Isaac Israeli ben Salomon

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Isaac Israeli ben Salomon (hébreu: יצחק בן שלמה הישראלי Yitzhaḳ ben Shlomo haIsraëli, arabe Ishaḳ ibn Sulayman al-Isra'ili) dit l'Ancien (Égypte, entre 830 et 850 - Kairouan, entre 932 et 955[1]), était un médecin et philosophe juif égyptien.

Sommaire

[modifier] Éléments de biographie

Isaac Israeli avait étudié l'histoire naturelle, la médecine, les mathématiques, l'astronomie, et d'autres matières scientifiques encore; il était réputé comme l'un de ceux qui connaissaient toutes les « sept sciences. »
Israeli commence par se faire une réputation d'oculiste habile; après s'être installé à Kairouan, il étudie la médecine générale sous la tutelle Ishak ibn Amran al-Baghdadi, avec lequel il est parfois confondu [2]. Sa renommée grandit fortement à Kairouan, et les travaux qu'il écrit sont particulièrement prisés par les médecins musulmans, considérés comme « plus précieux que des diamants. » Ses cours attirent un grand nombre d'élèves, dont les plus proéminents sont Abu Ya'far ibn al-Yazzar, un musulman, et Dounash ibn Tamim.

Vers 904 Israeli, est attaché à la personne du dernier prince aghlabide, Ziyadat Allah III. Cinq ans plus tard, il entre au service d'Ubayd Allah al-Mahdi, fondateur de la dynastie des fatimides installé à Kairouan. Celui-ci apprécie la compagnie de son médecin, vif et fin d'esprit, et qui put confondre le Grec al-Hubaish lorsqu'on les opposa. Au Caire et à Kairouan, Israeli fait connaitre à son entourage l'œuvre d'Assaph de Tibériade.
En 905, il échange une correspondance avec un jeune Saadia, qui lui inspire probablement son gout pour l'étude de la Bible. Il écrit aussi un Livre des définitions et des commentaires du Livre de la Genèse et du Sefer Yetzira[3].
C'est à la demande du calife qu'il rédige ses traités de médecine; ils seront traduits en latin par le moine chrétien Constantin de Carthage en 1087, qui s'en attribue la paternité et les utilise comme livres de référence à l'Université de Salerne, la première du genre en Europe occidentale; le plagiat est découvert quatre siècles plus tard, suite à quoi les livres sont compilés et publiés sous le nom d'Opera Omnia Isaci (1515), mais cette collection contient l'œuvre d'autres médecins, erronément attribuées à Israeli.

[modifier] Œuvres

[modifier] Livres de philosophie

Contemporain de la période du Kalam et d'al-Kindi, Isaac Israeli est le premier représentant juif du néoplatonisme, dont il adopte généralement la doctrine, ne s'en distinguant que sur un point: Dieu créa le monde par amour au moyen de sa Puissance et de sa Volonté, qui lui sont inhérentes et ne sont pas des hypostases. Il établit la distinction entre la philosophie, quête de la sagesse, et la sagesse elle-même, qui est le but ultime à atteindre. En revanche, il ne voit pas de différence marquée entre le philosophe et le prophète : tous deux se préoccupent de l'ascension de l'âme et de guider l'humanité vers la vérité et la justice.
Son ouvrage le plus célèbre est le Kitab al-Hudud (Sefer haGuevoulim vehaReshoumim, « Livre des Définitions »), où l'on trouve la formulation de la notion de vérité comme étant l'adéquation de la chose et de l'esprit. Cette formulation connaîtra un grand succès durant de nombreux siècles avant d'être critiquée à l'aube de l'âge classique, par Thomas Hobbes notamment, lequel pense le vrai et le faux comme attributs de la parole.
Réputée en son temps, tant auprès des Juifs que des musulmans, la pensée d'Israeli influença la scolastique chrétienne. Cependant, il est sévèrement critiqué par les générations ultérieures de penseurs juifs: dans sa correspondance avec Samuel ibn Tibbon, Moïse Maïmonide, lui-même médecin et philosophe, lui conseille de ne pas perdre de temps à lire les traités philosophiques d'Israeli, qui n'était selon ses dires que médecin et non philosophe[4]. De plus, selon Eliakim Carmoly[5], Isaac Israeli ne fait qu'un avec « Ha-Yiẓḥaḳ, » ou « Isaac le babilleur » qui apparaît dans le commentaire d'Abraham ibn Ezra, pourtant néo-platonicien, lui aussi. Il fut cependant apprécié par d'autres commentateurs bibliques, comme Jacob ben Reouven, un contemporain de Maïmonide, et Abraham ibn Ḥasdai.

