Humbert de Precipiano

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Humbert de Precipiano est un archevêque de Malines, né à Besançon en 1626 et mort à Bruxelles le 7 juin 1711.

[modifier] Biographie

Ayant étudié les lettres classiques à Constance, la philosophie dans sa ville natale, et la théologie au collège jésuite de Louvain, il obtint sa licence en droit et son doctorat en théologie à l'université de Dôle. Il fut nommé successivement chanoine, archidiacre et doyen du chapitre métropolitain de Besançon; abbé commendataire de Bellevaux en Bourgogne, il fut ensuite nommé conseiller ecclésiastique à la cour de Dôle par Philippe IV d'Espagne (la Franche-Comté était alors une dépendance espagnole). En 1667 Philippe l'envoya à la Diète impériale de Ratisbonne comme plénipotentiaire de la Bourgogne. Après 1672, il résida à Madrid en tant que conseiller en chef pour les Affaires des Pays-Bas et de la Bourgogne. Dix ans plus tard, il fut élevé au siège de Bruges, et sacré le 21 mars 1683. Pendant sept ans, il travailla avec zèle pour maintenir la pureté de la foi et les droits de l'Église, et contenir la propagation du jansénisme. En 1690, on lui offrit l'archevêché de Malines, qu'il n'accepta que sur l'ordre exprès du pape.

À Malines sa vie fut une lutte constante contre les doctrines que ne cessaient de diffuser des Français réfugiés, Arnauld, Quesnel, et d'autres. De concert avec son suffragant, l'archevêque commença par insister sur le serment présenté par Alexandre VII comme une condition nécessaire pour l'admission aux ordres sacrés, aux bénéfices et aux postes ecclésiastiques. Trois assemblées épiscopales, tenue sous sa présidence à Bruxelles en 1691, 1692 et 1697, confirmèrent ce règlement. La seconde (1692) d'ailleurs, pour prévenir tous les subterfuges quant à la distinction entre le droit et le fait, fit certaines additions à la formule. Par l'intermédiaire du Dr Hennebel, les jansénistes présentèrent à Rome une protestation, et réussirent à faire recevoir leur revendication par Innocent XII. Le pape ordonna que l'adoption des mots précis du serment de son prédécesseur Alexandre fût considérée comme tout à fait suffisante, car elle condamnait les cinq propositions « dans le sens évident qu'exprimaient les termes des propositions, et que nos prédécesseurs ont condamné ».

Mais alors des hommes de mauvaise foi déclarèrent que la Constitution d'Alexandre VII et les obligations qu'elle imposait avaient été modifiées, et qu'il n'était plus nécessaire de rejeter les propositions in sensu auctoris. Les évêques prirent contact avec Rome afin d'obtenir un moyen plus radical et plus efficace, et le pape, désormais mieux informé, les autorisa à procéder, non seulement en vertu de leur propre autorité, mais aussi en tant que délégués du Saint-Siège, contre tous ceux qui, par la parole ou par l'écrit s'opposeraient aux décisions bien connues de l'autorité souveraine. Immédiatement l'archevêque censura et interdit soixante et onze pamphlets diffamatoires d'origine janséniste, mais, comme la propagande en faveur de l'Augustinus continuait et que la pression morale s'avérait totalement inefficace, il demanda l'intervention du pouvoir séculier. Quesnel, Gerberon, et Brigode, celui qui distribuait leurs écrits, furent arrêtés à Bruxelles par ordre de Philippe V, et enfermés au palais archiépiscopal (1703). Quesnel s'échappa en Hollande, mais sa vaste correspondance fut saisie et une procédure judiciaire entamée contre lui.

Tous les documents qui s'y rapportent ont été publiés sous le titre Causa Quesnelliana (Bruxelles, 1705). Ils forment l'une des plus précieuses sources de l'histoire authentique du jansénisme. En 1705, l'archevêque de Malines fut l'un des premiers à publier dans son diocèse la bulle Vineam Domini Sabbaoth, dans laquelle Clément XI condamnait la théorie du silence respectueux, et son action lui valut les félicitations du souverain pontife. À Malines comme à Bruges, Precipiano dut se battre pour défendre le droit d'asile dont jouissaient certains lieux ou certaines maisons religieuses ; à Malines ses efforts furent d'abord contrecarrés par le pouvoir civil. En dernier recours, il fut obligé d'excommunier le procureur général et les membres du Grand Conseil, les magistrats répondirent en lui infligeant une énorme amende et la lourde peine de l'aquæ et ignis interdictio. Grâce à l'intervention personnelle de Philippe V, qui appréciait hautement le prélat, la querelle se termina sans atteinte aux droits de l'Église, et sans déshonneur pour leur champion.

[modifier] Sources