Isis

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Isis
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Isis est le nom grec d'Aset (ou Iset), la déesse protectrice et salvatrice de la mythologie égyptienne. Elle fait partie de la grande Ennéade d'Iounou (Héliopolis).

Isis semble avoir été aux temps anciens la personnification du trône ; son nom en hiéroglyphes Iset, signifie le siège. Dans les inscriptions, elle est représentée sous les traits d'une femme coiffée d'un siège (qui ressemble à un escabeau à trois marches).

Plus tard, sa représentation change ; on la voit comme une femme portant les cornes de la vache enserrant un globe lunaire (À ne surtout pas confondre avec Hathor).

Peinture murale d'Isismusée de Karnak en Égypte
Peinture murale d'Isis
musée de Karnak en Égypte

Sommaire

[modifier] Déesse-mère

Il se peut qu'elle soit l'héritière d'une déesse-mère préhistorique vénérée dans le delta, où, d'après le mythe elle éleva l'enfant Horus. On a aussi supposé sa parenté avec une démone mésopotamienne, la Lilith du mythe de Gilgamesh. À la fin de la Ve dynastie, elle est mentionnée dans les textes des pyramides, où elle protège le roi défunt de la putréfaction. Les Ramessides lui construisirent des sanctuaires à Memphis et à Abydos notamment. À l'époque gréco-romaine, elle devint la déesse universelle, invoquée tant en Égypte que dans tout le bassin méditerranéen et au-delà. On lui bâtit le temple de Philae, sur le Nil, qu'il fallut déplacer sur l'île d'Agilika à cause du barrage d'Assouan.

Isis et HorusMusée du Louvre
Isis et Horus
Musée du Louvre

Isis est la Grande Déesse par excellence.

  • Dans le mythe osirien, elle est l'épouse et sœur exemplaire qui, grâce à ses pouvoirs magiques et avec l'aide de sa sœur Nephtys, réussit à ressusciter Osiris, son frère et époux, le temps d'une union d'où naquit le dieu Horus. Elle retrouva treize des quatorze parties du corps de son bien-aimé (la partie manquante étant le sexe, qu'elle reconstitua en argile), assassiné et dépecé par Seth, son frère jaloux. Isis lui insuffla le souffle de la vie, et lui donna un fils, Horus. C'est du mythe osirien que venait en Égypte pharaonique la coutume d'arranger des mariages incestueux dans la famille royale, non seulement pour préserver le sang pur familial et royal, mais également pour perpétuer ce rite divin qui faisait d'eux des dieux (car Pharaon et la reine étaient des dieux au même titre que ceux énumérés ci-haut)
  • Symbole de la féminité dans ses aspects biologiques, c'est par elle que s'accomplit le mystère de la vie. En langage freudien, on pourrait même dire qu'Isis représente la matrice, la coupe féminine qui reçoit le principe masculin.
  • En tant que magicienne ayant ramené Osiris à la vie, elle est aussi déesse guérisseuse et protectrice des enfants. Les malades portaient parfois des amulettes à son effigie.
  • En tant que mère d'Horus, elle est dispensatrice de vie et déesse gardienne qui veille sur son enfant. Dans ce rôle, elle est souvent représentée en Isis lactans à l'époque romaine, portant l'enfant Horus dans ses bras et lui donnant le sein. La Vierge allaitant le Christ n'est certainement pas sans rapport avec le souvenir de l'épouse d'Osiris et les vierges noires chrétiennes sont autant de réminiscences d'elle.
  • En tant que veuve d'Osiris, elle est une divinité protectrice du défunt. Avec Nephtys, Neith et Serket, elle est gardienne du sarcophage qu'elle protège de ses bras déployés, alors qu'Imsety, fils d'Horus, veille sur l'un des quatre vases canopes renfermant les viscères du défunt : le vase à tête d'homme qui contient le foie.

[modifier] Attributs

Isis prit l'aspect et les attributs de plusieurs autres déesses comme Serket, Hathor, Neith et Nout, pour les fondre en une seule et unique divinité.

Ses attributs, qu'elle partage avec d'autres divinités, sont :

  • l'ânkh, la croix ansée symbole de vie ;
  • le sistre et le collier menat d'Hathor ;
  • le disque solaire et les cornes d'Hathor ;
  • la coiffe en forme de vautour, attribut des déesses célestes.
  • Avant d'être représentée avec la coiffe en vautour, elle portait une couronne en forme de trône royal.

