Jules Allix

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Jules Allix en 1871
Jules Allix en 1871

Jules Allix (1818, Fontenay-le-Comte - 1897, Paris) était une personnalité de la Commune de Paris, fervent républicain, socialiste militant, féministe convaincu et excentrique dont les lubies le conduisirent plusieurs fois à l'asile.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né d'un milieu bourgeois, fils d'un marchand-quincaillier, licencié en droit, Jules Allix se fait remarquer pour la première fois en présentant sa candidature en Vendée pour l'Assemblée constituante de 1848 en tant que « communiste pour la défense de la religion ».

Vivant dans la clandestinité après les journées de Juin, il est arrêté un an plus tard à l'occasion de son implication dans l'affaire du Conservatoire des Arts et Métiers[1]. En 1853, sa participation au complot de l'Hippodrome[2] lui vaut d'être condamné à huit ans d'exil. Avec sa famille, il rejoint alors à Jersey son frère Émile, médecin et ami de Victor Hugo. Pendant cette période, il participe à des expériences de tables parlantes organisées par Victor Hugo[3],[4],[5], mais il est pris d'une crise de folie au cours d'une de ces séances, ce qui incite Hugo à cesser ces pratiques[6].

Amnistié en 1860, il revient à Paris et montre des premiers signes d'aliénation mentale qui le conduiront à l'asile de Charenton en juillet 1865. Son frère l'en fera sortir en septembre 1866. De ce jour, il vit une période faste en théories scientifiques, projets pédagogiques et activisme social d'inspiration fouriériste.

Enfermé à la prison de Mazas en janvier 1871, il en est libéré au premier jour de l'insurrection parisienne, le 18 mars. Porté par le souffle de la révolte, il chasse le maire du VIIIe arrondissement Ernest Denormandie et prend sa place, avant d'être confirmé à ce poste lors des élections pour le Conseil de la Commune. En tant que membre de la Commune, il fait preuve d'une exaltation républicaine et socialiste trépidante, mais son comportement monocratique et ses extravagances à la mairie du VIIIe et en tant que commandant militaire le font renvoyer à Charenton en mai.

Après la fin de la Commune, les Versaillais le jugent, mais ses propos incohérents ne le condamnent qu'à rester à Charenton. Il sort de l'asile en 1876, est amnistié en 1879 puis vit et milite désormais modestement, essentiellement pour la cause féministe.

[modifier] Inventions et projets

Toute sa vie, l'esprit fantasque de ce touche-à-tout a fourmillé de nombreux projets tels que l'apprentissage de la lecture en 15 leçons d'une heure (1854)[7], le mouvement perpétuel (1880), la transformation de Paris en port maritime ou la création à Saumur d'un port fluvial sur le Thouet relié à la Loire par un tunnel navigable (1895)[8],[9]. Durant le siège de Paris, il préconise aux parisiennes le port du doigt prussique, de sa conception comportant une aiguille et une réserve d'acide prussique destiné à se protéger fort à propos des assauts des prussiens[10],[11].

Mais son « invention » la plus célèbre date de 1850 et se nomme la boussole pasilalinique sympathique ou plus communément les escargots sympathiques[12]. Il s'agit d'une méthode de télégraphie basée sur la capacité supposée des escargots à maintenir un contact sympathique après l'acte sexuel. Autrement dit, un escargot est capable de transmettre à toutes distances, par le biais d'un fluide identifié à une forme de magnétisme animal propagé par le sol, son état d'excitation au congénère avec qui il a sympathisé, c'est la « commotion escargotique ». À l'aide de deux appareils comportant des auges repérées par des lettres et contenant des escargots sympathiques correctement appariés, il est alors possible de transmettre des messages instantanément et sans support matériel.

Hélàs, Jules Allix n'était pas vraiment l'inventeur de ce moyen de communication, mais abusé par une expérimentation publique manifestement truquée[13], il s'en est fait le promoteur naïf aux noms de Jacques Toussaint Benoît et Biat-Chrétien (personne fictive censée se trouver aux Amériques et être en contact escargotique quotidien avec Benoît). Plus sceptique, Hyppolyte Triat, mécène de Benoît et intime d'Allix, convia Benoît à renouveler l'expérience suivant un protocole plus rigoureux et en présence d'Émile de Girardin, il accepta mais disparut la veille. Il mourut misérablement en 1852[14].

