Josaphat Koncévitch

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Saint Josaphat
Martyr
Naissance 1584
Volhynie - Ukraine
Décès 1623  (à 39 ans)
Vitebsk - Biélorussie
Nationalité Ukrainienne
Béatification 16 mai 1643
par Urbain VIII
Canonisation 1876
par Pie IX
Vénéré par l'Église catholique romaine
Fête le 12 novembre
Serviteur de Dieu - Vénérable - Bienheureux - Saint

Saint Josaphat (1584-1623), martyr, est le premier saint oriental canonisé par Rome.

Sommaire

[modifier] Sa vie

Josaphat (Jean Koncévitch) est né en Volhynie, en Ukraine, en 1584. Il était encore très jeune au moment de l'Union de Brest en 1596 où une partie de l'Eglise d'Ukraine se rattache à Rome et constitue l'Eglise gréco-catholique ou Église ruthène.

À vingt ans, il entre au monastère de la Sainte-Trinité (ordre basilien) à Vilnius, qui se trouvait dans le royaume polono-lituanien.

Icône de détail Article détaillé : Histoire de la Biélorussie.
Icône de détail Article connexe : Russie blanche.

Il avait 30 ans quand il en devint l'un des supérieurs. Dès lors, profondément déchiré par la séparation des catholiques romains et orthodoxes, il luttera avec autant de douceur que d'opiniâtreté pour la restauration de l'unité des églises.

En 1617, il est nommé évêque de Polatsk. Cette région était en proie aux antagonismes, aussi bien politiques que religieux. Alors qu'il effectuait une visite pastorale à Vitebsk, il affronta une émeute menée par des intégristes orthodoxes. Il alla au devant de ses agresseurs en leur disant : « Si vous en voulez à ma personne, me voici. ».

Il est alors lynché et atteint par une balle de fusil puis jeté dans le fleuve en raison de son attachement à l'Église romaine. C'était au matin du 12 novembre 1623.

[modifier] Exactions contre les Catholiques orthodoxes

L'action de l'homme d'église a soulevé en son temps des protestations au sein même des Catholiques romains du Royaume de Pologne-Grand-duché de Lituanie. En témoigne la lettre adressée à l'Archevèque par le Grand Chancelier du Grand-duché de Lituanie, Lew Sapiehaen réponse à la missive dans laquelle Josaphat de Polotsk justifie les crimes contre les croyants orthodoxes [1]:

" "Eminentissime Seigneur, Archevêque de Polotsk,

C'est contre mon gré que j'entame cette correspondance avec Votre Excellence, car, voyant la fermeté de vos convictions et qu'aucun argument ne pourrait vous faire changer d'avis, je réponds simplement à votre lettre.

Bien que je me sois moi-même efforcé de propager l'Unia et que je sache qu'il est désormais déraisonnable d'interrompre cette oeuvre, il ne m'était jamais venu à l'esprit que Votre Excellence puisse contraindre les gens par de tels procédés.

L'appel que le Très-Haut lance à tous les humains est doux: Venez tous à moi; mais Il n'exige pas d'esclaves amenés de force et n'en veut pas. Tandis que vous, vous opprimez le peuple russe par des actes de violence irréfléchie et le poussez à la révolte et à l'insubordination à Sa Majesté. Il vous est bien difficile de le nier quand cela apparaît clairement dans les plaintes contre vous présentées par les fonctionnaires polonais du Grand-Duché de Lituanie.

Vous connaissez aussi les reproches des gens du peuple affirmant qu'il est préférable pour eux d'être prisonniers des Turcs plutôt que de subir d'aussi terribles persécutions pour leur foi et leur piété.

Vous écrivez que la politique aussi a son utilité pour le peuple, mais j'ajouterai qu'un Etat trouve plus d'intérêt dans un peuple obéissant plutôt que dans votre Unia.

