Louis Bourdaloue

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Louis Bourdaloue.Dessin de Jean Jouvenet.
Louis Bourdaloue.
Dessin de Jean Jouvenet.

Louis Bourdaloue, né à Bourges le 20 ou 28 août 1632 et mort à Paris le 13 mai 1704, est un jésuite français. Brillant prédicateur connu pour la qualité de ses sermons qu'il récitait presque théâtralement, il prêchait, dit-on, les yeux clos. Son talent et sa réputation lui valurent de prêcher à la cour, où il fut surnommé « roi des prédicateurs, prédicateur des rois ». On a considéré Bourdaloue comme « le plus Janséniste des Jésuites. » Il joua un rôle important à un moment difficile de l’histoire des jésuites français.

Son nom est attaché à un ruban de gros-grain entourant un chapeau (par allusion à son propre chapeau), à un entremet chaud de frangipane et de fruits et saupoudré de macarons écrasés, et à une sorte de pot-de-chambre oblong, peut-être par allusion ironique à la longueur de ses sermons qui faisaient souffrir la vessie des dévotes[1]. En outre, il est possible que son nom soit à l’origine du mot anglais loo. L'entremet Bourdaloue tiendrait son nom de la rue Bourdaloue à Paris, où était établi un célèbre pâtissier.

Sommaire

[modifier] Biographie

Il est issu d'une famille de marchands. Son père, avocat, était un orateur réputé. Bourdaloue entre dans l'ordre des jésuites à l'âge de 16 ans. Devenu professeur de théologie, de rhétorique et de philosophie, il est ordonné prêtre en province en 1665. En 1669, il est appelé à Paris, où ses qualités d'orateur lui valent une renommée grandissante. Il est dix fois chargé de prêcher l'Avent ou le Carême devant Louis XIV et la cour, plus que tous les autres prédicateurs de son temps. Il fait figure de sage dans une atmosphère frivole.

Statue par Louis Desprez.Série des « Hommes illustres » dans la cour Napoléon du palais du Louvre.
Statue par Louis Desprez.
Série des « Hommes illustres » dans la cour Napoléon du palais du Louvre.

Lors de la révocation de l'Édit de Nantes en 1686, il est envoyé dans le Languedoc auprès des protestants et obtient de nouveaux succès dans cette mission délicate. On le dit particulièrement éloquent au moment d'administrer l'extrême-onction. Il est apprécié de la Marquise de Sévigné qui assiste à ses sermons et le mentionne dans ses lettres, et il est très lié avec Bossuet. Les deux hommes, quoique maniant la langue de manière très différente, ne furent jamais rivaux, comme le soutient la légende. Bourdaloue consacre ses dernières années au service des pauvres, des malades, et des prisonniers. Il meurt à Paris à l'âge de 71 ans.

[modifier] Œuvre

Il a prêché un sermon sur la nature infaillible de l’Église. On estime surtout son Sermon sur la Passion et son Sermon sur les richesses. Son Sermon sur le Passion est un discours très célèbre dans l’histoire de la théologie.

Certaines de ses préoccupations semblent rester très actuelles au début du XXIe siècle : « On veut être riche; voilà la fin qu'on se propose et à laquelle on est absolument déterminé. Des moyens, on en délibérera dans la suite; mais le capital est d'avoir, dit-on, de quoi se pousser dans le monde, de quoi faire quelque figure dans le monde, de quoi maintenir son rang dans le monde, de quoi vivre à son aise dans le monde; et c'est ce que l'on envisage comme le terme de ses désirs. On voudrait bien y parvenir par des voies honnêtes, et avoir encore, s'il était possible, l'approbation publique; mais, à défaut de ces voies honnêtes, on est secrètement disposé à en prendre d'autres et à ne rien excepter pour venir à bout de ses prétentions. »

