Ligne Mac-Mahon

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La ligne Mac-Mahon - nommée d'après son principal négociateur sir Henry Mac-Mahon - était la frontière proclamée par le Royaume-Uni séparant l'Inde britannique et le Tibet. Elle a été définie au cours de la Convention de Simla de 1914, conférence à laquelle assistent des représentants tibétains et britanniques. Cependant, malgré la signature de l'accord par les plénipotentiaires du Tibet, la Chine refusa de reconnaître et ratifier tous les points d'accord obtenus au cours de la conférence, en particulier la validité de la frontière établie par la ligne Mac-Mahon.

Sommaire

[modifier] Le contexte

Au début du XXe siècle, la Chine, concentrée sur ses problèmes intérieurs et extérieurs, joue un rôle politique moindre en Asie centrale tandis que l'Inde britannique et la Russie tsariste s'affrontent dans un conflit silencieux que les Britanniques nomment le Grand Jeu, décrit par Rudyard Kipling dans son roman Kim, et les Russes le « Tournoi des ombres » (The Tournament of Shadows) et dont le but aurait été la maîtrise de la zone et, selon certains, celle du Tibet, un pays alors largement inconnu. En effet, les Russes et les Britanniques auraient envisagés que le Tibet ouvrirait un jour une voie vers de nouveaux marchés, sud-asiatiques pour les premiers, chinois pour les seconds. Cependant, les autorités tibétaines sont alors réfractaires à tout contact avec l'extérieur et les Russes, les premiers à faire une tentative, essuient un échec.

En 1904, les Britanniques répondent à une indifférence semblable à leur égard par une expédition militaire commandée par Sir Francis Younghusband qui se rend à Lhassa et force les Tibétains à ouvrir leur frontière avec l'Inde. Ce coup de force est ratifié par le Traité de Lhassa, signé le 7 septembre 1904, qui fixe les frontières entre le Tibet et le Sikkim, royaume indépendant sous influence britannique à cette époque, et qui instaure de facto un protectorat économique du Royaume-Uni sur le Tibet, et soutient l'indépendance du pays.

Deux ans plus tard, le 27 avril 1906, le gouvernement du Tibet signe avec les Britanniques une convention qui ratifie le Traité de Lhassa et reconnaît ainsi l'autorité de l'Inde britannique sur le Tibet. Cependant, en mai 1910, l'envoi par la Chine d'un millier de soldats en Birmanie, alors partie des Indes britanniques, pour l'installation d'un poste frontière, soulève l'inquiétude des britanniques vis-à-vis de l'expansionnisme chinois. Après la chute de la dynastie Qing des Mandchous en 1911, les britanniques décident de convoquer une conférence dans l'objectif principal de conserver le Tibet comme un état de tampon de facto entre la Chine et l'Inde.[1] Ainsi, l'Inde Britanique, la Chine et le Tibet se retrouvent à Simla d'octobre 1913 à juillet 1914 de façon à conclure un traité frontalier définitif.

[modifier] La Convention de Simla

En 1913, les Britanniques ont convoqué une Conférence à Simla, en Inde, pour discuter du problème du statut du Tibet[2]. A cette conférence, assistèrent les plénipotentiaires de la Grande-Bretagne, de la Chine, et du Tibet. La conférence s'ouvre le 6 octobre 1913 sous l'égide de Henry Mac-Mahon. Sous le Raj britannique, les Britanniques souhaitent que le Tibet devienne un état tampon pour endiguer les poussées expansionnistes chinoises, ce qui satisfait les Tibétains qui aspirent à voir leur indépendance et l'intégrité de leur territoire reconnues. Les Chinois, quant à eux, veulent intégrer à leur territoire les zones tibétaines orientales du Kham[réf. nécessaire] conquises par les troupes du général Zhao Erfeng en 1908. Pour résoudre les problèmes frontaliers, Henry Mac-Mahon tranchera le 11 mars 1914 en proposant un accord, la Convention de Simla, définissant la frontière entre l'Inde et le Tibet par la ligne Mac-Mahon et divisant le Tibet en « Tibet Extérieur » sous l'administration du gouvernement du Dalaï Lama et « Tibet Intérieur » où Lhassa aurait l'autorité spirituelle uniquement. Les deux secteurs étaient considérés comme étant sous la "suzeraineté" chinoise[3]. Les trois représentants paraphèrent l'accord le 27 avril 1914[4]. Pékin s'est opposé à la frontière proposée entre Tibet Intérieur et Extérieur et a renié l'accord et le paraphe de son délégué[5].

Ainsi, le nouveau tracé des frontières, qui suit de façon générale la crête de l'Himalaya oriental du Bhoutan à la Birmanie et la ligne de partage des eaux du Brahmapoutre et de la Chindwin, resta lettre morte. La ligne Mac-Mahon probablement acceptée par le 13e Dalaï Lama comme elle l'est par le 14e Dalaï Lama, et présentée sur les cartes publiées par l'actuelle Administration centrale tibétaine en exil à Dharamsala, comme frontière sud du Tibet[6]. Par contre, les Tibétains contestèrent les frontières orientales du Tibet avec la Chine[7]. Les représentants chinois refusent de leur côté de signer l'accord.

Ainsi, après l'indépendance de l'Inde et de l'établissement de la République populaire de Chine à la fin des années 1940, la question des frontières n'est toujours pas résolue et avec l'occupation du Tibet par l'armée communiste chinoise, la notion d'état tampon disparaît. La Chine réclame la partie de l'Arunachal Pradesh au sud de la ligne Mac-Mahon.

Cette frontière est à nouveau contestée durant le conflit sino-indien de 1962 où les deux pays se font une brève guerre de frontière dans cette région. La Chine occupe alors certains secteurs au sud de la ligne durant plusieurs mois. Cependant, en 1981, les deux pays ouvrent des négociations pour résoudre leur conflit frontalier et les discussions menées en 1993 et 1995 soulagent la tension le long de la frontière. Jusqu'à maintenant, la Chine refuse de reconnaître la ligne Mac-Mahon[8].

[modifier] Notes et références

  1. The Western Extent of the Manchu Empire, [CA 1800]
  2. Maxwell, Neville, India's China War, New York, Pantheon, 1970.
  3. "Convention Between Great Britain, China, and Tibet, Simla (1914)"
  4. Calvin, James Barnard, "The China-India Border War", Marine Corps Command and Staff College, April 1984
  5. Goldstein, Melvyn C. 1989. A History of Modern Tibet, 1913-1951: The Demise of the Lamaist State. Berkeley: University of California Press. p. 75
  6. Tawang not China's
  7. Claude Arpi, Tibet, le pays sacrifié, Ch 11, p126, 2000, Calmann-Lévy
  8. La ligne Mac-Mahon est illégale. Zhou Gang - l'ambassadeur Chinois de l'Inde

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Louis Frédéric, Dictionnaire de la civilisation indienne, Robert Laffont, 1987

[modifier] Lien interne