Parmi ses livres:

  • « Kitab al-Ḥudud wal-Rusum, » traduit en hébreu par Nissim ben Solomon (XIVe siècle) sous le titre « Sefer haGuevoulim vehaReshoumim, » et dont la traduction latine est citée au début des « Opera Omnia. » Ce livre fut, avec le « Kitab al-Istiḳat, » l'objet des critiques de Maïmonide.
  • « Kitab Bustan al-Ḥikimah, » sur la métaphysique.
  • « Kitab al-Ḥikmah, » un traité sur la philosophie.
  • « Kitab al-Madkhal fi al-Mantiḳ, » sur la logique

ces trois derniers travaux sont mentionnées par Ibn Abi Uṣaibi'a, mais l'on n'en connaît pas de traduction hébraïque.

  • « Sefer ha-Rouaḥ veha-Nefesh, » un traité philosophique, traduit en hébreu, sur la différence entre l'esprit et l'âme, publié par Steinschneider dans "Ha-Karmel" (1871, pp. 400-405). L'éditeur pense que ce petit ouvrage est un fragment d'un plus grand.
  • Un commentaire philosophique sur la Genèse, en deux livres, dont l'un traite de Gen. 1:20.

[modifier] Traités médicaux

  • « Kitab al-Ḥummayat, » (hébreu: « Sefer ha-Ḳadaḥot »), un traité complet en cinq volumes sur les types de fièvre, d'après les anciens médecins, particulièrement Hippocrate.
  • « Kitab al-Adwiyah al-Mufradah wa'l-Aghdhiyah, » un traité en quatre sections sur les remèdes et aliments. La première section, consistant en vingt chapitres, a été traduite en latin par Constantin sous le titre « Diætæ Universales, » et en hébreu par un traducteur anonyme sous le titre "Ṭib'e ha-Mezonot." Les trois autres parts sont intitulées en latin « Diætæ Particulares »; il semble que le livre fut traduit en hébreu, sous le titre de « Sefer ha-Miss'adim » ou « Sefer ha-Ma'akhalim, » à partir du latin.
  • « Kitab al-Baul, » ou, en hébreu, « Sefer ha-Sheten, » un traité sur l'urine, dont l'auteur réalisa lui-même une édition abrégée.

"Kitab al-Istiḳat," ou, en hébreu, "Sefer ha-Yessodot," un traité à la fois médical et philosophique sur les éléments, que l'auteur traite selon les idées d'Aristote, Hippocrate, et Galien. La traduction hébraïque but réalisée par Abraham ben Hasdaï , à la demande du grammarien David Kimhi.

  • « Manhig ha-Rof'im, » ou « Moussar ha-Rof'im, » un traité en cinquante paragraphes visant à guider les médecins, traduit en hébreu (l'original arabe est perdu), et en allemand par David Kaufmann sous le titre « Propädeutik für Aerzte[6]. »
  • « Kitab fi al-Tiryaḳ, » un ouvrage sur les antidotes.

Certains attribuent aussi à Isaac Israeli deux autres livres figurant parmi les traductions de Constantin, le « Liber Pantegni » et le « Viaticum, » dont il y a trois traductions en hébreu. Toutefois, le premier est de Mohammed al-Razi et le second d'Ali ibn 'Abbas ou, selon d'autres, d'Abu Jaf'ar ibn al-Jazzar, l'élève d'Israeli.