Si Jean-Baptiste Massillon est plus brillant, Bourdaloue offre une instruction plus réelle. Il avait une voix forte, claire, et rapide. Il prêchait aussi bien à la cour qu’au peuple, sachant s’adapter à son auditoire et sa situation. Son objet était le salut des âmes. La vertu et l’éloquence s’unissent en Bourdaloue. Bourdaloue est considéré comme le fondateur de l'éloquence chrétienne en France. Ce qui le distingue surtout, c'est moins l'éclat du style que la force du raisonnement et la solidité des preuves. Ses sermons avaient une richesse doctrinale, mais ils n’étaient pas difficiles à comprendre. Les mots et la formation des sermons étaient parfaits (on a souvent dit que son style français était le plus parfait de l’histoire). Il a fait appel plutôt à la raison et la logique du peuple. Il n’a jamais fait appel aux émotions et il ne voulait jamais éblouir. François de Lamoignon a dit de lui : « Il retrancha dans ses sermons ces longues dissertations de théologie qui ennuient les auditeurs et qui ne servent qu'à remplir le vide des sermons. Il établit des vérités de la religion solidement, et jamais personne n'a su comme lui tirer des vérités les conséquences utiles aux auditeurs. »

[modifier] Théologie

Les idées de Louis Bourdaloue sont importantes dans l’histoire de la spiritualité. Il souligne les actions vertueuses, mais aussi la réflexion intérieure : la notion de vie intérieure fut un thème important des sermons et de sa vie. Il considèra que la direction du Saint-Esprit apporte le royaume de Dieu dans nos âmes. En 1668, Bourdaloue attaque le quiétisme dans son sermon sur la prière. Le quiétisme est une forme de mysticisme religieux considéré comme un mouvement sujet à controverse au sein du catholicisme français. La doctrine quiétiste enseigne que la paix et la perfection ne peuvent être gagnées que lorsque l'on quitte les affaires du monde et que l'on ne consacre sa vie qu'à Dieu et à la lumière divine uniquement ; le quiétisme peut être considéré comme partiellement héritier du mysticisme de Thérèse d'Avila au XVIe siècle. Bourdaloue n’a, lui, jamais abandonné le monde ou la cour. Il fut généralement préoccupé par la condition de l’homme et prit part à plusieurs sociétés de bienfaisance. Austère dans sa conduite et dans son caractère, il était cependant, en tant que prêtre, aussi indulgent que le permettaient ses devoirs.

[modifier] Sermons

Ses sermons ont fait l'objet de plusieurs éditions : François de Paul Bretonneau, 16 volumes (Paris, 1707-1734) ; 17 volumes (in-8, 1822-1826) ; 3 volumes (grands in-8, 1834) ; 6 volumes (Lille, 1882). On compte parmi eux :

  • Sermon sur les richesses
  • Sermon sur la Passion
  • Retraites spirituelles
  • Pensées
  • Sermon sur la impureté
  • Sermon sur la pénitence
  • Sermon sur la conversion de Madeleine
  • Dominicales

[modifier] Citations

  • « Dieu a établi les pauvres dans le monde pour recueillir ses droits en sa place. »
  • « Il n'est rien de plus précieux que le temps, puisque c'est le prix de l'éternité. »
  • « La liberté de l'homme commence à la libération de sa dette sociale. »
  • « Prudence ; de toutes les vertus requises pour le gouvernement, voilà sans contredit la plus importante. »
  • « La médisance est l'ennemi le plus mortel de la charité. »
  • « Aimons la vérité qui nous reprend, et défions-nous de celle qui nous flatte. »
  • « De tous les sentiments dont le cœur de l'homme est capable, il n'y a que l'amour de Dieu par où l'homme puisse rendre en quelque manière la pareille à Dieu. »

[modifier] Références et Bibliographie

  1. Dictionnaire historique de la langue française, sous la direction de Alain Rey, Éditions Le Robert.
  • William V. Bangert, S.J., A History of the Society of Jesus, The Institute of Jesuit Sources, 1972
  • Joseph de Guibert, S.J., The Jesuits: Their Spiritual Doctrine and Practice, The Institute of Jesuit Sources, 1964

[modifier] Liens externes

[modifier] Source partielle

« Louis Bourdaloue », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions] (Wikisource)