Jacques Du Perron

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Jacques Du Perron
Image:DuPerron.jpg
Pseudonyme Davy Du Perron
Naissance 1556, Saint-Lô
Décès 1618, Paris
Activité prélat, poète, diplomate
Nationalité France France
Genre baroque

Jacques Davy Du Perron, né à Saint-Lô, le 25 novembre 1556 et mort à Paris le 5 mai 1618, est un poète baroque et diplomate français.

Né d’un père médecin du nom de David[1] devenu ministre à sa conversion au calvinisme à la Réforme, Jacques Du Perron est emmené dès son enfance à Berne pour échapper à la persécution. Il y reçoit une éducation en latin, grec, hébreu, mathématiques et philosophie.

De retour en Normandie, il est présenté par Jacques de Matignon au roi, qu’il impressionne par son érudition. Il s'installe ensuite à Paris, y abjure le calvinisme et obtient la place de lecteur du roi Henri III

Ayant reçu l’ordre de prêcher devant le roi au couvent de Vincennes, le succès de son sermon sur l’amour de Dieu et de l’oraison funèbre de Ronsard dont il était l’ami, le convainc de prendre les ordres.

À la mort d’Henri III, après avoir soutenu quelque temps le cardinal Charles de Bourbon, chef de la Ligue, contre le roi, il se rallie à Henri IV, qu’il instruit dans la religion catholique et reçoit sa conversion. En 1591, celui-ci le nomme évêque d’Évreux et l’envoie à Rome en 1594 pour obtenir son absolution et solliciter la levée de l’interdit lancé contre la France.

De retour à son diocèse, il combat dans deux célèbres conférences les doctrines du calvinisme, défendues par Philippe Duplessis-Mornay et Agrippa d'Aubigné. Il convertit, entre autres, le frère de Jean de Sponde, Henri de Sponde, qui devient évêque de Pamiers.

En 1604, il est envoyé à Rome comme chargé d’affaires de la France. À la mort de Clément VIII, il contribue, en grande partie par son éloquence, à l’élection de Léon XI et, à la mort de ce dernier, vingt-quatre jours après son élection, de Paul V. Il est fait cardinal et, en 1606, il est nommé archevêque de Sens pour avoir contribué à rétablir la paix entre le Saint-Siège et les Vénitiens.

Après la mort de Henri IV, il joue un rôle actif aux États généraux de 1614, où il soutient les doctrines ultramontaines contre le tiers état.

L’authenticité des convictions religieuses du cardinal Du Perron a néanmoins été discutée. Tallemant des Réaux a raconté dans ses Historiettes qu’un jour « il fit un discours devant Henri III, pour prouver qu’il y avait un dieu, et après l’avoir fait, il offrit de prouver, par un discours tout contraire, qu’il n’y en avait point. » Ailleurs, il rapporte : « Il rapporta la vérole de Rome et en mourut. En mourant, il ne voulut jamais dire autre chose, quand il prit l’hostie, sinon qu’il la prenait comme les Apôtres l’avaient prise. On disait qu’il avait voulu mourir en fourbe, comme il avait vécu. »

Son frère, Jean Davy Du Perron, fut archevêque de Sens.

[modifier] Œuvre poétique

Davy Du Perron hérite de Ronsard et de Desportes, qui l'introduit à la Cour, et annonce Malherbe. Il se situe entre la poésie maniériste et la poésie classique. Ses images sont souvent baroques et son style est fleuri. Ses œuvres poétiques sont variées : poésie religieuse, érotique, dédicaces, poésie pour le roi, tombeaux et éloges funèbres. Cette diversité s'explique en partie par la chronologie. Par exemple, les poésies d'amour sont écrites avant que Du Perron ne devienne évêque. Il aurait été, en effet, étonnant qu'un religieux écrive des œuvres de ce genre, car ses poèmes avaient pour fonction d'exercer et de montrer uniquement le talent des lettrés. Ensuite seulement viendront les genres plus graves comme les poésies religieuses.

[modifier] Notes

  1. D’où le Davy rajouté à non nom. Tallemant des Réaux rapporte que « quand il fut un grand seigneur, il signa d’Avit pour se dépayser et faire croire qu’il était d’une maison qui s’appelait Avit. »

[modifier] Œuvres

  • Oraison funèbre sur la mort de Monsieur de Ronsard (1586). Réédition : Droz, Genève, 1985
  • Le Cardinal Jacques Davy du Perron : mélanges publiés à l’occasion du IVe centenaire de sa naissance, Saint-Lô, Imp. Jacqueline, 1956
  • Œuvres diverses, Genève, Slatkine Reprints, 1969
  • Recueil des poésies de Monsieur Du Perron, Paris, Actes Sud-Papiers, 1988

[modifier] Biographie

  • Thomas Pelletier, Histoire abrégée de la vie et de la mort de feu Monseigneur l'illustrissime Cardinal Du Perron, Paris, 1618

[modifier] Références

  • Pensées judicieuses, bons mots, rencontres agreables & observations curieuses du cardinal du Perron, et de Mr. le President de Thou, conseiller d'Etat, Cologne, Gerbrand Scagen, 1694
  • Les Fleurs de l'éloquence françoise extraictes des Epistres héroïques d'Ovide, Paris, du Brueil, 1615
  • Pierre Féret, Le Cardinal du Perron, orateur controversiste, écrivain, Paris, Didier et Cie, 1877
  • René Fourrey, Du Perron, panégyriste de Ronsard, Sens, Saint-Sauveur, 1937
  • J. A. Lalot, Essai historique sur la conférence tenue à Fontainebleau entre Duplessis-Mornay et Du Perron, le 4 mai 1600, Genève, Slatkine Reprints, 1969
  • Pierre Féret, Le Cardinal Du Perron, orateur, controversiste, écrivain ; étude historique et critique, Genève, Slatkine Reprints, 1969
  • Célestin Hippeau, Les Écrivains normands au XVIIe siècle, Caen, Impr. de Buhour, 1858
  • Pierre Jurieu, Le Protestantisme dans la France des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Bibliothèque nationale, Service photographique, 1985
  • César de Ligny, Les Ambassades et negotiations de l'illustrissime & reuerendissime cardinal Dv Perron, Paris, Estiene, 1623
  • Jean Levesque de Burigny, Vie du Cardinal du Perron, Archevêque de Sens, & Grand-Aumônier de France, Paris, De Bure Père, 1768

[modifier] Liens externes

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