Léon Werth

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Werth.

Léon Werth, né à Remiremont le 17 février 1878 et mort à Paris le 13 décembre 1955, est un romancier, essayiste, critique d'art et journaliste français.

Sommaire

[modifier] Sa vie

Il est né en 1878 à Remiremont dans les Vosges dans une famille juive assimilée. Son père était drapier et sa mère issue de la petite noblesse picarde. Il est un élève brillant, grand prix de philosophie au concours général et étudiant en hypokhâgne au lycée Henri-IV. Il abandonne néanmoins ses études pour être chroniqueur dans différentes revues. Menant la vie de bohème, il se consacre à l'écriture et à la critique d'art. Très proche d'Octave Mirbeau, l'auteur de Le Journal d'une femme de chambre, dont il est en quelque sorte l'héritier, il se manifeste par son anticléricalisme, son esprit très indépendant, antibourgeois et libertaire. Il manque de peu le prix Goncourt en 1913 pour son roman La Maison blanche, que Mirbeau a préfacé et soutient indéfectiblement jusqu'au treizième tour. En 1914, il part pour le front, où il combattra pendant 15 mois avant d'être blessé. Il restera marqué par cette guerre devenant un pacifiste convaincu. Il en tire un récit, Clavel Soldat, pessimiste et violemment anti-guerre. Paru en 1919, l'ouvrage fait scandale. Écrivain inclassable, à la plume acide, il écrit dans les années de l'entre-deux guerres aussi bien contre le colonialisme (Cochinchine en 1928), à contre-courant de la mode coloniale de cette période faste de l'empire français, que contre le stalinisme dont cet homme de gauche dénonce l'imposture. Il critiquera aussi le nazisme montant. En 1931, il rencontre Saint-Exupéry : c'est le début d'une grande amitié. Ce dernier lui dédicacera Le Petit Prince. Pendant l'Occupation, il se repliera dans le Jura. Dans son journal Déposition, publié en 1946, il livre un témoignage accablant sur la France de Vichy. Il meurt le 13 décembre 1955 à Paris.

[modifier] 33 jours, une publication posthume

33 jours est un court récit écrit à chaud quelques semaines après la débâcle de 1940. Léon Werth y raconte sa fuite de Paris vers sa maison de Saint-Amour dans le Jura. Un récit d'une grande acuité sur cette période où la France est réduite à ce qu'il qualifie de « royaume du matelas ». Le manuscrit, confié dès octobre 1940 à son ami Antoine de Saint-Exupéry, est remis par celui-ci à un éditeur de New York, où l'on perd sa trace. Ce n'est qu'en 1992 que Viviane Hamy le découvre et le publie. Cette éditrice a permis de redécouvrir cet écrivain en republiant plusieurs de ses ouvrages dans les années 1990 et 2000. Les différentes manifestations organisées en 2005 pour le cinquantenaire de sa mort ont remis cet écrivain au goût du jour.

[modifier] Principales œuvres

  • La Maison blanche, préface d'Octave Mirbeau (1913)
  • Clavel soldat (1919)
  • Clavel chez les majors (1919)
  • Yvonne et Pijallet (1920)
  • Voyages avec ma pipe. Bretagne et campagne, Paris, banlieue, province, Belgique et Hollande, Europe et Amérique (1920)
  • Les Amants invisibles (1921)
  • Dix-neuf ans (1922)
  • Quelques peintres (1923)
  • Cochinchine (1925)
  • Danse, danseurs, dancings (1925)
  • Cour d'assises (1932)
  • La Peinture et la mode, quarante ans après Cézanne (1945)
  • Déposition / Journal 1940-1944 (1946)
  • Saint-Exupéry, tel que je l'ai connu (1948)
Publications posthumes
  • 33 jours (1992)
  • Caserne 1900 (1993)
  • Impressions d'audience, le procès de Pétain (1995)
  • Le Monde et la ville (1998)

[modifier] Citation

« Il me revient sur Pétain une anecdote, qui, si je m’en étais souvenu plus tôt, m’eût épargné beaucoup d’inutile psychologie. Peu d’années après la guerre de 14, le sculpteur Brasseur avait eu la commande d’un monument commémoratif pour je ne sais quelle ville du Nord. On en montra la maquette à Pétain : un groupe de soldats et un officier. « C’est beau, dit-il, mais il faut faire l’officier plus grand que les hommes. »
    — Déposition/Journal, avril 1942

[modifier] La dédicace du Petit Prince

Le nom de Léon Werth apparait en préambule du Petit Prince qu'Antoine de Saint-Exupéry lui a dédié.

« À Léon Werth. Je demande pardon aux enfants d'avoir dédié ce livre à une grande personne. J'ai une excuse sérieuse : cette grande personne est le meilleur ami que j'ai au monde. J'ai une autre excuse : cette grande personne peut tout comprendre, même les livres pour enfants. J'ai une troisième excuse : cette grande personne habite la France où elle a faim et froid. Elle a besoin d'être consolée. Si toutes ces excuses ne suffisent pas, je veux bien dédier ce livre à l'enfant qu'a été autrefois cette grande personne. Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants. (Mais peu d'entre elles s'en souviennent.) Je corrige donc ma dédicace : À Léon Werth quand il était petit garçon »

[modifier] Bibliographie

  • Gilles Heuré, L'Insoumis Léon Werth (2005).

[modifier] Liens externes

Autres langues