Jules Monnerot

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Jules Monnerot (1909-1995), essayiste, sociologue et journaliste français. Il fut le co-fondateur à 25 ans du Collège de sociologie (1939) avec Georges Bataille et Roger Caillois et de la revue Critique (1946). Il collabora aussi à la revue Acéphale.

Sommaire

[modifier] Parcours : de la gauche à l'extrême droite

[modifier] Premières publications et rôle durant Deuxième Guerre mondiale

Le diplôme d'études supérieures de Monnerot à la Sorbonne portait sur L'histoire et la philosophie du jeune Karl Marx avant le Manifeste communiste. Ses premiers travaux portent sur la poésie surréaliste dont il propose d’analyser le caractère religieux et irrationnel. Durant la Deuxième Guerre, il est volontaire dans l'infanterie et d'octobre 1940 à août 1944, il appartient au réseau « Ceux de la Libération ».

Il publie ensuite un ouvgrage polémique qui discute l'épistémologie des sciences sociales, dans lequel il prend position contre la conception d’Émile Durkheim qui propose d'étudier les « faits sociaux » comme des « choses ». Héritier de la tradition sociologique italienne, Monnerot se revendique plutôt de Vilfredo Pareto, de Gaetano Mosca et de Robert Michels. La même année, en 1945, il fait paraître un recueil de nouvelles proche de certaines proses de Georges Bataille.

[modifier] Divers engagements, enseignement à l'École de guerre, direction de revues

De 1948 à la dissolution de « Ceux de la Libération » en 1953, Monnerot siège au Conseil national du Rassemblement du peuple français fondé par le général de Gaulle. Durant cette période, il anime la revue Liberté de l'Esprit avec Raymond Aron et Jacques Soustelle. De 1951 à 1957, les généraux de La Chapelle et Lecompte qui dirigent l'École de Guerre font appel à Monnerot pour professer des leçons sur « Le renouvèlement de la stratégie politique par le marxisme révolutionnaire au XXe siècle » (suite au succès retentissant de Sociologie du communisme). À la même époque, le gouvernement de la République fédérale d'Allemagne (Chancelier Konrad Adenauer) lui demande une consultation au cours de l'enquête qui précéda l'interdiction du parti communiste ouest-allemand. En 1959, Monnerot rompt publiquement tous ses liens politiques avec le général de Gaulle ; il se rapproche définitivement des milieux nationalistes et monarchistes (il collabore à la Nation française de Pierre Boutang, issu de l'Action française).

[modifier] Sociologie du communisme et de la révolution

Parallèlement, Monnerot se consacre à des études monumentales sur la sociologie du communisme, de la révolution et du fascisme, qu'il rapproche de la notion de religions séculaires. Ce rapprochement du communisme avec la religion, et en particulier avec l'Islam, vaudra à son auteur une polémique restée célèbre avec Hannah Arendt qui lui reproche de confondre des concepts incompatibles. En fait, les ouvrages de Monnerot ne sont pas des études empiriques et n'optent pas pour la « neutralité axiologique » weberienne. Ses grandes études relèvent d'une approche que l'auteur nomme « étiologique » ou « clinique », où les idéologies sont analysées comme des mythologies politiques. Enfin, ces études engagées en appellent à un contrôle de l'enseignement et des universités pour éviter la propagation des idées communistes (en particulier Sociologie de la révolution).

[modifier] Anticommunisme et Front national

Bien que proche un certain temps des milieux de la gauche, des membres du Collège de sociologie et de Raymond Aron, Monnerot devient un militant anticommuniste d’extrême droite. Pendant les années 80, il sera membre du « conseil politique et scientifique » du Front national. Au début des années 90, Monnerot démissionne de ses fonctions suite à un désaccord avec Jean-Marie Le Pen sur la politique à adopter lors de la guerre du Golfe. Ce geste lui vaut une condamnation de Bruno Mégret, le secrétaire général du FN, qui lui reproche la faiblesse de son engagement politique. Les dernières publications de Monnerot témoignent de son passage à l'extrême droite et à un nationalisme intransigeant.

[modifier] Publications

  • La poésie moderne et le sacré, Paris, Gallimard, 1945.
  • On meurt les yeux ouverts. Précédé de : L'Heure de Fallandra. Suivi de : La nuit ne finira pas, fictions, Paris, Gallimard, 1945.
  • Les faits sociaux ne sont pas des choses, Paris, Gallimard, 1946.
  • Sociologie du communisme, Paris, Gallimard, 1949. Nouvelle édition 1963, précédée de « L'avenir du communisme en 1963 ». Édition de 1979 : Sociologie du communisme : échec d'une tentative religieuse au XXe siècle, Paris, Hallier. Édition 2004-2005 en 3 vol. : [1] L'Islam du XXe siècle ; [2] Dialectique : Marx, Héraclite, Hegel ; [3], Les religions séculières et l'imperium mundi : tyrannie, absolutisme, totalitarisme, Paris, Éditions du Trident.
  • La Guerre en question, Paris, Gallimard, 1951.
  • Pour un gouvernement en connaissance de cause. Quelques idées politiques et constitutionnelles, Paris, Éditions de la Nation française, 1958.
  • La Guerre subversive en Algérie, Paris, Éditions du Comité de Vincennes, 1960.
  • Sociologie de la Révolution : Mythologies politiques du XXe siècle. Marxistes-léninistes et fascites. La nouvelle stratégie révolutionnaire, Paris, Fayard, coll. « Les Grandes études contemporaines », 1969.
  • Les Lois du tragique, Paris, PUF, 1969.
  • Démarxiser l'université, Paris, La Table ronde, 1970.
  • La France intellectuelle, Paris, R. Bourgine, 1970.
  • Inquisitions, Paris, José Corti, 1974.
  • Intelligence de la politique I. L' Anti-providence, Paris, Gauthier-Villars, 1977.
  • Intelligence de la politique II. Introduction à la doxanalyse, Paris, Gauthier-Villars, 1978.
  • Désintox. Au secours de la France décérébrée, Paris, Albatros, 1987.

[modifier] Liens internes