Pourquoi vous croyez-vous obligé de faire passer votre pouvoir et devoir de pasteur pour la volonté du Roi et par conséquent de l'Etat, alors que vous savez bien que votre pouvoir est limité et que vos efforts pour mener à bien des oeuvres contraires à la paix et à l'intérêt de la société peuvent avec justice être considérés comme une offense pour Sa Majesté. Eussiez-vous essayé d'agir ainsi à Rome ou à Venise, et l'on vous aurait appris quel respect il faut avoir pour la politique et l'Etat.

Vous parlez du retour à la foi des renégats. Il faut s'efforcer de les faire revenir, faire en sorte qu'il n'y ait qu'un seul troupeau et un seul pasteur, mais il faut agir ave circonspection et tenir compte des circonstances. Il faut que votre zèle et votre désir d'unification se fondent sur les lois de l'amour en suivant les paroles de l'apôtre Paul, mais on voit bien que vous vous êtes écarté de son enseignement et c'est pourquoi il n'est pas étonnnant que ceux qui étaient sous votre pouvoir cessent de vous obéir. J'ai par obligation, dites-vous, d'être l'héritier des saints évêques, de les imiter dans leur glorification de Dieu, de suivre l'exemple de saint Jean Chrysostome et autres grands pontifes. Cela est très louable, mais il faut aussi les imiter pour ce qui est de la piété, du savoir, de la longanimité et des bons exemples. Lisez les vies de tous les pieux évêques, lisez tous les livres de saint Jean Chrysostome. Vous n'y trouverez ni plaintes à leur égard, ni l'ordre de leur part de persécuter et de chercher des motifs pour intenter des procès en justice ni enfin d'incitation à l'assasssinat de pieux prêtres, vous n'y trouverez que ce qui aide à la glorification de Dieu et au salut des âmes.

Maintenant, examinons l'oeuvre de Votre Excellence. Tous les tribunaux, les conseils municipaux, les hôtels de ville, les administrations croulent sous toutes sortes de plaintes, de dénonciations, de procès qui ne peuvent en rien affermir l'Unia, alors que l'amour disparaît de la société et que dans les familles règnent la discorde et les lamentations.

Vous écrivez qu'il vous est loisible de noyer les orthodoxes et de leur fendre la tête.Non. Il ne faut pas agir ainsi avec eux, car le commandement de Dieu interdit toute vengeance et ce commandement s'adresse aussi à vous.

Vous écrivez encore que dans les diètes on élève la voix contre l'Unia, qu'on la condamne, elle et le pieux clergé romain. Mais qui en est la cause? L'Unia seule est coupable de tous ces crimes.

Quand vous faites violence à la conscience populaire, quand vous fermez les églises, pour que les gens meurent comme des impies sans le secours des rites chrétiens, quand de votre propre chef vous abusez du pouvoir du Roi , vous faites tout cela sans nous, et lorsqu'à cause de ces méfaits explose dans le peuple la révolte qu'il faut éteindre, alors vous vous adressez à nous et vous vous servez de nous pour colmater les brèches.

Les orthodoxes supposent que nous sommes avec vous dans le complot pour asservir la conscience populaire et troubler la paix sociale, mais cela n'est pas vrai. C'est déjà bien assez que nous soyons avec Votre Excellence dans cette Unia que vous devriez garder pour vous-même et il vaudrait mieux ne pas nous livrer à la vindicte et à la haine du peuple et ne pas attirer sur vous son jugement.

Vous écrivez qu'il faut chasser au-delà de nos frontières tous ceux qui n'acceptent pas l'Unia. Plaise à Dieu qu'il n'existe jamais d'aussi grande forfaiture dans notre pays. Depuis longtemps chez nous s'est affermie la foi catholique romaine et jusqu'à ce qu'elle ait pour alliée l'Unia, elle était renommée pour son pacifisme et sa puissance. Alors que depuis qu'elle s'est trouvée une amie en l'Unia agitée, elle doit subir à cause d'elle à chaque réunion populaire et assemblée régionale d'innombrables ennuis et difficultés.