Cette anecdote amusa longtemps les parisiens, Honoré Daumier s'en inspira dans une caricature en 1869[15], et Alphonse Allais dans Ne nous frappons pas[16] dépeint Allix communiquant ainsi avec un ami en Irlande à la barbe des Versaillais assiègeant Paris[17]. Bien que cela ne soit pas formellement établi, il semble que le manga One Piece parodie également ce type de communication à travers les escargots téléphoniques.

[modifier] Bibliographie

  • « Communication universelle et instantanée de la pensée, à quelque distance que ce soit, à l'aide d'un appareil portatif appelé Boussole pasilalinique sympathique », dans La Presse, 25 et 26 octobre 1850 [texte intégral]
  • Jules Allix, Vale, Méline, Cans & Cie, Bruxelles, 1858, 294 p.
    un exemplaire conservé à la Bibliothèque de Victor Hugo à Hauteville-House
  • « Chronique féministe », dans Bulletin bimestriel de la société pour l'Amélioration du sort de la femme, 15 novembre 1897

[modifier] Notes et références

  • Biographie très détaillée : Jules Allix, 2007, Dictionnaire biographique du fouriérisme. Consulté le 23-07-2007
  • Bernard Noël, Dictionnaire de la Commune de Paris, Flammarion, coll. « Champs », 1978
  1. Soulèvement orchestré par Alexandre Ledru-Rollin et notamment Joseph Guinard.
  2. Complot dit de l'Hippodrome et de l'Opéra-Comique, visant à assassiner Napoléon III et instaurer une dictature républicaine.
  3. Maria do Carmo M. Schneider, « Victor Hugo: la face occulte d'un génie », Universidade Federal de Minas Gerais. Consulté le 24-07-2007
  4. "Livre des Tables", Procès verbaux des séances de spiritisme, BNF. Consulté le 24-07-2007
  5. Procès verbaux des séances de "Tables parlantes", Groupe Hugo, Université Paris 7. Consulté le 24-07-2007
  6. Jean-Luc Gaillard, « La Chronologie de Victor Hugo 1802-1885 ». Consulté le 24-07-2007
  7. « Jules Allix, proscrit français, licencié en droit, fondateur de l’éducation nouvelle et inventeur de la lecture en quinze heures. Cours gratuits. L’avis est assorti d’un commentaire : Les curieux ne peuvent pas manquer un essai de ce genre. Ce cours public et gratuit de lecture à Saint-Hélier conduira les élèves à lire le français couramment dans un livre en quinze heures c’est-à-dire en quinze leçons. Des places particulières sont réservées pour les dames  »
        — Annonce parue dans le journal des exilés L'Homme à Jersey en 1854

  8. Département des connaissances oubliées et livres maudits, Surnatéum. Consulté le 24-07-2007
  9. Reproduction d'une partie du projet de bassin-port : Le mythe de la Loire navigable. Consulté le 24-07-2007
  10. Le siège de Paris, Jetons-Monnaies.net. Consulté le 24-07-2007
  11. Ernest Alfred Vizetelly, My Days of Adventure, 1914
  12. Copie de l'annonce de cette invention publiée les 25 et 26 octobre 1850 dans le journal La Presse :
    La Boussole pasilalinique sympathique. Consulté le 24-07-2007
  13. (en) Snail Telegraphy, The Athanasius Kircher Society. Consulté le 24-07-2007
  14. (en) The snail telegraph, 2004, Duneroller Publishing. Consulté le 24-07-2007
  15. Honoré Daumier« Les escargots non sympathiques », dans Le Charivari, 25 septembre 1869 [texte intégral]
  16. Alphonse Allais, Ne nous frappons pas, 1900, « Escargots sympathiques »
  17. Balthazar Alessandri, « D'Allix en Allais », Association des amis de la Commune de Paris. Consulté le 24-07-2007
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