Histoire de ma vie (George Sand)

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Histoire de ma vie est un recueil épistolaire sous forme autobiographique de George Sand publié en 1855.

Sommaire

[modifier] Contexte

George Sand (1804-1876), se proclamait volontiers « fille d’un patricien et d’une bohémienne », une double appartenance qui a fortement façonné sa vie. Côté vie amoureuse, Elle a eu les amants les plus célèbres (Aurélien de Sèze, Stéphane Ajasson de Gransagne, Jules Sandeau, Alfred de Musset, Michel de Bourges, Chopin, Alexandre Monceau), et un mari pendant plusieurs années, Casimir Dudevant. Au fil du temps, elle est devenue une « femme illustre et extraordinaire », jouissant d’une notoriété certaine de son vivant. Son premier roman signé de son nom de plume, Indiana, paraît en 1832. On parle déjà « du plus beau roman de mœurs qu’on ait publié en France depuis vingt ans ». Elle publia, en tout plus de 100 œuvres. Son œuvre romanesque, déjà considérable, ne doit pas masquer l’ampleur et la diversité de ses écrits : contes et nouvelles, pièces de théâtre, articles et critiques politique, vingt-six volumes de Correspondances, et des autobiographies (Sketches and Hits, 1820 ; Journal intime, 1820 ; Entretiens journaliers avec le très docte et très habille docteur Pifföel professeur de botanique et de psychologie(1837-1841) ; Les souvenirs de mars-avril 1848, puis le Journal de novembre-décembre 1851).

Parmi ces textes autobiographiques, on trouve Histoire de ma vie, 1847. Ce recueil épistolaire, organisé autour d’une volonté autobiographique, a été en partie rédigé pour des raisons financières. Ce texte correspond à une tendance de l’époque. En effet, Georges Sand, forte de sa notoriété, est la destinataire de nombreuses lettres. Les correspondances, dans cette première moitié du XIXe siècle, sont en vogue (Chateaubriand, Stendhal, et Rousseau, qui a attiré les lecteurs). Cela tient à l’alphabétisation progressive du peuple Français.

George Sand eu dès 1835, peu après sa rupture avec Alfred de Musset, le projet d’écrire ses mémoires. Elle les commença en 1847, et les abandonna en 1848, pour les reprendre et les achever cette fois ci en 1855. Il ne s’agit pas d’une autobiographie véritable. Les dates et la succession des faits n’y sont pas respectés. Il ne fait aucun doutes que Histoire de ma vie est un témoignage à valeur universelle. C’est un document social, et une histoire familiale, qui sera publié en dix volumes.

On peut y lire des sujets très variés comme la révolution française, Napoléon, la passion de l’auteur pour les oiseaux, sa vie à Nohant et à Paris, et la place des serviteurs dans son ménage.

[modifier] Synopsis

Commencé en avril 1847, Histoire de ma vie parut tout d’abord en feuilleton dans la presse en 1854. Elle est découpé en cinq parties.

"Histoire d’une famille de Fontenoy à Marengo" s’étend sur l’histoire et l'amour de sa famille paternelle, sa grand mère, puis sur celle de son père qui avait été nommé aide de camp du prince Murat et qui était souvent absent. avec l’appui des lettres de celui-ci, très largement remaniée par l’auteure, G.Sand retrace ce passé.

Ensuite, "Mes premières années" (1800-1810) raconte l’histoire de ses parents, et ses propres débuts. Elle est né Le 1er juillet 1804, au 15 de la rue Meslée à Paris. Le bonheur d’Amantine-Aurore-Lucile auprès de sa mère est retranscrit, ainsi que son attachement passionné à celle-ci. Ce deuxième chapitre relate également son voyage en Espagne avec le prince Murat. Puis, suit l'épisode tragique de la mort d'Auguste, son frère, mort à un mois de la gale et de la chaleur d'espagne. Une semaine après la mort de son enfant, le père mourut à son tour, mais d'une mort accidentelle, à cheval. Tout ceci lança la famille dans une grande mélancolie.

"De l’enfance à la jeunesse"(1810-1819) explique, ses relations ambiguës, faites d’attachements et de rejets, avec sa grand mère (Marie-Aurore de Sax), à laquelle elle fut présentée lorsqu’elle avait huit ou neuf mois. Mais les conflits entre les deux femmes sont retranscrit. Sophie victoire (mère de G.Sand), despérée par la mort de son mari, ne voulait pas rester à Nohant où Mme Dupin de Francueil ( grand mère de G.Sand) refusait de recevoir sa fille aînée, Caroline (demi-sœur d'Aurore). La grand-mère voulait par ailleurs garder auprès d’elle et éduquer sa petite-fille. Le conflit dura plusieurs mois. Ce fut un déchirement pour Aurore très attachée à sa mère, qui était son seul repère. Mme Dupin de Francueil avait les moyens d’offrir à l’enfant une éducation et un avenir. Elle devint ainsi l’unique tutrice d’Aurore. Ce chapitre raconte également la vie de l’écrivaine à Nohant avec Hyppolite (domestique à Nohant), son demi frère (père:Maurice Dupin, mère: Catherine Chatiron), et Deschartres, leur précepteur, qui leur donna une éducation peu orthodoxe. Aurore eut accès à sa bibliothèque Elle étudiait la danse, le dessin et l'écriture. D'ailleurs Sa grand-mère, femme des Lumières, se disait déiste et rejetait tous les dogmes et toutes les formes de religions. Ce troisième chapitre explique aussi son passage au couvent de trois ans dans lequel elle apprit l'anglais et l'italien. Elle y rentra le 12 janvier 1818, un endroit où elle aurait pu passer sa vie.

