Joseph Masson

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Joseph Masson (Saint-Eustache, Canada, 5 janvier 1791 - Terrebonne, 15 mai 1847), homme d'affaires canadien, est devenu le premier millionnaire canadien-français, seigneur de Terrebonne, président des sociétés Masson, président de la City Gas, vice-président de la Banque de Montréal et conseiller législatif du Québec.

Joseph Masson (1791-1847), homme d'affaires, seigneur de Terrebonne
Joseph Masson (1791-1847), homme d'affaires, seigneur de Terrebonne

Sommaire

[modifier] Biographie

Joseph Masson, né à Saint-Eustache au Québec en 1791, est le fils d'Antoine Masson, menuisier qui ne savait pas signer[1], et de Suzanne Pfeiffer (ou Payfer).

Après des études jusqu'à 16 ans à l'école de Saint-Eustache, il est en apprentissage à partir de 1807 comme commis chez un marchand de Saint-Benoît (Mirabel)[2], et apprend la vie commerciale et ses différents aspects.

[modifier] L'import-export

Joseph Masson est engagé en mai 1812 par le marchand écossais Hugh Robertson qui le trouve « très débrouillard ». La maison connaît des difficultés, et même une faillite en 1814. Mais Masson fait ses preuves, et obtient en 1815 la position d'associé avec 1/8e des revenus. Il est chargé des achats annuels en Écosse, puis de la responsabilité effective de la maison canadienne. Son contrat d'association avec les Robertson est revu en 1818 puis en 1819, à la mort de William Robertson, pour atteindre 50 % des profits[3].

En 1818, Joseph Masson épouse Marie Geneviève Sophie Raymond, fille du marchand Jean-Baptiste Raymond, seigneur du Lac-Matapédia, député de Huntingdon.

Masson consacre toute son énergie au développement de ses entreprises, et avoue vouloir « battre » et « faire tomber » tous ses concurrents[4]. Sa compagnie d'import-export se développe et se diversifie ; en 1830, l'entreprise se compose de trois maisons : la W. and H. Robertson and Company, à Glasgow, dirigée par Hugh Robertson ; la Robertson, Masson, LaRocque and Company, à Montréal, dirigée par Masson ; la Masson, LaRocque, Strang and Company, à Québec, créée par Masson[5] et dirigée par John Strang. Masson et Robertson détiennent plus de 80 % du capital de ces entreprises. Masson est alors l'homme d'affaires canadien le plus impliqué dans les échanges avec le marché britannique[6].

[modifier] Les transports et l'énergie

Pour transporter ses marchandises, il achète un bateau neuf de 290 tonneaux, qu'il baptise du prénom de sa femme, Sophie ; il achète ensuite, en totalité ou en participation, deux autres voiliers, et un vapeur[7]. Toujours dans le domaine des transports, il demande à la chambre d'Assemblée la construction d'un canal, la création d'une compagnie de navigation, et la construction d'un chemin de fer. Il participe en 1832 à la fondation du chemin de fer de Champlain et du Saint-Laurent[8].

Masson s'intéresse aussi aux sociétés urbaines de fourniture de l'eau et d'éclairage par le gaz, à Montréal, Québec et Toronto. À l'invitation de ses associés, il prend une première participation à Montréal, et sa participation atteint en 1842 plus du tiers de la société du Gaz de Montréal[9]. Il fonde avec John Strang en 1841 la Compagnie de l’eau et de l’éclairage au gaz de Québec, et fonde avec Furniss la City of Toronto Gas Light and Water Company, dont il est président.

[modifier] La banque

Banque de Montréal : le fronton (1845)
Banque de Montréal : le fronton (1845)

La Banque de Montréal jouait alors le rôle de banque centrale du Canada. Déjà actionnaire de la Banque du Canada[10], Masson achète des parts de la Banque de Montréal en 1824, et entre en 1826 au conseil d'administration. En 1830, Masson accroît largement sa participation, et atteint son but qui est en fait d'augmenter son crédit dans la région. Joseph Masson est nommé en 1834 vice-président de la banque de Montréal. Il a aussi affaire avec la Banque de la cité, à Montréal, la Gore Bank et la Commercial Bank du Midland District[11].

