Lansquenet

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Lansquenet 1530
Lansquenet 1530

De l’allemand Landsknecht, attesté depuis 1480, Knecht (valet) indiquant une servitude vis-à-vis de l’« employeur » et Land (pays ou plus certainement dans ce cas campagne, plaine) marquant l’origine de ces mercenaires qui ne venaient pas de la montagne, contrairement aux piquiers suisses. Dès 1500, on trouve l’altération Lanzknecht influencée par Lanze (lance, pique), le terme Landsknecht se trouve encore en allemand moderne au sens de mercenaire (Söldner).

Les lansquenets étaient des mercenaires, souvent « allemands », si tant est que le mot ait un sens à l’époque, et opérant du XVe siècle au XVIIe siècle. Les troupes suisses ayant fait la démonstration à plusieurs reprises que la meilleure des cavaleries était impuissante contre des fantassins équipés de piques atteignant jusqu’à 6 mètres de long, de nombreux souverains décident de créer des unités sur le modèle de ces « Reislaüfer » suisses. En Bavière, l'un des principaux chefs mercenaires au service de l'empereur fut Georg von Frundsberg. À Florence, on trouve par exemple la Loggia dei Lanzi, ainsi nommée en raison de la présence de mercenaires allemands stationnés à proximité. C’est le début de l’ère de gloire des lansquenets dont Maximilien Ier de Habsbourg (1459-1519), surnommé le « père des lansquenets », marque peut-être l’apogée.

Aussi recherchés que les Suisses, ils se mettent au service de tous les souverains d’Europe, en particulier du roi de France, et ont marqué l’histoire de leurs pillages et exactions. Une longue pique de 6 mètres ou plus était leur arme principale mais la hallebarde, plus courte (2 mètres environ) et divers types d’épées à une ou deux mains équipaient également leurs troupes. Les lansquenets d’élite, les Doppelsöldner (double solde), utilisaient par exemple la flamberge, une longue épée pouvant abattre aisément un cheval, mais aussi l’arquebuse etc. Une unité de lansquenets de Maximilien Ier comportait dans l’idéal 300 piquiers et 100 Doppelsöldner, dont 50 arquebusiers et 50 hallebardiers, mais avec le temps, cette proportion évolua en faveur des arquebusiers. La solde de base du lansquenet était de 4 florins par mois, les officiers étaient des "double soldes", les capitaines gagnaient 20 florins.

À leur époque de gloire, les lansquenets marquèrent non seulement la tactique, l’armement et le harnachement (armures, cottes, casques, harnais etc.) militaires mais même la mode vestimentaire : partant du constat qu’il fallait être à l’aise dans ses vêtements sur les champs de bataille, les lansquenets se permirent de plus en plus de libertés, y compris dans le « civil », influençant la mode européenne. Nobles et clergé s’indisposèrent de leurs extravagances qui empiétaient en quelque sorte sur leur statut social : les ecclésiastiques voyaient en particulier d’un mauvais œil leurs atours suggérant des parties génitales volumineuses, mais Maximilien Ier leur fit accorder par le Reichstag d’Augsbourg (1503) le droit de s’habiller selon leur bon vouloir.

Les lansquenets se conduisirent souvent en soudards et en pillards avides de rapines et souvent plus proche de la misère que de la gloire car seuls les officiers et les plus célèbres des lansquenets pouvaient se payer les extravagances en question. La plupart étaient mal vus par la population et pour cause : massacres, mises à sac, vols et viols, incendies, prostitution, rien de réjouissant n’était à attendre de leur passage. Même les couches sociales dont ils étaient issus (journaliers, petits artisans ou compagnons, paysans voire repris de justice) et dont ils espéraient s’extraire grâce à la solde, avaient une mauvaise image des lansquenets.

La moindre blessure était synonyme d’infection, de gangrène entraînant la mort ou l’amputation ; les maladies vénériennes ou autres étaient leur lot quotidien : l’espérance de vie était donc particulièrement réduite. Le sort des survivants n’était guère plus enviable et des cohortes d’estropiés ou d’asociaux vivant de vols et de mendicité firent partie du paysage européen jusqu’au milieu du XVIIe siècle au moins.

[modifier] Le lansquenet dans l'iconographie

Le personnage apparaît dans de nombreuses représentations du XVIe siècle, notamment la gravure, où il est souvent associé à la mort, par exemple dans les représentations inspirées des danses macabres[1].

[modifier] Notes

  1. Voir Albrecht Dürer, Tod und Landsknecht, gravure sur bois, 1510