Kinopanorama

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Le Kinopanorama, ou Kino' ainsi que l'appelait ses usagers, était un cinéma du 60, avenue de la Motte-Picquet, dans le 15e arrondissement de Paris.

Sommaire

[modifier] Avant-guerre : le Splendid Palace

L'histoire du cinéma débute en 1919. Une salle fantastique de 1 500 places, le Splendid Palace, fait la gloire du quartier Grenelle jusqu'en 1947.

[modifier] Le début de l'époque Pinton et le système Kinopanorama

Inauguré en septembre 1959 à l'emplacement de l'ancien cinéma Splendid, le Kinopanorama occupait les premiers niveaux d'un immeuble d'habitation de dix étages construit la même année. La salle était l'oeuvre d'un promoteur immobilier, Pierre Pinton, qui avait acheté le Splendid avant la démolition et se révéla par la suite un visionnaire devant marquer son époque et plusieurs générations de cinéphiles.

La salle de 1959 était peu commune. Ultra-moderne, grande sans être gigantesque (850 places sur trois niveaux), elle était équipée à l'origine pour le système Kinopanorama, un concurrent russe du Cinerama (avec une image provenant également de trois projecteurs), avec 98 haut-parleurs et tout l'équipement technique, particulièrement lourd (la projection était assurée par trois couples de deux projecteurs).

Des films Kinopanorama furent projetés sur l'écran géant de 24 mètres de base, en commençant par Deux heures en URSS, qui réalisa le score plus que respectable de 850.000 spectateurs en près de deux ans.

[modifier] L'ère du 70mm

Petit à petit, le système fut abandonné, et le Kinopanorama se tourna vers le 70mm, format qui devint la marque de reconnaissance du cinéma. Le Kinopanorama fut intégré un temps aux salles Cinerama, aux côtés des prestigieux Gaumont Palace et Empire, devenant alors le Cinerama Rive-Gauche. A la fin du Cinerama, la salle survit, oscillant entre quelques jolis succès (la reprise de La Tour Infernale en 70mm) et des problèmes d'approvisionnement en film.

La fortune du Kinopanorama fut faite en 1979 avec la sortie en 70mm du Tambour de Volker Schlöndorff, Palme d'or 1979 à Cannes, en exclusivité, "Seul à Paris... sur écran géant", comme le venta la publicité de l'époque. Le film resta onze semaines à l'affiche. Par la suite, The Rose connut un véritable triomphe dans cette salle, en "usant" plusieurs copies 70mm pendant les 48 semaines d'exploitation pour un total de 264.000 spectateurs.

Avec E.T., le Kinopanorama entamait une période particulièrement faste, au cours de laquelle il projeta de nombreuses exclusivités américaines en 70mm, toutes très attendues, et dont la plupart connurent le succès. Entre autres : Révolution, La Mission, La Forêt d'émeraude, Legend, Le Nom de la Rose, Dune, L'Année du dragon, Out of Africa, Greystoke ou Le Grand Bleu. A cette époque, le Kino était devenu la salle de référence pour les cinéphiles parisiens. On n'hésitait pas alors à parcourir des kilomètres, à attendre un heure, parfois plus, dans le froid, pour voir un film dans la seule salle digne de ce nom pour le cinéphile, celle qui offre version originale, 70mm (la plupart du temps), écran géant de 24 mètres (beaucoup plus grand que ce que pouvaient proposer les concurrents)... Le nombre d'entrées annuelles évolua alors de 300 000 en 1981 à 450 000 en 1986.

Parallèlement, la mode revint aux grands écrans, et Paris vit l'ouverture du Forum Horizon en 1986 (avec sa fameuse salle THX) et le réaménagement du Max Linder l'année suivante (lui aussi en THX), de capacités comparables, mais aux écrans plus petits. Ces deux salles, elles aussi équipées pour le 70mm, connurent rapidement le succès, et programmèrent régulièrement les mêmes films que le Kino (Le Dernier Empereur, Les Incorruptibles, L'Ours), mais le Kino résista bien, approchant régulièrement les 20 000 entrées hebdomadaires pour les grosses sorties, même si le nombre d'entrées se tassa à 303 000 en 1987.

En 1988, la salle devint la première au monde à être équipée du nouveau système sonore STS Omnidirectionnel, réponse française au THX de Lucasfilms.

En 1991, la course en avant de la technologie se poursuivit, avec l'installation du son numérique CDS pour la sortie de The Doors.

[modifier] La reprise par Gaumont et la fermeture

En 1992, le Kinopanorama fut repris par Gaumont. Parmi les derniers films projetés dans l'ancien Kinopanorama pendant le premier semestre 1992, L'Amant, Le Prince des Marées, Bugsy, Kafka, Indochine, Howard's End (seule salle en 70mm), et enfin IP5, qui ne bénéficiait que du son Dolby SR, contrairement au LC Concept annoncé aux Gaumont Italie et Ambassade et au Publicis Elysées. Fermée le 15 Juillet, après avoir gardé IP5 à l'affiche pendant cinq semaines, la salle rouvrit en septembre avec Impitoyable, sous le nom de Gaumont Grand Ecran Grenelle. Ce nom sera vite abandonné, et le Kino deviendra logiquement le Gaumont Kinopanorama. La salle fut complètement rénovée par Gaumont, même si les changements étaient surtout d'ordre esthétique. Le nombre de fauteuils fut réduit de 600 à 500 (suppression notamment des premiers rangs). Le blanc cassé a fait place au rouge Gaumont. Le nouvel écran fut ramené de 24 à 17 mètres de base. Gaumont privilégie alors l'écran du Gaumont Italie, qui lui mesure 24 mètres. Label Grand Ecran oblige, le Kino proposera un temps un Show Laser.

Progressivement pendant les années 90, les cinéphiles changèrent leurs habitudes. Le Kino n'avait plus le monopole des grands écrans, et le 70mm devint de plus en plus rare. Les amateurs d'écrans immenses se retrouvèrent au Gaumont Italie, tandis que les nouveaux pôles cinématographiques (les Halles, Bercy, et à un moindre niveau le Gaumont Parnasse, le Wepler et l'Aquaboulevard) renforcent la concurrence. Les films que projettent le Kino' peuvent être vus ailleurs dans les même conditions.

Le Kinopanorama a fermé définitivement ses portes le 9 juillet 2002 à 20 heures.