Jérôme de Prague

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Le bûcher de Jérôme de Prague, Book of Martyrs, de John Foxe (1563).
Le bûcher de Jérôme de Prague, Book of Martyrs, de John Foxe (1563).

Jérôme de Prague (Jeroným Pražský en tchèque, 137930 mai 1416) est un des principaux soutiens et des plus proches amis de Jan Hus. Il nait dans une riche famille de Prague. Après l'obtention, en 1398, de son diplôme de l'université de Prague, il entreprend de voyager : 1402 le voit à Oxford en Angleterre, où il recopie le Dialogus et le Trialogus de John Wyclif. Il devient un ardent défenseur du réalisme (en tant qu'opposé du nominalisme). À partir de là, son attirance pour le wyclifisme et le réalisme ne lui apportent que des ennuis. En 1403, il se rend à Jérusalem, en 1405 à Paris. Là, il entreprend son magistère mais Jean de Gerson l'expulse de l'université. En 1406, il poursuit ses études à l'université de Cologne, puis, peu après, au sein de celle d'Heidelberg.

Prague, où il revient étudier en 1407, n'est pas plus accueillante : il repart la même année pour Oxford d'où, une fois encore, il doit partir. Entre 1408 et 1409, il est à Prague. En 1410, un discours précautionneusement en faveur des vues philosophiques de Wyclif lui vaudra des ennuis, quatre ans plus tard au Concile de Constance. En mars de la même année, une bulle papale contre les thèses de Wyclif est publiée et, accusé de défendre les thèses du théologien anglais, Jérôme est emprisonné à Vienne mais réussit à s'échapper et rejoint la Moravie. L'évêque de Cracovie l'excommunie alors.

De retour à Prague, il défend publiquement Jan Hus. En 1413, il réside auprès des cours royale de Pologne et grand-ducale de Lituanie, faisant une forte impression de par son éloquence et son savoir. À Cracovie, il est publiquement interrogé quant à son adhésion aux quarante-cinq articles que les ennemis de Wyclif avaient extraits de son œuvre et qu'ils tiennent pour hérétiques. Jérôme déclare qu'il les rejète globalement.

Quand, le 11 octobre 1414, Jan Hus part pour le Concile de Constance, Jérôme l'assure de son soutien et que, si nécessaire, il viendrait au secours de son ami. Il tient parole et arrive le 4 avril 1415 à Constance. Contrairement à Jan Hus, il ne bénéficie pas de sauf-conduit impérial et ses amis l'enjoignent de quitter la ville et de retourner en Bohême. Il est cependant arrèté sur le chemin du retour, à Hirschau et mis en prison à Sulzbach d'où il est immédiatement déporté vers Constance. Là, le 23 mai 1415, il comparait pour tentative d'évasion (à une citation à comparaitre, laquelle avait été émise en son absence et qu'il n'avait pu prendre connaissance). Le 6 juillet 1415, son ami Jan Hus est brulé vif.

Sa condamnation est prédéterminée par son adhésion aux thèses de Wyvlif et son admiration pour Jan Hus. Son emprisonnement est si stricte qu'il tombe malade. Il se voit forcer de se dédire aux sessions publiques du Concile, les 11 et 23 septembre 1415, il abjure publiquement et Wyclif et Hus. La même faiblesse, lui fait écrire, en tchèque, au roi de Bohême et à l'université de Prague des lettres où il écrit que « de son plein gré », il est venu à la conclusion que Jan Hus est un hérétique et que sa mort sur le bucher était juste. Cette docilité n'entraine pas sa libération pour autant. Son procès se déroule les 23 et 26 mai 1416. Le deuxième jour de son procès, il abjure son abjuration précédente et, par conséquent, le 30 mai 1416, il est condamné pour hérésie et brulé dans la foulée.

L'attachement de Jérôme à la foi catholique était sincère et profond. Plus que sur la base de son soutien aux thèses de Wyclif ou de son amitié envers Hus, c'est sans doute en raison de sa formidable érudition et de son éloquence que l'Église condamne Jérôme en qui elle voit un formidable critique de sa propre dégénérescence.

[modifier] Références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Jerome of Prague »., lui-même tiré de Schaff-Herzog Encyclopedia of Religious Knowledge, 1914