Henri le Jeune

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Henri le jeune roi (28 février ou 1er mars[1] 115511 juin 1183), fut le deuxième des cinq fils d'Henri II d'Angleterre et d'Aliénor d'Aquitaine. Il tient son surnom de son couronnement anticipé du vivant de son père, et du sens de jeune à cette époque : le chevalier qui n’est pas encore établi, qui n’a pas hérité[2].

En 1158, il est fiancé à Marguerite de France, première fille de Louis VII et de son épouse Constance de Castille. Le 2 novembre 1160, après l'obtention d'une dispense accordée par le pape Alexandre III, le mariage des deux jeunes enfants (lui 5 ans, elle 2 ans) est célébré.

Le 14 juin 1170, il est sacré roi d'Angleterre à Westminster par Roger de Pont-l'Évêque, archevêque d'York. Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry et primat d'Angleterre, seul habilité à sacrer le roi, trouve là matière à excommunier les évêques ayant consenti à célébrer cette cérémonie. Ce prétexte sera utilisé pour justifier l'assassinat de Becket.

Devenu gendre du roi de France, ce dernier n'aura de cesse d'attiser les ambitions du jeune Henri, en lui faisant remarquer que bien que roi, il n'exerce aucun pouvoir. En 1173, Henri le Jeune proteste publiquement contre le fait que son père envisage de donner certains territoires à son frère Jean sans Terre à l'occasion de ses fiançailles avec Alix, la fille du comte Humbert III de Savoie et de Maurienne. Aliénor d'Aquitaine pousse alors son fils aîné à se révolter contre son père et lui conseille de se réfugier auprès de Louis VII en France, où il est bientôt rejoint par ses frères Richard et Geoffroy.

[modifier] Révolte de 1173-1174

Icône de détail Article détaillé : Révolte de 1173-1174.

Le jeune Henri se créa des alliés puissants en promettant des terres et des revenus en Angleterre à Philippe d'Alsace, comte de Flandre, et à son frère Mathieu, comte de Boulogne.

Louis VII en profita pour tenter de diminuer l'emprise des Plantagenêts sur le royaume de France. Pendant qu'Henri II bataillait en France, le jeune Henri, avec l'aide de Philippe d'Alsace, projetait de porter la guerre en Angleterre, le retour rapide d'Henri II en Angleterre les en empêcha. Il retourna en France et empêcha la prise de Rouen par les troupes rebelles.

Louis VII retira son soutien au jeune Henri, et celui-ci sollicita une trêve à son père qui fut conclue à Montlouis et pendant un temps obéit à son père. Il l'aida notamment à réprimer une révolte de seigneur de Châteauroux en prenant Déols, Châteauroux et Issoudun.

En 1177, son épouse lassée d'un mari capricieux et inconstant le quitte et retourne à la cour de France. Cela n'empêche pas à Henri le Jeune d'assister au sacre de Philippe Auguste en tant que vassal du roi de France et de rejoindre sa femme au grand plaisir de Philippe Auguste, très inquiet de la puissance de Henri II.

En 1182 Henri le Jeune exige de son père en bien propre la Normandie (il est duc de Normandie depuis très longtemps) mais celui-ci refuse. Entre temps Richard Cœur de Lion, frère d'Henri le Jeune réclame aussi des terres en propres et entre en conflit avec Henri le Jeune. Une jalousie très importante existe entre les deux frères, attisée par le soutien net de leur mère pour Richard. En raison du droit féodal cette querelle entre les deux frères risque de faire intervenir le roi de France, ce que ne veut à aucun prix Henri II, mais celui-ci fut obligé d'intervenir contre ses fils. Alors qu'Henri défiait ouvertement son père en refusant de lui céder Limoges, une dysenterie l'emporta subitement le 11 juin 1183 à Martel.
Son tombeau, avec gisant, est situé dans le choeur de la cathédrale Notre-Dame de Rouen.

Sa piété, ses prouesses guerrières et sa générosité furent louées, mais un troubadour remarqua que Au jeune roi Diras que trop dormir ne me plait. On doit à Bertran de Born ce remarquable éloge funèbre du jeune roi : Si tots li dòls, els plors, els marriments / E las dolors, els dams, els chaitiviers / Qu'òm anc ausit en este segle dolent / Fossen ensem semblaran tot leugiers / Contra la mòrt del jove rei anglés (Si tous les deuils, tous les pleurs, toutes les tristesses, toutes les douleurs, tous les torts et tous les chagrins qu'on ait jamais connu dans ce monde douloureux étaient réunis, ils sembleraient bien légers devant la mort du jeune roi anglais).

[modifier] Sources

  • Jean Favier, Les Plantagenêts. Origine et destin d'un empire, éd. Fayard, Paris, 2004.

[modifier] Notes

  1. Edmond-René Labande, Pour une image véridique d’Aliénor d’Aquitaine, réédité avec une préface de Martin Aurell par la Société des antiquaires de l'Ouest-Geste éditions en 2005. ISBN 2-84561-224-9, p 119
  2. Georges Duby