Après, "Du mysticisme à l’indépendance" (1819-1832), rapporte ses années de couvent, qui prit fin lorsque Mme Dupin de Francueil, alarmée, décida de la retirer et de la ramener à Nohant. Lorsque Aurore quitta le couvent au mois d’avril 1820, elle allait avoir seize ans. Ensuite, la santé de sa grand mère qui s'affaiblit, puis la mort de celle-ci l'affecta beaucoup. Est relaté aussi sa grande liberté avec l’héritage de Nohant, lorsqu'elle n'avait que 17 ans. Cette liberté choqua profondément la bourgeoisie de l'époque. Ensuite, sa mère la ramena à Paris, et les relations conflictuelles avec sa mère commencèrent. Cette femme, voyant sa fille désespérée, ne pouvant retourner au couvent, ne lui permit que d'emmener quelques livres. Elle la persécutait. C'est dans ce climat qu'une idée de suicide a plané. De plus, y sont transcrit, son mariage. À 18 ans, lors d'un voyage d'une semaine (normalement), Aurore connu l'homme qui sera son futur mari. Le seule qui comprenait la tristesse silencieuse d'Aurore. Elle y resta cinq joyeux et amicaux mois. Casimir Dudevant lui demanda alors sa main. Après plusieurs ruptures, dûes au mécontentement de la mère d'Aurore, le mariage eut finalement lieu le 17 septembre 1822. Peu à peu, leur affection diminue, sans doute dût à la différence de leur éducation. À 20 ans, elle s'occupe de son fils, et a un mariage mélancolique. Découvrant peu à peu son goût pour les amusements, son mari devient agressif. La rencontre d'Aurelien de sèze, son premier amant, lui fit reprendre goût à la vie. Une fille, solange, est née dans un couple désunis (père, stephane Ajasson de Grandsagne?). Après avoir renoué avec ses amis d'enfance, Casimir préféra boire. Il firent chambre à part. C'est la faillite du mariage. Ils décidèrent d'un contrat d’indépendance, et elle partie pour Paris. C'est ainsi qu'elle eut les amants les plus célèbres, et la vie d'une femme libéré, chose difficile en 1825 ( Jules Sandeau, La passion de Musset, Michel de Bourges, chopin avec qui elle resta 8 ans, jusqu'à la mort de celui-ci, et Alexandre Manceau).

Enfin, "Vie littéraire et intime" rend compte de la vie d’écrivaine de George Sand. Cette partie est un véritable condensé de sa vie littéraire, dans laquelle elle trouve l'inspiration au côtés de Balzac, avec lequel elle prend son nom de plume, George Sand. Elle commence à publier de nombreuses œuvres dans lesquelles elle déchaîna toutes ses passions. D'ailleurs, elle nous offre quelques beaux portraits, qui sont à la limite des hagiographies (biographies excessivement élogieuses). Elle devient sollicité, célèbre, et admirée avec Indiana, en 1832. Elle commença une vie amoureuse de brèves et nombreuses histoires. Après la passion Musset, elle décida de se séparer réellement de son mari. Elle vécut une passion qui dura 9 longues années avec Chopin, qui prit fin avec les conflits qu'a provoqué le désir de celui-ci pour Solange (fille Aurore). De nombreux conflits avec ses enfants fit s'exiler G.Sand avec l'homme qu'elle ne cessera jamais d'aimer, Alexandre Manceau.

Parmi tous ces rappels de moments si passionnés, elle s'interroge sur le devenir de la société, le rôle de la religion, la condition des femmes. Histoire de ma vie reste une œuvre retraçant un parcours admirable, d'une femme dans une vie difficile, d'une auteure dans une société, dite plutôt " classique", de nouvelles idéologies trop rapidement rejetées.

Aussi, après avoir étudié en détails cette histoire d'une vie, ces écrits véritablement purs, nous allons nous attarder sur le style de son écriture en elle même.

De plus, la narration d’ensemble de cette œuvre démontre une organisation précise et linéaire. Elle rend compte, avec une agilité certaine, de toute l’évolution de l’auteure, dès générations passés jusqu'à la sienne. Ceci est d’ailleurs la principale cause d’étonnement du public lors de ses premières parutions.