[modifier] Références

  1. Selon la plupart des auteurs arabes, il naît avant 832 et meurt en 932, mais Abraham ben Hasdaï, citant le biographe Sanah ibn Sa'id al-Kurtubi ("Orient, Lit." iv., col. 230) dit qu'Israeli meurt en 942. Heinrich Grätz (Geschichte v. 236), disant qu'Isaac Israeli avait vécu plus que centenaire, propose comme dates 845-940; Steinschneider ("Hebr. Uebers." pp. 388, 755) situe sa mort en 950
  2. cf. notamment Sefer haYashar, p. 10a
  3. L'attribution de ce livre à Israeli est l'objet de nombreuses controverses. Steinschneider ("Al-Farabi," p. 248) et Carmoly (dans l'"Annalon" de Jost, ii. 321) se fient sur ce point au témoignage d'Abraham ibn Ḥasdai; d'autre part, Yedayah Bedersi écrit à Solomon ben Adret une lettre apologétique (publiée dans "Orient, Lit." xi. cols. 166-169) dans laquelle il parle d'un comentaire d'Israeli sur le Sefer Yeẓirah. Cependant, certains savants estiment que "Sefer Yeẓirah" pourrait simplement désigner le Livre de la Genèse. Par ailleurs, David Kaufmann ("R. E. J." viii. 126), Sachs ("Orient, Lit." l.c.), et surtout H. Grätz (Geschichte v. 237, note 2) tendent à attribuer le livre à l'élève d'Israeli, Dounash ibn Tamim.
    Il semble qu'Isaac Israeli, mentionné ailleurs comme commentateur du Sefer Yetzira, y ait pris part, bien que la majorité des notes dans le commentaire lui-même justifient l'assertion qu'Ibn Tamim en soit l'auteur. Il doit donc s'être servi du commentaire de son maître comme base pour son propre travail, tandis que la touche finale aurait été donnée par Jacob ben Nissim — cf. Dunash ibn Tamim, de la Jewish Encyclopedia
  4. "Iggerot ha-Rambam," p. 28, Leipzig, 1859
  5. "Ẓiyyon," i. 46
  6. Le "Magazin" de Berliner xi. 97-112

Cet article comprend du texte provenant de la Jewish Encyclopedia de 1901–1906 , article "ISRAELI, ISAAC BEN SOLOMON (ABU YA'ḲUB ISḤAḲ IBN SULAIMAN ALISRA'ILI)" par Richard Gottheil and M. Seligsohn, une publication tombée dans le domaine public., qui cite comme bibliographie:

  • Ibn Abi Usaibia, 'Uyun al-Anba', ii. 36, 37, Bulak, 1882;
  • 'Abd al-Laṭif, Relation de l'Egypte (traduit par De Sacy), pp. 43, 44, Paris, 1810;
  • Joseph von Hammer-Purgstall, Literaturgesch. der Araber, iv. 376 (il attribue à Israeli un traité sur le pouls);
  • Wüstenfeld, Geschichte der Arabischen Aerzte, p. 51;
  • Sprenger, Geschichte der Arzneikunde, ii. 270;
  • Leclerc, Histoire de la Médecine Arabe, i. 412;
  • Eliakim Carmoly, in Revue Orientale, i. 350-352;
  • Heinrich Grätz, Geschichte 3d ed., v. 257;
  • Haji Khalfa, ii. 51, v. 41, et passim;
  • Moritz Steinschneider, Cat. Bodl. cols. 1113-1124;
  • idem, Hebr. Bibl. viii. 98. xii. 58;
  • Dukes, in Orient, Lit. x. 657;
  • Gross, in Monatsschrift, xxviii. 326;
  • Jost's Annalen, i. 408.

[modifier] Voir aussi

  • Isaac Israeli ben Joseph dit Isaac Israeli le Jeune