Dounash ibn Tamim

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Dounash ibn Tamim (hébreu: דונש אבן תמים, arabe: أبو سهل Abou Sahl) était un médecin, astronome, grammairien et érudit juif du Xe siècle, et un pionnier de l'étude scientifique parmi les Juif arabophones.

Sommaire

[modifier] Éléments biographiques

Son nom de famille serait, selon une déclaration isolée de Moïse ibn Ezra, « Al-Shafalgi, » indiquant peut-être son lieu de naissance (inconnu). Abraham ibn Ezra substitue à Dounash « Adonim, » ce qui indique qu'il s'agit plus vraisemblablement d'une forme nord-africaine du latin « dominus, » (d'autant plus que le jeune contemporain d'Ibn Tamim, Dounash ibn Labrat était natif de Fès[1]) que de l'arabe « dhu nas » (seigneur de l'humanité), à propos duquel rien ne démontre qu'il était utilisé comme nom propre. Abraham ibn Ezra fait d'Ibn Tamim un « Oriental, » voire un Babylonien, ce qui semble beaucoup moins plausible que l'opinion de Moïse ibn Ezra, qui l'appelle « natif de Kairouan. » Abraham ibn Ezra pourrait avoir voulu indiquer que la famille d'Ibn Tamim venait de Babylone, mais il est également possible qu'il se soit trompé, et ait reporté l'appellation « Babylonien » d'Ibn Labraṭ sur Ibn Tamim.

Les quelques détails additionnels sur la vie et les activités d'Ibn Tamim ont été collationnés de le commentaire sur le Sefer Yeẓirah. Dans ce commentaire, écrit en 955-956 EC, il mentionne Saadia Gaon comme n'étant plus en vie. L'auteur fait cependant référence à la correspondance entre Saadia et son maître Isaac Israeli ben Salomon, qui s'est tenue lorsque Dounash avait environ 20 ans, et qui a eu lieu avant l'arrivée de Saadia en Babylonie, conséquemment avant 922; Dounash ibn Tamim serait donc né vers le début du Xe siècle, ce qui en fait un contemporain plus jeune de Saadia, dont les travaux, notamment en grammaire hébraïque, l'influencèrent.

De plus, une phrase de son commentaire, « Nous avons obtenu ce principe des Danites, qui sont venus à nous de la terre d'Israël, » semble indiquer qu'il avait connu Eldad ha-Dani.

[modifier] Œuvres

Dounash ibn Tamim fut, comme son maître, médecin à la cour des califes fatimides de Kairouan, pour l'un desquels, Isma'il ibn al-Ḳa'im al-Manṣur, il dédicaça un traité d'astronomie, dans la seconde partie duquel il démontre les points faibles de l'astrologie.

Un autre de ses travaux d'astronomie fut commandé par Hasdaï ben Isaac ibn Shaprut; il consistait en trois parties:

  1. la nature des sphères;
  2. les calculs astronomiques;
  3. la course des étoiles.

Il écrivit aussi des traités médicaux, dont l'un est cité par l'auteur arabe Ibn Baitar, dans son ouvrage sur les médicaments simples: Ibn Tamim dit qu'« il y a des roses jaunes et, en Irak, m'informe-t-on, des roses noires. La plus belle rose est la persane, dont on dit qu'elle ne s'ouvre jamais. »

L'original arabe du commentaire d'Ibn Tamim sur le Sefer Yetzira n'existe plus. Diverses traductions existent en hébreu à l'état manuscrit, chacune présentant des différences conséquentes par rapport aux autres, et contiennent diverses attributions à différents auteurs: dans plusieurs de ces manuscrits, Ibn Tamim est expressément référé comme le seul auteur, tandis que dans d'autres, il l'est en association avec Isaac Israeli, et dans d'autres encore, l'auteur cité est Jacob ben Nissim ibn Shahin, celui ayant vécu à Kairouan à la fin du Xe siècle.

Il semble qu'Isaac Israeli, mentionné ailleurs comme commentateur du Sefer Yetzira, y ait pris part, bien que la majorité des notes dans le commentaire lui-même justifient l'assertion qu'Ibn Tamim en soit l'auteur. Il doit donc s'être servi du commentaire de son maître comme base pour son propre travail, tandis que la touche finale aurait été donnée par Jacob ben Nissim. Une édition courte du commentaire[2] a été éditée par Manasseh Grossberg à Londres en 1902.

[modifier] Travaux de grammaire

Ibn Tamim est l'un des premiers représentants de la philologie comparée entre hébreu et arabe. Dans la préface de son « Moznayim, » Ibn Ezra le mentionne entre Saadia Gaon et Juda ibn Ḳuraish, parlant de lui comme auteur d'un livre « composé d'hébreu et d'arabe. »

Moïse ibn Ezra dit qu'Ibn Tamim compare les deux langues selon leurs parentés lexicographiques, et non grammaticales, et qu'il est en ce domaine moins doué qu'Abu Ibrahim Ibn Barun, un lexicographe ultérieur. Ce dernier critique d'ailleurs également certains détails du livre d'Ibn Tamim.

Dans son commentaire du Sefer Yetzira, Ibn Tamim dit qu'il compte, avec l'aide de Dieu, achever un ouvrage apparemment déjà entamé dans lequel il a déclaré que l'hébreu est la langue originelle de l'humanité, et est par conséquent plus ancien que l'arabe. Ce livre devrait montrer la relation entre les deux langues, et que tout mot pur en arabe se retrouve en hébreu, que par conséquent l'hébreu est un arabe purifié et que les noms de certaines choses sont identiques dans les deux langues. Abraham ibn Ezra[3] mentionne qu'Ibn Tamim pensait pouvoir reconnaître la forme diminutive de noms arabes dans plusieurs formations de nom de l'hébreu biblique comme, par exemple, dans II Sam. 13:20.

Les travaux d'Ibn Tamim sont souvent cités par les auteurs musulmans, ce qui est probablement à l'origine d'une déclaration erronée de Saadia ben Danan (fin du XVe siècle), selon laquelle les Musulmans pensent qu'Ibn Tamim s'était converti à l'islam.

[modifier] Références

  1. Steinschneider, "Cat. Bodl." col. 897; "Jew. Quart. Rev." x. 519; J. Derenbourg, "Opuscules et Traités d'Aboul-Walid," p. 2
  2. Bodleian MS. No. 2250
  3. Commentaire sur Eccl. 12:6

Cet article comprend du texte provenant de la Jewish Encyclopedia de 1901–1906 , article "DUNASH IBN TAMIM" par Richard Gottheil and Wilhelm Bacher, une publication tombée dans le domaine public., qui cite comme bibliographie:

  • S. Munk, Notice sur Abou'l-Walid Merwan Ibn-Djanah, in Journal Asiatique, 1850, pp. 43-60;
  • Neubauer, Notice sur la Lexicographie Hébraïque, in ib. 1861, pp. 156-158;
  • Grätz, Gesch. v.;
  • Steinschneider, Hebr. Uebers.;
  • idem, Die Arabische Litteratur der Juden, p. 72;
  • Kaufmann, in Rev. Et. Juives, viii. 126.
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