Ibycos

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Ibycos ou Ibycus (en grec ancien Ἴβυκος / Ibukos) est un poète lyrique grec né à Rhégium colonie eolo-dorienne, sur le détroit de Messine, en Grande Grèce, (aujourd’hui Reggio de Calabre en Italie du sud), au début du VIe siècle av. J.-C.

Sommaire

[modifier] La vie

Vraisemblablement de famille noble, son père s'appelait Phytios ; on doit cependant tenir pour légendaire l'opinion prétendant qu’il aurait refusé de devenir tyran et quittant Rhegium pour échapper à leurs instances. Vers 560 avant J.-C. il était établi à Samos à la cour du tyran Polycrate, devenant un des poètes favoris de cette cour. On ignore combien de temps il resta à Samos ainsi que la date et le lieu de sa mort.

Son décès a donné naissance, quelques siècles plus tard, à une légende passée en proverbe. Selon celle-ci il aurait été assailli, près de Corinthe lors d'un voyage sur mer, par une troupe de brigands qui l'assassinèrent après l'avoir dépouillé. Au moment d'expirer, il prit à témoin un vol de grues qui traversaient le ciel, et les adjura de porter témoignage et de venger sa mort. Quelque temps après, les assassins se trouvant dans le théâtre de Corinthe, l’un d'entre eux, en voyant planer des grues au-dessus des spectateurs, dit ironiquement à l’un de ses complices : « Voilà les témoins et les vengeurs d'Ibycos ». Il fut entendu de ses voisins qui le questionnèrent sur cette étrange parole. Devant son trouble on appela les soldats, les coupables furent arrêtés, avouèrent leur crime et furent exécutés. Les grues d'Ibycos sont ainsi devenues proverbiales, et l’on parle des « témoins d’Ibycos » pour caractériser un témoignage imprévu qui vient en aide à la justice au dernier moment.

[modifier] L’œuvre

Les savants alexandrins ont classé les œuvres d’Ibycos en sept livres, dont il n’est parvenu jusqu’à nous qu’une centaine de vers. Les anciens grecs le comparaient à Stésichore dans le traitement des thèmes mythiques (la guerre de Troie, l’expédition des Argonautes). Pourtant les fragments connus font ressortir une grande différence, preuve de la diversité de style du poète. Ce que nous connaissons de lui sont des poèmes lyriques chorals dans lesquels il manifeste le goût de la couleur et du pittoresque. Il a écrit de manière vivante sur le pouvoir de l’amour et certaines de ces formules seront reprises par Horace. Il a également écrit des éloges, notamment celui de Polycrate.

[modifier] Extraits

souci des jeunes filles à la belle chevelure,
Cypris et Pithô aux charmantes paupières
t'ont nourri parmi les fleurs de rosiers.

  • Au printemps fleurissent les pommiers de Cydonie,

arrosées par l'eau des ruisseaux dans le jardin
sacré des Vierges, et les grappes en fleurs croissent
à l'ombre des pampres verts. Mais moi,
l'amour en aucune raison ne me laisse de repos;
comme le Borée de Thrace brûlant sous l'éclair,
il s'élance intrépide d'auprès de Cypris, et s'empare violemment
de mon âme assombrie par de farouches fureurs.

  • L'amour encore, sous ses noires paupières me

lançant des regards qui consument , par des charmes
de toute sorte me jette dans les lacs infinis de Cypris.
Ah ! je tremble à son approche, comme un vieux cheval,
autrefois victorieux, reçoit malgré le joug et craint
de descendre dans la carrière avec des chars rapides.

[modifier] Sources

  • Dictionnaire de l’antiquité, collection Bouquins, éd. Robert Laffont
  • Dictionnaire des auteurs, collection Bouquins, éd. Robert Laffont
  • Dictionnaire des œuvres, collection Bouquins, éd. Robert Laffont
  • Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, Pierre Larousse, éd. Larousse
  • Histoire de la littérature grecque, Émile BURNOUF, 1869, Tome 1 pages 209 & 210
  • Histoire de la littérature grecque, Alfred CROISET, 1896, page 328