Il y aurait plus de profit pour le pays et la société à rompre tout lien avec cette remuante alliée, car nous n'avons jamais eu dans notre société de discordes comme celles que nous a causées l'Unia.

Vous écrivez qu'il faut livrer les églises à la profanation. Mais fermer les églises et poser sur elles les scellés ou bien bafouer les croyants, sont autant d'actes funestes qui détruisent la coexistence fraternelle et la paix.

Montrez-nous, Excellence, qui vous avez amené à vous? Qui avez-vous attiré par votre rudesse, votre sévérité, et par la fermeture des églises? Il me semble que vous avez perdu même ceux qui vous étaient dociles à Polotsk.

Des agneaux qu'ils étaient, vous en avez faits des boucs, vous les avez rendus dangereux pour l'Etat et peut-être même avez-vous préparé notre perte, à nous tous, les catholiques. Au lieu de la joie, votre Unia maudite nous a apporté seulement du chagrin, de l'inquiétude et des désordres, si bien que nous préférons nous en passer.

Voilà les fruits de votre Unia. C'est bien elle qui porte la responsabilité de ces discordes dans l'Etat et dans le peuple. Quand notre patrie sera ébranlée (Dieu nous en préserve), ce à quoi vous ouvrez la route par votre rudesse, je ne sais ce qu'il adviendra de votre Unia.

C'est pourquoi le Roi ordonne de réouvrir l'église orthodoxe de Mohilev (j'écris cela à Votre Excellence sur son ordre) et si vous ne le faites pas, par ordre de Sa Majesté j'ordonnerai moi-même de l'ouvrir et de la rendre au peuple pour qu'il y célèbre selon son rite. Il n'est pas interdit dans les provinces du Royaume aux Juifs et aux Tatars d'avoir leurs synagogues et leurs mosquées alors que vous, vous fermez les églises chrétiennes!!!

Votre Unia nous a fait perdre Novgorod-Séversky, Starodoub, Koseletz et beaucoup d'autres forteresses, et c'est encore à cause d'elle que le peuple refuse de se soumettre au Roi, ce dont témoignent de nombreuses lettres. C'est pourquoi nous ne voulons pas que cette Unia funeste nous perde à jamais.

Telle est ma réponse à votre lettre. Je veux éviter tout conflit avec vous, je demande seulement au Très-Haut qu'Il vous envoie les biens que vous-même souhaitez et aussi l'esprit de soumission et d'amour au prochain.

Respectueusement,

Chancelier de Lituanie, Lev Sapiéha." "

[1] Boris-N. FLORJA "Les conflits religieux entre adversaires et partisans de l'Union dans la "conscience de masse" du peuple en Ukraine et en Biélorussie (dans la première moitié du XVIIème siècle)."Dix-septième siècle PUF (2003)- I.S.B.N. 9782130533559.


Après plusieurs témoignages de miracles, le pape Urbain VIII a formé une commission d'enquête sur son cas en 1628. En découvrant son corps, on s'aperçu qu'il n'avait pas été altéré alors que 5 ans étaient passés depuis sa mort. En 1637, une autre commission mena un enquête sur sa vie et en 1643, Josaphat fut beatifié. Il a été canonisé en 1867 par le Pape Pie IX.

Ses reliques se trouvent dans la Basilique Saint-Pierre au Vatican.

[modifier] Béatification et canonisation

Josaphat a été béatifié le 16 mai 1643 par le Pape Urbain VIII.

Il a été canonisé en 1867 à Rome par le Pape Pie IX. Saint Josaphat est le premier saint oriental canonisé par Rome.

[modifier] Fête

Le 12 novembre (autrefois le 14 novembre)

[modifier] Patronage

Saint Josaphat est le saint patron de l'Ukraine.

[modifier] Liens externes