. J.-C.
  3. Diogène Laërce, ibid., I, 16, p. 74
  4. Diogène Laërce, ibid., V, 25, p. 581
  5. Diogène Laërce, ibid., IX, 25, p. 1069
  6. ab Jean Voilquin, Les penseurs grecs avant Socrate, GF, Paris, 1964, p.89 (ISBN 9782080700315)
  7. Aristote, Métaphysique, tome 1, Vrin, Paris, 2000, livre A, 5, pp. 26-27 (ISBN 9782711610778): « Maintenant, ces philosophes, comme nous l'avons dit, doivent demeurer étrangers à notre présente recherche, et, d'une façon absolue, deux d'entre eux, dont les conceptions sont, en vérité, par trop grossières, Xénophane et Mélissus. Parménide lui, semble raisonner ici avec plus de pénétration.»
  8. Jean Voilquin, ibid., pp. 110-111