Rhétorique

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Démosthène s'exerçant à la parole, toile de Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouy (1842-1923)
Démosthène s'exerçant à la parole, toile de Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouy (1842-1923)

La rhétorique (du grec ancien ῥητορικὴ [τέχνη] / rhêtorikề [tékhnê], « technique/art oratoire »), désignant au sens propre « l'art de bien parler », est l'art ou la technique de persuader, généralement au moyen du langage. La rhétorique est à la fois la science (au sens d'étude structurée) et l'art (au sens de pratique reposant sur un savoir éprouvé) qui se rapporte à l'action du discours sur les esprits. À ses débuts, la rhétorique s'occupait du discours politique oral avant de s'intéresser de manière plus générale aux textes écrits et surtout aux textes. Les termes « rhétorique » ou « sophistique » sont souvent utilisés avec un sens péjoratif, quand on souhaite opposer les paroles creuses de l'action, ou séparer l'information de la désinformation, de la propagande, ou encore pour qualifier des formes douteuses de discours pseudo-argumentatif.

Une question rhétorique est une question que l'on se pose et à laquelle nous ne pouvons répondre que par oui ou par non.




Sommaire

[modifier] Rhétorique et philosophie

[modifier] Rhétorique: sophistique contre dialectique, Sophistes contre Platon

Platon oppose deux rhétoriques :

  • la rhétorique sophistique, mauvaise, est constituée par la logographie, qui consiste à écrire n'importe quel discours et a pour objet la vraisemblance, l'illusion ;
  • la rhétorique de droit ou rhétorique philosophique, qui constitue pour lui la vraie rhétorique qu'il appelle psychagogie (formation des âmes par la parole).

Pour Platon (dont deux dialogues concernent précisément la rhétorique : le Gorgias et le Phèdre), l'essence de la philosophie reposait dans la dialectique : la raison et la discussion mènent peu à peu à la découverte d'importantes vérités. Platon pensait que les sophistes ne s'intéressaient pas à la vérité, mais seulement à la manière d'y faire adhérer autrui. Ainsi il rejetait l'écrit et recherchait l'interlocution personnelle, l'ad hominatio. Le mode fondamental du discours est le dialogue entre le maître et l'élève.

Toute l'histoire de la rationalité en philosophie est traversée par le débat mis en forme par Platon entre la rhétorique, qui argumente sur des opinions probables et transitoires (donc, pour lui: fausses, ou du moins faussées), et la philosophie, qui argumente sur/vers des vérités certaines; sur d'une part une raison du bon sens, du lieu commun, une raison raisonnable, et d'autre part une raison tranchante, absolue, détachée des hommes tels qu'ils vivent. Toute l'histoire de la philosophie politique en est le reflet: depuis Platon il y a une politique du vrai, de l'absolu, du dogme, et des politiques du possible, du relatif, du négociable - ce qui était précisément comment les Sophistes définissaient la pratique rhétorique, bonne pour eux, de la démocratie délibérative[1].

[modifier] La rhétorique selon Aristote

À la génération suivante, en revanche, Aristote compose (à côté de sa Poétique ) un traité de rhétorique qui légitime pleinement cette discipline.

Aristote, en distinguant trois types d'auditeurs, distinguait ainsi trois genres rhétoriques, chacun trouvant à s'adapter à l'auditeur visé et visant un certain type d'effet social : le délibératif, le judiciaire, l'épidictique (ou démonstratif). Le délibératif s'adresse au politique et son objectif est de pousser à la décision et à l'action (a pour fin le bien); le judiciaire s'adresse au juge et vise l'accusation et/ou la défense (a pour fin le juste); le démonstratif fait l'éloge ou le blâme d'une personne (a pour fin le beau, en terme actuel: la valeur). A chaque discours s'accorde une série de technique et un temps particulier : le passé pour le discours judiciaire (puisque c'est sur des faits accomplis que porte l'accusation ou la défense), le futur pour le délibératif (on envisage les enjeux et conséquences futures de la décision objet du débat), enfin présent essentiellement mais aussi passé et futur pour le démonstratif (il est question des actes passés, présents et des souhaits futurs d'une personne). Le judiciaire a le syllogisme rhétorique ou enthymème comme instrument principal, le délibératif privilégie l'exemple et l'épidictique l'amplification.

[modifier] Rhétorique et poétique

La rhétorique, née dans le milieu judiciaire, couvre potentiellement l’ensemble des messages sociaux, y compris les textes à visée esthétique. La pensée classique avait envisagé, à côté de la rhétorique, l’existence de la poétique, œuvrant dans le monde de l'imaginaire. Mais les textes à visée esthétique, parce qu'ils appartiennent à l’espace du vraisemblable, relèvent aussi d'une rhétorique comprise dans un sens large. De sorte qu'entre poétique et rhétorique, les passages sont possibles : des concepts élaborés dans le cadre de la seconde ont été sans difficultés transposés à la première.

[modifier] Annexes

"Rhétorique" ou "rhéto" est également un belgicisme pour désigner la Terminale.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

wikt:

Voir « rhétorique » sur le Wiktionnaire.

[modifier] Notes et références

  1. Voir les travaux de Barbara Cassin

[modifier] Autres sources

Cet article est en partie issu de l'art rhétorique grecque et romain, Essai de comparaison, thèse de Wicem Elk.