Kémitisme

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Isis, Osiris et leur fils Horus.
Isis, Osiris et leur fils Horus.

Le kémitisme ou encore khémitisme est une résurgence de la philosophie de l'Égypte ancienne.

Ce mot de création récente, est construit sur la racine « kemet », qui, selon une traduction contestée, aurait signifié en ancien égyptien « terre noire ». Il désigne des groupes ou mouvements cherchant à restaurer les religions polythéistes ou monothéistes (cas du culte d’Aton) des anciens égyptiens (les « kémites »). Le mot et la notion apparaissent dans diverses langues : "kemetism" en anglais, "kemetismus" en tchèque, kemetismo en italien et en espagnol, "Kemeticismo" en portugais. Ce courant participe du reconstructionnisme, la recréation et la pratique contemporaine de religions anciennes, le plus souvent polythéistes, en s'appuyant sur des informations historiques.

Si d'un point de vue formel les divers groupes « khémites » ont de fortes convergences quant à leurs sources historiques, leurs théologies et leurs cultes, il existe cependant plusieurs courants : l'un, plus strictement religieux, s'inscrivant dans le mouvement néo-païen, un courant issu du mouvement panafricain, enfin un courant très minoritaire qui postule une origine extra-terrestre ou atlante de ces traditions.

Sommaire

[modifier] Kémitisme panafricain

Le kémitisme panafricain cherche à faire connaître et renaître la philosophie des anciens égyptiens ou kémites, en tant qu'héritage culturel de l’Afrique. C’est une tendance identitaire panafricaine, une forme de réappropriation et revendication de ses origines, un retour aux sources. L’atonisme de Pierre Nillon et son association Kamitik ou l'afrocentrisme égytologique de Jean Philippe Omotunde en sont des exemples. Mais c'est surtout la version politique du kémitisme telle que promue par Kémi Séba, militant communautariste noir ( fondateur de la Tribu Ka et de Génération Kémi Séba) qui a permis de populariser cette philosophie auprès du public français.

Dans la sphère anglophone on peut citer également le site KIMATA Black nation fondé par Baba Manthu Tekhna.

Cette branche du khémitisme s'appuie en France sur les travaux de l’historien et anthropologue Cheikh Anta Diop sur les liens entre la culture africaine et la culture égyptienne (langue, tradition, religion…), l’égyptologue Mubabinge Bilolo, les ouvrages de Pierre Nillon ou encore de l’ingénieur Mustafa Gadalla. Cette tendance est parfois associée à des revendications politiques comme par exemple au sein du mouvement de Kémi Séba.

Cette forme de kémitisme est centrée sur la revendication panafricaine bien plus que néo-païenne et affirme que la pensée kémite antique est à la source des grands monothéismes.

[modifier] Kémitisme néo-païen

À côté de ce mouvement panafricain, existe un khémitisme qui prend sa source dans l’essor du mouvement néo-païen et qui n’est pas lié à une idéologie panafricaine. En France ils n'ont aucune structure ou temple officiel connu jusqu’à ce jour. Ils sont le plus souvent isolés où se retrouvent via Internet sur des forums et sites païens pour partager leur foi avec d’autres croyants, rompre l’isolement comme par exemple sur le forum de la Libre Assemblée Païenne Francophone ou de Ta Noutri. Ils développent le plus souvent l’aspect polythéiste de la religion égyptienne sans s’attacher à voir dans cette spiritualité la source des cultes monothéistes.

Aux États-Unis où ce mouvement religieux compte plus de membres, il existe une communauté assez importante et structurée en Église avec un clergé et à sa tête une pharaonne Tamara L. Siuda dite Hekatawuy IModèle:Ere, House of Netjer. Elle qualifie elle-même la forme de khémitisme qu’ils ont développé comme une « orthodoxie khémite ». Diplômée en égyptologie de l'université de Mundelein et de l'institut oriental de Chicago, elle a notamment participé au parlement des religions organisé par l'UNESCO. Elle a été désignée pharaonne (Nisut) en 1996 en Égypte. L’orthodoxie khémite se considère et se décrit comme une religion africaine, monolâtre, sans être panafricaine.