[modifier] Une autobiographie originale

[modifier] Un rassemblement de générations

« Histoire de ma vie…avant ma naissance ». Cette citation d’Armand de Pontmartin résume l’étonnement des lecteurs à la parution d’Histoire de ma vie. La place accordée aux correspondances de famille fut jugée excessive. Elle occupe toute la première partie , et dix chapitres de la seconde (528 p). Il convient tout de même de rappeler le caractère de son « pacte autobiographique ».En effet, elle empreinte certains effets de Rousseau. Sa démarche consiste à joindre le récit de sa vie à celui du destin de sa génération (« Toutes les existences sont solitaires les unes des autres, et tout être humain qui présenterait la sienne isolément sans la rattacher à celle de ses semblables, n’offrirait qu’une énigme à débrouiller », p.107). Il faut remarquer qu’elle met en place une véritable stratégie pour permettre aux lecteurs de lier sa vie décrite ici, avec celle des générations passés. Elle invite, tout d’abord, le lecteur à s’identifier à l’autobiographe au nom de la solidarité universelle (« Echappez à l’oubli, vous tous qui avez autre chose en l’esprit que la notion bornée du présent isolé. Ecrivez votre histoire, vous tous qui avez compris votre vie et sondée votre cœur»). Ensuite, l’autobiographe use d’une narration historique (transcription de lettres datées) dans laquelle la romancière s’érige en héroïne. Cette seconde tache et particulièrement importante dans la partie épistolaire d’Histoire de ma vie, qui est consacrée à retracer l’histoire de son père et de sa famille (titre de la première partie « histoire d’une famille de Fontenoy à Marengo »). L’auteure insiste donc sur la solidarité des expériences, plus particulièrement entre parents et enfants (« j’affirme que je ne pourrais pas raconter ma vie sans avoir raconter et fait comprendre celle de mes parents »).

[modifier] Un "je" Sandien

Dans Les confessions de Rousseau, le « je » dans l’autobiographie détient une identité héroïque. Dès le préambule, il caractérise la transparence de l’autobiographe. Rien de semblable dans histoire de ma vie. Le « je » (différent du « moi » qui représente Aurore Dupin) n’a pas d’identité. Il n’existe pas seul. Il détient uniquement le statut de régisseur de l’énonciation. Ce « je » n’a pour seule identité que d’être lui même, c’est à dire l’instance de l’écriture. Ce qui est évidemment différent de l’énonciation Rousseauiste. Ainsi, cette œuvre lance un débat philosophique et poétique avec Rousseau sur les moyens et les fins de l’autobiographie. En résumé, L’œuvre de George Sand démontre bien sa volonté de centré l’énonciation sur le « je », et non pas sur le « moi » (Aurore Dupin). "George Sand démontre comment elle est devenue elle même, en prenant une position antérieur, donc différent de celle qu’elle est lorsqu’elle écrit. On peut alors se demander qui est ce « je » qui dit je ?"

[modifier] Une écriture féminine atypique

Ensuite, on peut dire que George Sand, bénéficiaire d’une éducation et d’une enfance atypiques, ne s’est pas laissé enfermer dans une féminité de convention. Les titres ("Mes premières années", "De l’enfance à la jeunesse"), semblent reprendre des découpages attendus. Seulement Sand est né en 1804. Elle va donc faire intervenir sa naissance à la fin du chapitre VII. Sand manifeste donc une nouvelle conception du sujet individuel dont l’histoire commence bien avant la naissance.

Auteur féminin, elle nous montre une transparence de la notion de première injustice de Rousseau, lors de l’enfance (« On nous apprenait aussi des prières. Je le souviens que je les récitaient sans broncher d’un bout à l’autre, et sans rien y comprendre, excepté les mots qu’on nous faisait dire quand nous avions la tête sur le même oreiller : Mon dieu, je vous donne mon cœur ») . C’est ainsi que, pareil à Rousseau, les premières bêtises arrivent, la montrant comme le diable du couvent. Histoire de ma vie renouvelle la vision de l’enfance. Sa position de femme lui donne l’avantage de se mettre en retrait par rapport aux modèles masculins, et de montrer son intérêt en vers la petite enfance. Seulement, elle constitue également une barrière pour les lecteurs hommes. Ici, nous remarquons une caractéristique supplémentaires faisant de Histoire de ma vie, une autobiographie s’éloignant du modèle Rousseauiste des Confessions, qui fait référence.

On pourrait ainsi dire que "Histoire de ma vie" est un « documentaire de fait historiques et familiaux ». Dotée d’une énonciation particulière, qui fait objet d’un débat actif, "Histoire de ma vie" de George Sand s’écarte du modèle Rousseauiste des Confessions. Ainsi, George Sand est la première autobiographe féminine à écrire, tout en mettant en avant l’enfance. Elle précède Nathalie Sarrault, Enfance ; Colette… Et beaucoup d’autres qui prendrons exemple.

[modifier] Sources

  • Édition de Histoire de ma vie cité:

Histoire de ma vie, George Sand, Classique de poche, Paris, 2004, 863 pages (dirigée par Michel Zink et Michel Jarrety).

  • Ouvrage critique:

Lire histoire de ma vie de George Sand', études réunies et publiées par S. Bernard-Griffiths, et José-Louis Diaz, Cahiers romantiques, 2006, 385 pages.

  • Sources internet:

http://gallica.bnf.fr

http://perso.orange.fr