[modifier] Panthéons grec et romain

Statue d'Isis provenant de la Villa Adriana à Tivoli
Statue d'Isis provenant de la Villa Adriana à Tivoli
Une prêtresse d'Isis, Statue romaine du IIe siècle  Museo Archaeologico Regionale, Palerme
Une prêtresse d'Isis, Statue romaine du IIe siècle
Museo Archaeologico Regionale, Palerme

Les Grecs, puis les Romains, l'ont fait entrer dans leur panthéon respectif.

[modifier] Grèce antique

Sous les Lagides, Isis franchit les frontières de l'Égypte. Elle fut assimilée à de nombreuses déesses grecques ou romaines telles que Déméter, Perséphone, Diane de Dictys, Séléné, Cérès ou Minerve Cécropienne[1].

[modifier] Rome antique

Rome l'adopta officiellement à l'époque impériale. À Pompéi, elle était adorée avec Osiris-Sérapis et Anubis. L'empereur Caligula était un dévot d'Isis. Dans sa villa à Tivoli, Hadrien fit construire un temple dédié à l'époux de la déesse, Osiris-Sérapis ; Caracalla édifia un temple d'Isis à Rome même.

[modifier] Provinces romaines

Le culte de la déesse salvatrice se répandit dans les provinces romaines, autour de la Méditerranée, mais aussi en Pannonie, en Gaule, donnant parfois son nom à certains sites tel celui d'Izieux (Lieu d'Isis) au sud-ouest de Saint-Chamond dans le département de la Loire comme sur les bords du Rhin ou en Bretagne. Comme la Déméter d'Eleusis, Isis, dans ses Grands Mystères, assurait l'immortalité aux initiés[2]. Au Bas-Empire, seul le culte initiatique du dieu iranien Mithra surpassera le sien par le nombre des fidèles. Bien après l'avènement du christianisme, on continua à adorer Isis, dans le temple de Philae et ailleurs. Son culte ne s'éteignit à Philae que vers 535, sous l'empereur Justinien.

Isis est à l'origine d'un des mythes les plus riches de l'humanité, dont la tradition est restée vivante dans les arts et la littérature.

[modifier] Lieux de cultes d'Isis

Icône de détail Article détaillé : temple d'Isis.

L'un des sanctuaires majeurs de la déesse en Égypte et ultime lieu de culte de la déesse est à Philae. Il a été construit c. -380 à 100. La fermeture du temple est ordonnée par l'empereur Justinien en 550. Un autre sanctuaire majeur est le Temple d'Isis à Behbeit El-Hagara.

Hors de l'Égypte, les temples se retrouvent ailleurs en Afrique, en Libye, Tunisie et au Soudan ; au Proche-Orient, en Jordanie, Turquie et au Liban ; ainsi qu'en Europe, en Grèce, Italie, France, Allemagne (Sanctuaire d’Isis et de Mater Magna à Mayence) et Espagne.

[modifier] Dans les arts et la littérature

  • Jean-Baptiste Lully composa en 1677 une tragédie lyrique intitulée Isis, retraçant les aventures de la nymphe Io qui devient grâce à Jupiter la déesse Isis à la fin de l'opéra, reliant ainsi mythologies grecque et égyptienne. Cet opéra, baptisé aussi l'opéra des musiciens du fait des nombreux instruments de musique mis en valeur, se caractérise par un prologue triomphant avec trompettes timbales et tambours, célébrant la gloire de Louis XIV après les victoires de celui-ci aux Pays-Bas. Un passage remarqué est le chœur des trembleurs.
  • Isis est le premier roman de Villiers de l'Isle-Adam, où les critiques, tel Bernard Noël, s'accordent à voir une grande beauté d'écriture qui en fait un chef-d'œuvre de la littérature française.
  • La quête d'Isis est le troisième tome de Les perspectives dépravées de Jurgis Baltrusaitis, essai sur la légende d'un mythe.
  • Isis est une chanson de Bob Dylan parue sur l'album « Desire ».

[modifier] Notes

  1. Apulée, Les Métamorphoses, dans : Romans grecs et latins, Bibliothèque de la Pléiade, p. 352
  2. op. cit., p. 359

[modifier] Voir aussi

[modifier] Article connexe

  • Tyet (nœud d'Isis)

[modifier] Lien externe