À côté de cette communauté importante et qui compte des membres hors États-Unis (Royaume-Uni, Australie, Allemagne, Amérique du Sud, Afrique du Sud, Suisse...), existe d’autres groupes aussi structurés en clergé et organisés comme :

  • « Church of Eternal Source » crée dans les années 1970 et qui fut à l’origine plus de tendance wiccanne avant d’évoluer vers le khémitisme.
  • le groupe Akhet Hwt-Hrw crée par des anciens membres de House of Netjer
  • le groupe Per Ankh crée également par des anciens membres de House of Netjer
  • Nuhati am Nutjeru

[modifier] Le culte

Dans la pratique :

Le plus souvent la pratique contemporaine s'inspire de la pratique ancienne. Il existe quelques nuances d'un groupe à l'autre, mais dans la plupart des cas, on retrouve  :

  • un culte d'état tenu par un clergé de prêtres hommes ou femmes (hem netjer) avec à sa tête pharaon (Nisut) ou un prêtre supérieur (Heri Tep)
  • un culte privé (autel entretenu dans les maisons et un rituel quotidien)
  • un culte voué aux ancêtres appelé Akhu
  • des fêtes annuelles en l’honneur de divinités reprises du culte ancien comme Wep Renpet (le nouvel an), la fête d’Opet, la fête Ouag, la « Bonne réunion », la fête de l’Ivresse… etc.

A noter que bien que l’institution du Pharaon fasse partie du culte ancien, tous les groupes modernes ne jugent pas nécessaire pour différentes raisons de le réinstituer. Certains lui préfèrent parfois plutôt un prêtre supérieur choisi par la communauté parmi les membres du clergé comme par exemple Per Ankh.

[modifier] Les divinités

Le mot dieu se dit neter (ou aussi netjer, nether), au féminin neteret (netjeret) et au pluriel neterou (netjeru). Le point commun de la plupart des khémites est de préférer l’usage des noms égyptiens de leurs divinités, plutôt que les noms grecs, pour les désigner avec quelques variations de prononciations.

Par exemple :

  • Osiris devient Wesir ou Ausar
  • Isis devient Aset
  • Nephtys devient Nebt-Het
  • Horus devient Hor voir Heru
  • Hathor devient Houthor, Hethert ou Het-Heru
  • Anubis devient Anpu, Yinepu
  • Thot devient Djehuty ou Tehuti
  • Bastet devient Bast

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

En français :

  • Cheik Anta Diop, Nations Nègres et Cultures
  • Mubabingé Bilolo, Les cosmo-théologies philosophiques d'Héliopolis et d'Hermopolis. Essai de thèmatisation et de systematisation
  • Mustafa Gadalla, Comprendre la religion égyptienne ;
  • S. Kalamba Nsapo, Une approche afro-kame de la théologie
  • René Lachaud, B.A.BA de la Tradition Egyptienne ;
  • Pierre Nillon, Moïse l’africain
  • Pierre Nillon, La véritable bible de Moïse
  • Kalamba Nsapo, Monothéisme, Paris, Menaibuc, 2007.

En anglais :

  • Hornung Erik Conceptions of God in Ancient Egypt: The One and The Many
  • Maulana Karenga, Reconstructing Kemetic Culture
  • Tamara Logan Siuda, The Neteru of Kemet: An Introduction
  • Tamara Logan Siuda, The ancient egyptian prayerbook
  • John S. Mbiti, Introduction to African Religion
  • Morenz Siegfried Egyptian Religion
  • Traci Regula, Mysteries of Isis

[modifier] Liens internes

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[modifier] Liens externes

Kémitisme panafricain

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Kémitisme politique