Il est un des rares entrepreneurs de l'époque à profiter largement des organismes de crédit pour développer ses affaires. Il parvient à doubler son volume d'affaires en recourant systématiquement au crédit, et il a du mal à convaincre son associé écossais à en faire autant[12].

[modifier] Les entreprises Masson

Masson est le dirigeant effectif des trois entreprises du groupe ; cette situation se reflète désormais dans l'actionnariat et les raisons sociales des sociétés, qui deviennent : Joseph Masson, Sons and Company (Montréal) ; Masson, Langevin, Sons and Company (Québec) ; Masson, Sons and Company (Glasgow), cette dernière société ayant vocation à gérer les achats[13].

Il est considéré comme le premier millionnaire canadien-français[14].

[modifier] Seigneur de Terrebonne

Pour asseoir dignement sa réussite, Joseph Masson acquiert en 1832 la seigneurie de Terrebonne. C'est essentiellement une question de prestige, mais il ne tarde pas à en faire une entreprise très rentable, après avoir développé le commerce et l'industrie ; la seigneurie compte en effet sur son territoire un des plus importants centres industriels de la région, celui de l'Île des Moulins de Terrebonne : Masson fait construire une forge, des greniers, un nouveau moulin, et innove en faisant utiliser la turbine (ou "roue à réaction"), technologie nouvelle importée des États-Unis. Ainsi, outre l'assise aristocratique qu'elle procure, sa seigneurie est vite rentabilisée et lui assure de confortables revenus supplémentaires, lui rapportant certaines années plus de 3 000 $[15].

[modifier] Conseiller législatif, décline la mairie de Montréal

Masson est nommé au Conseil législatif du Québec en 1834. Lorsque Montréal retrouve son autonomie municipale, il est élu conseiller en décembre 1842. Le Conseil propose alors à Joseph Masson d'être le nouveau maire de Montréal, ce qu'il décline[16], mais il est élu échevin en 1843. Il est aussi capitaine de milice, juge de paix, membre du Committee of Trade (plus tard Board of Trade, Chambre de commerce) de Montréal. Il est le premier marguillier de la paroisse Notre-Dame de Montréal, et participe à la construction de la nouvelle basilique.

Généralement loyaliste par intérêt pour ses affaires, il a même en 1837 été le commissaire chargé de faire prêter le serment de fidélité[17]. Mais il n'en oublie pas moins sa fibre patriotique lorsqu'il cache chez lui Louis-Joseph Papineau, dont la tête était mise à prix en 1837, ou quand il accepte en 1845 d'être président de l'association Saint-Jean-Baptiste[18].

Il est mort en 1847 à Terrebonne.

Après sa mort, sa femme, Marie Geneviève Sophie Raymond, encourage ses aînés dans la poursuite des activités commerciales de leur père, et s'occupe elle-même de la seigneurie : elle crée le bureau seigneurial en 1850, fait construire le manoir Masson de 1848 à 1854, développe les moulins, et fonde le collège Masson de Terrebonne.

Ils ont eu douze enfants, parmi lesquels :

[modifier] Bibliographie

[modifier] Notes et références

  1. La société canadienne-française au XIXe siècle, 1975, p. 283
  2. Dict. biographique du Canada
  3. Dict. biographique du Canada
  4. Dict. biographique du Canada
  5. La société canadienne-française au XIXe siècle, 1975, p. 300
  6. Dict. biographique du Canada
  7. Dict. biographique du Canada
  8. Dict. biographique du Canada
  9. Dict. biographique du Canada
  10. La société canadienne-française au XIXe siècle, 1975, p. 297
  11. Dict. biographique du Canada
  12. Dict. biographique du Canada
  13. La société canadienne-française au XIXe siècle, 1975, p. 300
  14. Rumilly, Histoire de Montréal, p. 297
  15. Dict. biographique du Canada
  16. Rumilly, Histoire de Montréal, p. 278
  17. La société canadienne-française au XIXe siècle, 1975, p. 284
  18. Rumilly, Histoire de Montréal, p. 297

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes